Rendez-vous à Aurions-Idernes dans les coteaux du Vic-Bilh, dans le Nord-Est du Béarn, pour déguster « Les sens de la vie » (madiran), « L’ove » (pacherenc sec) et « Les oeufs plus gros que le ventre » (vin de France demi-sec). Le ton est donné !
Il faut préciser que vous y rencontrerez une jeune vigneronne et paysanne, très fière de l’être, qui a décidé d’abandonner sa carrière parisienne pour retrouver son Béarn natal avec un objectif en tête : transformer l’exploitation familiale en une ferme biodynamique.
Ce qu’il faut savoir…
Céline Oulié (35 ans) s’est donc lancée dans une passionnante aventure en reprenant les terres familiales d’Aurions-Idernes (22 ha), comprenant un vignoble de 5 ha classé dans l’aire d’appellation contrôlée du madiran et du pacherenc du Vic-Bilh.
Après des études scientifiques, la jeune béarnaise s’est faite une solide réputation dans le conseil en environnement et en risques industriels. Mais, l’appel du terroir a été plus fort que la réussite parisienne. Céline a fait ses bagages pour rejoindre cette toute petite commune, près de Lembeye, dans le Nord-Est du Béarn, qui l’a vu naître.
La saga des femmes de la famille…
« L’exploitation familiale, depuis 1924, est marquée par les femmes. C’est d’abord mon arrière-arrière-grand-mère qui a lancé une fermette, alors que son mari était maçon. Mon arrière-grand-mère a pris le relais » rappelle Céline Oulié.
« C’est mon père, agriculteur, qui a planté les vignes. Mais à 40 ans, il a décidé de s’installer comme artisan. Du coup, c’est ma mère qui a repris l’exploitation. D’où le nom du Clos « Les Mets d’Ames », un clin d’œil aux femmes de la famille, associé à la nourriture de l’âme ».
Convaincue des bienfaits de la biodynamie, la nouvelle vigneronne a voulu relever ce défi qui consiste à privilégier les équilibres naturels pour renforcer la vigueur des vignes et mieux travailler l’expression authentique du fruit. Céline Oulié se définit comme un chef d’orchestre dans ce lieu qu’elle a appris à observer et à connaître pour en tirer la quintessence.
« La qualité du vin vient à 95% de celle de la vigne, de son bon enracinement dans la terre comme de son ouverture vers le ciel. La biodynamie va plus loin que le bio, notamment au niveau de la réduction de tout ce qui peut impacter le sol (comme le cuivre), mais aussi dans les processus de vinification et d’élevage des vins. Pas de maquillage, il faut simplement retrouver les qualités intrinsèques du terroir » insiste t-elle.
Au chai, Céline préfère laisser faire, mais en dégustant très souvent pour réussir la vinification : « C’est un peu comme une infusion de fruits ». En amont, elle déguste régulièrement les pépins et les baies pour prévoir ce qui sortira en tanins. Elle n’utilise que très peu de soufre et exclusivement des levures du terroir.
La salle de dégustation et le chai ont été installés dans l’ancienne étable, avec une approche écologique et un souci d’économies d’énergie. Les 7 cuves en béton, à l’ancienne, n’ont pas été choisies à la légère et il a fallu les transporter depuis la Touraine : on imagine le chantier.
Toujours dans le chai, on sera surpris de tomber sur 3 grands et gros œufs, tout en béton, rappelant les amphores romaines. Ces étonnantes cuves sont dédiées au pacherenc pour le bâtonnage sur lie afin de bien faire remonter les spécificités du terroir. Le vin y est logé au milieu de la fermentation, pendant environ 6 mois.
Céline Oulié a conscience de bousculer quelques idées dans ce métier, d’autant plus qu’elle est la seule en biodynamie sur le madirannais et qu’ils ne sont que 350 sur 70.000 vignerons français à relever ce challenge.
Jusqu’en 2013, le raisin était apporté à la cave. Le millésime 2014 est donc celui de la première vinification au domaine. Première réussie.
Pour la commercialisation, la jeune femme a prévu de faire des salons professionnels et grand public, et bien entendu d’ouvrir un site Internet. Elle fait aussi partie de la Sica Altema qui rassemble quelques 20 vignerons qui ont notamment en commun un œnologue et un magasin à Madiran. Céline Oulié a également commencé à vendre ses vins à Paris et en Belgique, avant de concrétiser des contacts à Tokyo. Dans la mesure du possible, elle privilégie des circuits ayant un réelle ouverture aux produits bio.
Bonne dégustation ! Et si vous avez l’occasion, allez profiter des apéros vignerons organisés par Céline Oulié. Vous ne le regretterez pas.
Clos Les Mets d’Ames
4 chemin Lafitau à Aurions-Idernes
Tél : 06 83 26 57 38
Article parrainé par le Crédit Agricole Mutuel Pyrénées Gascogne - cliquez ici
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