Le Pays basque a été le théâtre au début du 17e siècle d'événements tragiques, perpétrés par Pierre de Lancres qui s'engagea dans une vague de folie meurtrière, une chasse aux sorcières dans la province du Labourd. Quatre mois durant, du 2 juillet au 1er novembre 1609, il fit procéder à des dizaines d'arrestations et d'exécutions avec pour mission de « purger le pays de tous les sorciers et sorcières sous l'emprise des démons. »
Aujourd'hui, le personnage de la sorcière fait fantasmer grands et petits et l'histoire, mais aussi les contes et légendes continuent d'alimenter le mystère de ces femmes. La fin du mois d'octobre approche à grand pas et la fête d'Halloween, qui tire ses origines d'Irlande ou encore d’Écosse depuis déjà 2 500 ans, va se tenir dans la nuit du 31 octobre. La démocratisation de cette fête nous vient cependant des États-Unis qui l'ont petit à petit imposée à bons nombres de pays, dont le nôtre.
Le Halloween basque
Pourtant, au Pays basque, une nuit similaire à celle d'Halloween existe depuis des siècles et était même encore célébrée dans les années 50. Ces traditions prennent leurs origines dans les anciens rites païens, ce fameux jour où le voile qui sépare le monde des morts et des vivants est le plus fin. Cette célébration basque s'appelle la « Gau Beltza » (la nuit noire en basque) ou encore « Arimen Gaua » (la nuit des âmes).
Un peu dans le même esprit que son pendant d'outre atlantique, « on vidait des navets et courges, on leur donnait un visage, on leur mettait une petite bougie et on les plaçait sur les bords des chemins pour effrayer les voisins et montrer la voie aux âmes des morts. » Aujourd'hui, cette fête revient dans plusieurs villes de la province du Labourd, notamment Bayonne, Ascain, Itxassou, Urrugne et même Hendaye.
Fidèle aux traditions, le Pays basque compte bien imposer son histoire et prendre le pas sur la mondialement connue fête d'Halloween. La Gau Beltza est d'ailleurs beaucoup plus célébrée au Pays basque sud (provinces espagnoles) que dans nos contrées françaises. Mais l'identité culturelle du territoire n'est pas du genre à se laisser « américaniser » alors que de surcroît l'équivalent de cette fête existait déjà bien avant dans nos provinces basques.
Hendaye et Urrugne ouvrent le bal
Ainsi, des villes comme Hendaye ou Urrugne lancent leur première édition de la Gau Beltza. De petits monstres vont donc arpenter les rues pour semer la terreur dans leurs quartiers. Une remise au goût du jour de l'ancienne tradition qui consistait à effrayer les démons pour permettre aux âmes des morts de gagner l'autre côté.
Concernant la municipalité de Hendaye, le bal des sorcières pour les enfants se tiendra aux Halles de Gaztelu, de 15h30 à 18h. Afin de ne pas laisser nos chères petites têtes blondes mourir de faim, le goûter sera offert aux enfants déguisés. S'ensuivra à partir de 19h30 plusieurs animations dont l'événement phare, à savoir la déambulation autour des personnages de la sorcière, du bouc et du dragon. Tout ce petit monde prendra d'assaut la ville, accompagné de groupes de danses basques locaux et animée par Oiasso Txaranga. A l'issue, retour à l'esplanade des Halles pour le brasero et à partir de 21h, place au concert de Maïru.
Du côté d'Urrugne, ce 31 octobre, synonyme de la fin de l'année, de la fin des moissons ou encore du passage entre la vie et la mort, se traduira dans le même esprit que la célébration de la commune de Hendaye. Ainsi, de 17h à 19h au fronton, se dérouleront des ateliers parents-enfants avec les incontournables maquillages, déguisements et création de lampions. Pour coller aux traditions ancestrales, les enfants pourront rédiger des mots pour qu'ils soient jetés ensuite au feu par des personnages de la mythologie basque.
A 19h, le défilé prendra le départ du fronton du village pour finir vers 20h à la place de la mairie. Là-bas auront lieu des danses, des chants, du Mutxiko et la Txalaparta, que le groupe Kalakan a fait connaître bien au-delà des frontières du Pays basque. Pour vous réchauffer, un velouté de citrouille vous sera gracieusement offert.
Préparez-vous à trembler, à célébrer les dieux païens, à chanter, rire et danser au cœur de la nuit noire...
Sébastien Soumagnas
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