Sa passion pour les beaux meubles anciens, Jean-Noël Goñi la tire de son enfance, passée sur la propriété d'Arnaga où travaillait son père. « Ça m'a tout de suite attiré, et j'ai voulu m'orienter vers cet univers », commence-t-il. Il rêve donc de devenir ébéniste mais rencontre des difficultés qui le poussent finalement vers la menuiserie traditionnelle. Des années dans le bâtiment, beaucoup d'années dans le bâtiment, et à 48 ans, son désir d'ébénisterie prend le dessus. « Je suis reparti à l'école pour m'y former. C'est pendant mon CAP que j'ai rencontré le fils d'un grand tapissier. Je prenais déjà quelques cours à Gamarde, et l'association des deux m'a amené à m'orienter dans la tapisserie traditionnelle ».
Selon ses dires, cette méthode de travail est « très longue à apprendre ». En effet, les tapissiers traditionnels n'utilisent pas de machines, et ne travaillent ainsi qu'avec des outils manuels, et des matières naturelles hormis les ressorts qui habitent les assises des fauteuils. « C'est une façon de faire qui date de l'époque de Louis XIV ».
Naturellement, cette technique est bien plus appropriée aux mobiliers anciens, ce qui représente la majeure partie du travail de Jean-Noël Goñi. « On peut moderniser ce mobilier, mais ce n'est pas ce que je fais le plus souvent. Au contraire, je fais beaucoup de restauration, car certains meubles sont dans des états catastrophiques... ! ». Ils sont examinés, démontés, ce qui peut être conservé et réutilisé l'est, le reste est remplacé et remonté avant d'être redonné au client. « On s'éclate aussi bien plus à travailler des vieux meubles. Quand on redonne vie à quelque chose de très ancien, c'est quelque chose ! », se réjouit l'artisan.
Il travaille d'ailleurs avec d'autres professionnels, notamment une couturière d'ameublement, avec qui il partage son showroom de Montfort-en-Chalosse pour lui permettre d'y exposer ses rideaux, un artisan qui s'occupe du laquage des meubles, et un ébéniste. « Grâce à mon passé en menuiserie, j'arrive tout de même à m'occuper de beaucoup de choses moi-même ». Il travaille également avec une décoratrice d'intérieur de Salies-de-Béarn.
Au-delà de son métier en tant que tel, qui lui apporte une clientèle nationale et internationale, notamment par l'intermédiaire d'un client russe, Jean-Noël Goñi souhaite sensibiliser à son secteur d'activité. Il partage d'ailleurs toutes les étapes de ses restaurations sur son site internet, et les passants peuvent même s'arrêter devant sa vitrine, dans la rue, puisqu'elle donne directement sur son atelier. Une transparence importante pour lui, qui s'attache à démontrer les avantages d'une méthode aussi traditionnelle. « Souvent, les gens apportent des biens familiaux, donc ils ont une certaine valeur, et ils souhaitent faire perdurer cet héritage. C'est pour ça qu'il est important de conserver des tapissiers traditionnels, car un travail bien fait peut durer très longtemps ».
Une opposition de style avec la mouvance moderne qui est d'utiliser de la mousse, car plus facile, plus rapide, moins chère, et donc plus rentable. « Et puis ça créé un autre problème : on n'a pas de relève ! On n'a pas ou très peu d'apprentis, car beaucoup des tapissiers traditionnels sont des personnes en reconversion professionnelle ». Pour lutter contre cette dynamique, Jean-Noël Goñi accueille une jeune stagiaire, et souhaite se rapprocher du Lycée des Métiers d'Art de Coarraze. « Ce sont les jeunes l'avenir ! », scande-t-il.
Timothé Linard
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