Parmi les différentes dimensions que peut avoir le technopôle Agrolandes, l'innovation collective en est l'une des plus importantes. Cela se reflète d'ailleurs dans la structuration de l'entité, puisqu'elle est reconnue en Groupement d'intérêt public (GIP) et que 25% de son capital est détenu par 36 entreprises du territoire réparties dans 19 filières différentes. Autre illustration de cette dimension collective, l'élaboration de projets innovants partagés. « Cela fait environ trois ans que nous avons lancés ça », commence Benjamin Lobet, directeur de projets à Agrolandes.
« Notre rôle c'est de trouver un tronc commun à plusieurs entreprises, identifier une problématique commune et les accompagner ensuite dans l'élaboration d'une solution ». Ainsi, le technopôle a ciblé cinq thématiques majeures : l'agriculture numérique, la biosécurité des filières d'élevage, le biocontrôle, la valorisation des coproduits, et les énergies renouvelables. « L'idée c'est de travailler avec au moins deux entreprises, même si souvent c'est plutôt une dizaine de structures qui travaillent ensemble sur un projet. Elles identifient chacune un référent technique qui intègre le groupe de travail, et le but est d'échanger ensuite, de combiner les connaissances et les compétences pour arriver à trouver une solution ».
Pour accompagner les entreprises dans cette démarche, Agrolandes leur met à disposition des moyens humains et ses infrastructures, directement sur son site à Haut-Mauco au cœur des bassins de production agricole, ou sur les sites de ses partenaires dont l'UPPA, et des moyens financiers pour payer la participation de laboratoires spécialisés, d'autres partenaires, ou simplement en réunissant des subventions. « Aujourd'hui, une vingtaine de projets sont actifs », se réjouit Benjamin Lobet.
Parmi eux, on peut par exemple noter le développement d'un pilote expérimental agrosolaire, qui s'intègre dans une thématique d'énergie renouvelable. « Sur une parcelle-pilote, nous avons installé des capteurs à différentes hauteurs au-dessus de cultures pour pouvoir étudier l'impact que peuvent avoir des panneaux solaires. L'idée de ce pilote est uniquement de récupérer des données qui pourraient ensuite être utiles à des agro-industriels dans l'élaboration de nouveaux projets ». Une dizaine de structures sont sur ce projet, des agro-industriels évidemment, mais également des structures spécialisées, et un partenaire technique qui fournit le matériel agrosolaire.
Autre exemple, plus large, celui de la thématique de la valorisation des coproduits. « C'est un sujet d'actualité, puisque cela concerne tout le monde, dans tous les secteurs d'activité », intervient Bastien Affre, ingénieur au CNRS-IPREM intégré dans l’équipe du technopôle Agrolandes. « L'idée est de pouvoir trouver de nouvelles voies de valorisation pour les coproduits avant qu'ils deviennent des déchets. Un coproduit, se forme sur la même chaîne de production qu’un produit, c’est un déchet valorisé ». Ce sont des matières animales et/ou végétales que le technopôle étudie grâce à l'aide de ses partenaires pour apporter une solution plus responsable à d'autres secteurs.
« La majorité des coproduits sont valorisés en énergie. Ce que nous souhaitons, c'est trouver une autre voie de valorisation comme une nouvelle matière première avant une fin ultime en valorisation énergétique ». Par exemple, dans la filière maïs, Agrolandes a décelé une valorisation utile pour la conception de colle et pour l'univers de la cosmétique. « L'idée n'est pas de concurrencer les activités premières de nos différents partenaires, mais de toujours trouver des solutions complémentaires. Dans le cadre des coproduits, l'objectif est de proposer des alternatives aux matériaux issus du pétrole et d'autres matériaux fossiles, par des matières qui ne s'épuisent pas et que l'on revalorisera à chaque fois ».
Sur une échelle locale, c'est plutôt unique...
Une démarche assez rare selon le technopôle. « Créer un GIP, sous l’impulsion du Département des Landes, autour de l'innovation partagée entre 35 entreprises emblématiques des filières, c'était une première. Bien évidemment, la mutualisation de compétences et de travail n'est pas une nouveauté, mais le faire autour de l'innovation, il me semble que c'est beaucoup plus rare, surtout avec une dimension territoriale. Il existe des choses sur une échelle nationale, mais sur une échelle locale, c'est plutôt unique ».
Cette dimension locale c'est l'une des valeurs chères à Agrolandes. L'additionner à l'innovation, c'est « avoir un impact local ! Beaucoup de projets que nous avons sont bénéfiques pour le territoire. Et travailler ensemble permet d'asseoir cela, ce qui ne serait pas possible si tout le monde travaillait dans son coin », concluent Bastien Affre et Benjamin Lobet, plein d'espoir pour la suite, bien qu'ils se montrent prudents et surtout patients, car changer l'agro-industrie ne se fait pas en un jour... !
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