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Au Pays Basque, un habitat modulaire qui casse les codes

Avec l’institut Nobatek/inef4 et l’architecte Iñaki Noblia, l’association Soliha a présenté les premiers modules d’un « village itinérant » destiné notamment aux saisonniers du 64.
Au Pays Basque, un habitat modulaire qui casse les codes
Initiative originale et prometteuse, le village Mugi se veut une solution écologique, économique et novatrice répondant au problème du logement des saisonniers en Pays basque. Et peut-être pas seulement. Les premiers modules seront habités en avril dans le cadre d’un test à Anglet.

En novembre dernier, trois partenaires basques dévoilaient deux premiers prototypes de modules de Mugi, leur futur « village modulaire, itinérant et autonome à destination des saisonniers des Pyrénées-Atlantiques ». Spécialisée dans l’amélioration du logement et dans l’élaboration de programmes « habitat » pour les collectivités, l’association bayonnaise Soliha est à l’origine de ce projet.

Son objectif est de mettre en œuvre un modèle de logement à la fois rentable et novateur, alors que la situation en la matière demeure critique au Pays basque. Pour cela, elle s’est adjoint les services de Nobatek/Inef4 (institut pour la transition énergétique du bâtiment, à Anglet) et de l’architecte Iñaki Noblia (basé à Cambo-les-Bains).

À terme, le premier village Mugi comportera 15 de ces modules éco-conçus de 12 m2, 12 pour loger des saisonniers, et 3 autres raccordés pour des parties communes, une cuisine et des sanitaires. Les logements, inspirés des « tiny houses » et hauts de 3,60 m, incluent mezzanine, espaces de vie et de rangement et toilettes sèches.

L’ensemble pourrait accueillir 12 à 15 saisonniers. Le nom de « Mugi » est une injonction basque au mouvement, un « bouge » qui traduit la vocation itinérante de cet ensemble de modules indépendants et peu gourmands en énergie.

Réponse à la crise du logement ?

Les modules sont fabriqués à Cambo par la société Guzti, à partir de bois en provenance de scieries locales, établissements Sahores de Moncayolle pour châtaignier, frêne, merisier (servant aux planchers des modules) et tulipier (structures), scierie Hagolle d’Orin pour le robinier (sols de terrasse et parements extérieurs). Pour l’isolation, sont employés du coton recyclé (intérieur) et du liège (extérieur).

Coût total d’un village : 475.000 euros, ici financés avec l’appui du Département et de l’État. En exploitant ainsi des villages de ce genre à l’année, sur la base de loyers modérés pour les occupants (inférieurs à ceux de l’habitat social) et de conventions passées avec les employeurs et les lieux d’accueil, Soliha et ses partenaires pourraient avoir trouvé une formule à la fois économique et rentable, finalement assez adaptée au mode de vie des saisonniers.

Plusieurs communes touristiques ou agricoles se seraient déjà montrées intéressées, telles Espelette (pour le ramassage du piment), Gourette et la Pierre Saint-Martin (pour la saison de ski). Un village est censé se déployer sur 1.500 m2.

« Trouver à se loger pour les saisonniers dans le Pays basque et le Béarn, en été comme en hiver, peut relever du parcours du combattant et parfois ne jamais aboutir, au risque de laisser filer les opportunités. Alors que le tourisme représente 20% du PIB du Pays basque et que l’on recense 200 exploitations agricoles, cette pénurie de main-d’œuvre impacte fortement les secteurs du tourisme et de l’agriculture locale », illustre Nobatek/Inef4.

Chaque été, 4.000 saisonniers cherchent à se loger en Pays basque. L’initiative de Soliha et de ses partenaires pourrait ainsi faire des petits. C’est en tout cas le but. Ainsi, avait aussi été annoncée en novembre dernier la rédaction d’un guide de construction « consignant chaque arbitrage ainsi que les plans associés et les photos de montage, afin de faciliter les réplications futures des modules ». En attendant le déploiement d’un premier village entier, prévu en cours d’année, un premier test sera réalisé en avril à Anglet avec deux modules habités.

Sur le papier, ce modèle de village, prévu pour les saisonniers, pourrait même bien séduire aussi d’autres publics… De là à en faire une réponse à la crise du logement ?

Plus d’informations sur le site internet de Nobatek à Anglet

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