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Les Amis du lac parés pour le centenaire d’Hossegor

La désormais célèbre association littéraire de la station landaise, qui défend inlassablement la mémoire et le patrimoine du lieu, a concocté un alléchant programme de festivités pour 2023.
Ville d'Hossegor
« Recréée » en 2001 après un long sommeil sous l’impulsion d’Éric Gildard, l’association des Amis du lac d’Hossegor a mis les petits plats dans les grands pour l’année qui vient, avec au menu un colloque, une exposition et des rééditions d’ouvrages.

En matière de centenaires, on peut dire qu’Éric Gildard en connaît un rayon. C’est d’ailleurs avec entre les mains l’ouvrage de référence de David Chabas sur les « Centenaires des Landes » (« ou le magazine de la santé, de la vieillesse et de la longévité ») qu’il nous reçoit, sourire facétieux, dans l’agréable bibliothèque des Amis du lac, association qu’il a relancée il y a 21 ans avec la volonté de s’inscrire dans la continuité des personnalités qui ont jadis façonné l’identité d’Hossegor, ces MM. Rosny, Leroy, Margueritte et Martin dont les noms sont aujourd’hui ceux du parc et d’avenues de la station, mais dont on a un peu trop oublié l’importance au goût de notre hôte

Éric Gildard

Audacieux pari que celui d’assumer un tel héritage, mais deux décennies plus tard, on peut dire qu’il est largement réussi. D’abord, pas moins de 18 colloques thématiques annuels ont déjà été organisés, avec à chaque fois entre 8 et 10 intervenants, sur des sujets variés, de l’architecture basco-landaise à l’environnement (protection du site) en passant évidemment par les écrivains d’ici. Puis, vu l’intérêt porté par nombre d’habitants, le président d’association s’est aussi fait éditeur : en 20 ans, il a publié quelque 170 ouvrages de 45 auteurs différents, et ce à la seule gloire d’Hossegor et de ses environs. Des chiffres à faire pâlir bien des professionnels de la profession… Parmi les best-sellers de « Lac et lande » (c’est le nom de la maison d’édition des Amis du lac), on peut citer le « Tour du lac en 12 étapes », « Le Gouf de Capbreton-Hossegor » et la biographie de Rosny jeune, livres d’Éric Gildard, mais aussi l’ouvrage d’André Graciet sur l’ASH et le rugby, la très belle monographie de Frédéric Sibenaler sur le fameux club des Pingouins d’Hossegor, ou encore les travaux très documentés de Jean-Claude Drouin sur l’érudit Maxime Leroy. Des références parfois très pointues qui peuvent dépasser sans complexes le millier d’exemplaires vendus.

Enfin, il faut aussi et surtout dire que l’association rassemble aujourd’hui plusieurs centaines d’adhérents, lesquels sont autant de garants de la mémoire d’Hossegor, au point même de faire grincer quelques dents. Car Éric Gildard, enfant du pays et ancien d’Elf Aquitaine, n’est pas du genre à se complaire dans la langue de bois. Le ton de sa « Lettre des amis du lac », partagée chaque jeudi sur les réseaux sociaux de l’association, est là pour en témoigner. David Chabas, esprit curieux et incisif, a bel et bien fait des émules…

Un beau colloque pour les 100 ans

Mais alors, pourquoi un centenaire en 2023, alors que la commune existait déjà au XIXe et que nos célèbres lettrés s’y sont installés dès le début du XXe ? « Nous parlons du centenaire de la création physique d’Hossegor, avec la construction des premiers lotissements et des premières routes, l’apparition du foncier et les débuts de l’organisation de la station telle que nous la connaissons aujourd’hui », expose Éric Gildard, qui n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a organisé en 2005 le centenaire de la « Côte d’argent ». Une expression créée un siècle plus tôt par Maurice Martin lors d’un périple de reconnaissance entre Arcachon et Biarritz (couvert par le journaliste pour La Petite Gironde) : « Nous étions partis de Biscarrosse pour un voyage de 5 étapes, avec charrettes, associations locales, etc. Cela avait été un beau succès. Nous avions organisé un banquet à chaque étape. Nous étions 500 personnes à celui de Lit-et-Mixe ». « Le Département et le Comité départemental du tourisme avaient alors beaucoup soutenu la manifestation », ajoute en souriant Éric Gildard, qui espère que sa cause, celle de la mémoire, sera entendue.

Pour ce centenaire d’Hossegor, un beau colloque est d’ores et déjà annoncé, où l’on reviendra sur le développement urbain et sur tous les attraits d’un site exceptionnel dont la réputation n’est plus à faire. Sont également prévus une exposition (documents, aquarelles, photos), le montage d’une vidéo sur l’évolution de la ville, l’édition ou la réédition de plusieurs ouvrages, des « cahiers sur l’âme et l’esprit de la cité », des lettres spéciales ou encore quelques écrits sur « le sens donné à la cité-parc », dont Hossegor est, il est vrai, un de nos plus beaux exemples. Tout cela… entre autres surprises. Il devrait donc y avoir un peu d’animation l’an prochain sur Soorts-Hossegor.

Bien entendu, ces centenaires sont surtout des prétextes symboliques pour raviver une mémoire plus menacée qu’il n’y paraît : « Nous avions lancé cette idée d’un centenaire dès 2018. Hossegor change en effet terriblement vite, et l’évolution de la station conduit à la disparition d’une partie de son patrimoine culturel. Ces manifestations permettront de se réapproprier l’histoire d’Hossegor, dont on a aujourd’hui tendance à se détacher pour évoluer vers d’autres horizons ». Petite allusion au récent jumelage de la commune de Soorts-Hossegor avec Taiarapu-Ouest (Tahiti), qui nous éloignerait encore un peu de ce parc et de ces avenues aux noms étranges… Le renouvellement rapide de la population a également entraîné un changement d’état d’esprit, malheureusement pas toujours pour le meilleur. Éric Gildard regrette aussi une certaine « uniformisation » causée par l’essor des structures intercommunales, qui ne tiendraient pas toujours compte des spécificités de la commune. « Pourtant, la création d’Hossegor est un bel exemple de réussite qui aurait pu servir ailleurs », conclut-il.

En d’autres termes, un beau pin ne peut tenir debout sans ses prodigieuses racines, et la remise en perspective proposée par les Amis du lac est du premier intérêt : « Nombreux sont ceux qui séjournent ici, qui s’exclament : "que c’est beau", et qui repartent en méconnaissant complètement l’histoire des lieux. Notre rôle est avant tout de donner accès à cette mémoire qui disparaît ». Oui : il y avait une vie à Hossegor bien avant qu’on y vienne surfer la bonne vague. Très nombreux sont ceux qui ont eu le coup de foudre pour la belle petite station naissante… Pour finir sur une note positive, le président des Amis du lac note tout de même un début de regain d’intérêt pour ces questions de mémoire et de défense des lieux. À l’heure des smartphones, de Netflix et de la perte d’identité, cet Hossegor originel qu’on a chassé de nos mémoires pourrait bien revenir au galop. Et pourquoi pas dès 2023 ?

Julien Monchanin

Commentaires (1)


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Anonyme
il y a plus d’un an -
On devine une certaine animosité larvée entre la Municipalité et Les Amis du Lac. Dommage car , en ces temps tellement tourmentés, toutes les synergies sont bonnes à prendre et il ne faudrait pas glisser sous le tapis, ou sous la vague scélérate, tout ce qu'a amené "Les Amis du Lac" pour faire connaitre et mettre en exergue notre histoire

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