L'analyse révèle une baisse généralisée de tous les indicateurs descriptifs des ressources en eau. En cause évidemment le réchauffement climatique (+0,8°C sur la période 1981-2010), d’après le CNRS, mais aussi les changements récents dans l’utilisation des terres, à commencer par l'augmentation de la couverture végétale due à l'abandon des activités agricoles en montagne.
Les modèles hydrologiques montrent donc que les rivières du versant nord des Pyrénées connaîtront une diminution plus marquée de leurs débits annuels, que côté sud. « À l'échelle saisonnière, les débits de hautes eaux, caractéristiques de la fonte des neiges, seront avancés dans la saison, tandis que les étiages seront progressivement plus longs et plus prononcés. En effet, les projections hydro-climatiques montrent de manière cohérente une réduction importante des précipitations sous forme de neige, ainsi qu'une diminution de la fonte des neiges dans la génération de débits ».
Le coordinateur du projet Piragua et chercheur au CSIC, Santiago Beguería, rappelle que les Pyrénées « ont une importance exceptionnelle en ce qui concerne la production de ressources en eau, qui dépasse largement le cadre de la seule chaîne de montagnes, car les rivières des Pyrénées assurent les besoins en eau de l'agriculture, de l'industrie et de l'approvisionnement en eau potable d'une vaste région s'étendant des deux côtés de ces contreforts. De plus, souligne-t-il, l'eau a une importance écologique et paysagère fondamentale ».
Adaptation vitale…
Cette étude illustre la nécessité d’une adaptation au changement climatique dans le domaine de la gestion des ressources en eau des Pyrénées, tant à l'échelle locale que celle du bassin versant, voire de la chaîne de montagnes. Un travail a été réalisé en étroite collaboration avec les acteurs locaux, avec la réalisation de sept études de cas.
« Parmi les mesures communes ou transversales, les solutions fondées sur la nature, visant à maintenir, voire renforcer les services écosystémiques représentent une alternative durable, et parfois moins coûteuse, que les investissements technologiques ou la construction et l'entretien d'infrastructures ».
Par exemple, les chercheurs proposent en priorité de protéger la ressource « dans les parties du territoire qui jouent un rôle très important dans la fourniture de services de régulation hydrologique et dont la gestion doit garantir la disponibilité, dans l'espace et dans le temps, des ressources en eau ».
Il est prôné une participation citoyenne en mobilisant les acteurs locaux et les habitants : ce sont les principaux concernés et ceux qui connaissent le mieux les caractéristiques du territoire et ses besoins. « Nous pensons que développer un dialogue entre science et société est indispensable pour stimuler une action efficace et partagée pour l'adaptation au changement climatique dans les Pyrénées. » conclut S. Beguería.
Affaire à suivre…
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