Cela fait maintenant plus de 10 ans que le budget accordé à l'hôpital public est sans cesse inférieur à ses besoins. En effet, l'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM), qui fixe chaque année le montant à ne pas dépasser pour l'année à venir, exhorte constamment les hôpitaux à faire des économies. Pour vous donner un ordre d'idée, sur la période 2011 / 2015, pas moins de 500 millions d'économies ont été demandées, puis 900 millions entre 2016 et 2020 pour finalement atteindre le milliard et demi en 2017 et 2018.
La crise de l'hôpital est belle et bien là et la situation se vérifie sur tout le territoire. A l'occasion des vœux de Frédéric Espenel, Directeur du Centre Hospitalier de la Côte Basque et du Groupement Hospitalier de Territoire Navarre Côte Basque, le positif était de rigueur concernant les nouveautés ou encore les partenariats. Cependant, une nouvelle cette fois-ci négative est venue clore le discours, annonçant un déficit budgétaire record pour l'année 2023.
Feuille de route pour 2027
En 2023 a été mis en place le déploiement du projet d'établissement commun à tous les établissements du Groupement Hospitalier de Territoire Navarre Côte Basque (GHT). Parmi les grandes lignes prévues, nous retrouvons le développement d'une offre publique de santé axée sur la prévention, un ancrage territorial, une volonté affirmée de l'innovation et de recherche, une transition vers des bâtiments et une organisation écologique ainsi qu'une ambition à attirer et fidéliser les professionnels compétents.
Frédéric Espenel explique que « pour décliner cette stratégie dans les différents parcours de soins, en 2023, le GHT s’est doté d’un Projet médico-soignant partagé actualisé, adopté en février 2023 et approuvé par l’ARS qui définit pour les 7 filières de soins prioritaires des parcours gradués entre nos différents établissements, pour faciliter l’accès aux soins, garantir l’égalité entre tous partout sur le territoire et améliorer toujours la qualité de nos prises en charge. »
Ainsi, trois nouveaux pôles communs aux trois établissements ont été créés, à savoir un pôle médecine interne, gériatrie et enfin pharmacie.
Les hospitalisations en hausse
Si la maternité subit une baisse, due à la diminution de la natalité, les consultations externes et les admissions aux urgences, quant à elles, restent stables. Concernant les hospitalisations complètes, elles s'élèvent pour le CHCB aux environs de 40 000 entrées, un chiffre en augmentation de 5,3% par rapport à l'année précédente.
D'autre part une unité de médecine polyvalente hospitalière a été créée au CHCB, avec une extension de l'hôpital de jour et un hôpital de jour devrait prochainement ouvrir à Garazi. Toujours à Garazi, un hébergement temporaire d'urgence est envisagé ainsi qu'une unité d'hébergement renforcé.
Du côté des partenariats, une unité de gériatrie aiguë a été ouverte avec la Polyclinique Côte Basque Sud et une convention constitutive d’un groupement de coopération sanitaire en rééducation et réadaptation a été signée avec les Embruns situés à Bidart. D'autre part, une gestion territoriale des lits avec l'Hospitalisation à Domicile est d'ores et déjà effective pour le CHCB et en cours au CHSP et EPSG.
Des finances dans le rouge
Pour l'année 2023, les investissements ont été importants et les nouveaux locaux de St Jean de Luz ont vu le jour. En parallèle, Frédéric Espenel détaille la poursuite des travaux sur tous les sites, à savoir « le début des travaux de rénovation du bloc de cardiologie, le choix de l’architecte pour la restructuration de l’EHPAD Larrazkena (à Hasparren) et la cuisine de Garazi. Puis à Saint-Palais, les travaux de rénovation technique de la stérilisation, préalable nécessaire à celle du bloc opératoire ont également débuté et dans quelques mois, nous pourrons ouvrir à Saint-Palais l’unité de dialyse médicale. »
Seule ombre au tableau, à l'issue de ce discours consacré aux vœux de l'année 2024, le directeur a abordé la situation financière de l'hôpital. Alors que l'an passé, l'établissement avait bouclé son année avec un dépassement de 10 millions d'euros sur les 400 millions accordés par le budget total, il semblerait que cette année encore le déficit se creuse. Bien que les chiffres soient encore provisoires, Frédéric Espenel parle donc d'un doublement du déficit, à savoir quelques 20 millions d'euros.
Alors que Frédéric Espenel aborde la responsabilité de l’État face à cette situation, l'actualité semble aller dans son sens puisque le nouveau premier ministre Gabriel Attal a annoncé il y a quelques jours un budget « historique » pour les cinq prochaines années avec pas moins de 32 milliards d'euros supplémentaires. Les vœux du CHCB seraient-ils sur le point d'être exaucés ?
Sébastien Soumagnas
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