J’ai toujours eu en tête d’ouvrir un commerce destiné au bio, au « non-chimique » et au vrac.
« J’ai fait mes études de chimie à Tarbes, et je suis parti travailler à Toulouse dans le secteur des dispositifs médicaux. Comme je trouvais que les gens étaient toujours stressés, je suis revenu travailler dans la région au bout d’une quinzaine d’années. À Pau, dans l’industrie chimique, puis à Lourdes. Mais j’ai toujours eu en tête d’ouvrir un commerce destiné au bio, au “non chimique”, et au vrac », raconte Laurent.
Le déclic se produit pendant la crise sanitaire, alors que la planète profite des confinements successifs pour souffler un peu. Il tombe un jour sur un reportage à la télévision, dans lequel des Népalais découvrent avec étonnement qu’ils peuvent voir l’Himalaya, juste en face d’eux. « J’ai pensé alors qu’il y aurait une prise de conscience collective, ça m’a donné de l’espoir ».
Il sait pourtant que la tâche ne sera pas aisée. Très conscient des enjeux pour la planète, et de ces trop longues années à ne rien faire publiquement pour agir, lui-même s’est engagé avec son épouse à ne consommer que du bio, et à gérer ses déchets. Au point de passer pour un “enquiquineur” auprès de ses proches.
Le temps de trouver un local, l’ancien chimiste se transforme en épicier quelque peu singulier dans son magasin situé au 3 de la place Parmentier à Tarbes, “Au Vrac bigourdan”. On y trouve – entre autres - des pâtes, du riz, des farines, des pains, des légumineuses, des fruits secs, du sel, du sucre, des infusions, des biscuits, de la confiture, etc., mais aussi de la lessive, du shampoing, du dentifrice en pastille, du papier WC et de l’essuie-tout (en papier recyclé), et même des croquettes pour les animaux ! Le tout, bien entendu, en bio et en vrac.
De nombreuses personnes ne savent pas encore ce qu’est le vrac. Ça me rassure quand je vois les clients revenir avec leur propre poche.
« De nombreuses personnes ne savent pas encore ce qu’est le vrac. J’ai indiqué “épicerie sans emballage, écoresponsable”. Le plus difficile, après avoir été de trouver un local, est d’expliquer maintenant au quotidien l’utilisation des contenants. Ce n’est pas parce que les poches sont aujourd’hui en papier biodégradable qu’on doit les jeter à la première utilisation ! C’est la même chose pour le verre, on peut s’en resservir au lieu de le mettre dans le premier container venu... Ça me rassure lorsque je vois les clients revenir avec leurs propres poches ».
L’autre grande satisfaction de Laurent est de permettre à sa clientèle de retrouver le goût authentique des aliments, cette vraie saveur trop souvent absente de nos assiettes pleines d’ingrédients insipides, arrosés d’exhausteurs.
Je prends toujours soin de rencontrer les producteurs qui me fournissent ; j’ai besoin de savoir comment ils travaillent, pour être sûr de ce que je vends.
« Bien sûr c’est un peu plus cher, mais on peut manger moins, et mieux. Je leur dis “Goûtez, ce sont des produits non chimiques, avec de véritables valeurs nutritives et non pas du vent !”. Ce matin, j’ai encore reçu un message me remerciant pour la grande qualité de mes produits. C’est normal, car je prends toujours soin de rencontrer les producteurs qui me fournissent ; j’ai besoin de savoir comment ils travaillent, pour être sûr de ce que je vends ».
L’épicerie est ouverte depuis mi-avril, et Laurent espère que ses valeurs trouveront de plus en plus d’écho auprès des consommateurs. Car, même si réutiliser une poche n’est qu’une goutte d’eau, on sait bien que les gouttes d’eau finissent toujours par faire les grandes rivières…
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