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L’instant malicieux de la semaine : Le rouleau (compresseur) de printemps

L’hirondelle ne fait pas le printemps ? Ben, elle ne fait pas non plus la raclette, ni ne lave les couettes. Alors, si le printemps n’était pas aussi magnifique qu’il y paraît ?
L’instant malicieux de la semaine : Le rouleau (compresseur) de printemps
Ah, le printemps ! Comme je comprends qu’il enthousiasme les poètes, ce somptueux éveil de la nature. Peu à peu, devant le chant des oiseaux, le spectacle des tulipes, forsythias, et renoncules, on se sent fondre comme les neiges et frimas de l’hiver, et un doux sourire interrompt nos bouderies glacées.

Même les poules recommencent à pondre ! Sauf que pour elles, la perspective de Pâques à venir remet au gout du jour le terrible slogan « Pondre plus pour gagner plus ». Depuis que tu leur achètes le mélange multi-grains, tu sers de resto à ciel ouvert pour tous les moineaux du coin, qui font quand même ta fierté parce que ce sont les plus dodus du quartier. Un rayon de soleil plus tard, la première promenade au bois, et cette confiture de pissenlits qui fera jaunir de rage tes copines. Tandis qu’au potager, tu ronges ton frein : la sempiternelle ritournelle de ton papa te revenant comme un boomerang dans tes enthousiasmes jardinesques : fais gaffe tant que ne sont pas passés les Saints de Glace !

Mais pour autant, ce printemps tant attendu n’est-il qu’une avalanche de bonnes nouvelles, un motif à se réjouir béatement ? Pas vraiment. D’abord, c’est le moment des grandes hésitations : faut-il ou non éteindre le chauffage ? Tu l’éteins : tu te cailles. Tu l’allumes et tu transpires. Alors, c’est le grand yoyo climatique. Un peu comme Jacouille dans les Visiteurs, sauf que lui, il jouait à nuit-jour en appuyant sur l’interrupteur. Toi, tu fais dans le froid-chaud, chaud-froid. Beaucoup moins rigolo.

Ce qui est loin d’arranger ta rhinite allergique, revenue en même temps que les jolies fleurs… D’où de magnifiques galères sociales en ce moment : « Merde, t’as chopé le Covid ? », « Non, non, c’est juste une allergie aux pollens », « Ouais, c’est ça, ouais… Je te fais pas la bise, hein » (autre fois, on aurait dit « je te fais pas la poutine », mais c’est un mot censuré désormais).

Bien entendu, tu ranges l’appareil à raclette (le cauchemar, avec tout ce fromage grillé accroché sur les bords !), une larme au coin de l’œil, parce que l’hiver est un super argument calorique, le seul moment de l’année où tu peux bouffer plein de gras sans culpabiliser. Et enfin, tu t’attaques au lavage des couettes (ce qui fera que, dans deux jours, au premier retour du frisquet, tu vas tergiverser pour la ressortir, parce que, zut, après faut la relaver, bla bla bla). Atchoum.

Tu commences à fantasmer sur ton premier pique-nique, nappe à carreaux posée sur une herbe drue, parsemée de pâquerettes, le visage ardemment tendu vers l’astre soleil en quête d’une caresse (ou d’un coup de soleil). Quand la crue vérité, c’est souvent des jours de pluie sans fin, et des températures qui ne te feront pas te découvrir d’un fil.

Pour les filles, double peine (comme d’hab’ hein). Faut commencer à penser au régime pour entrer dans le bikini de l’été. Et donc attaquer le défrichage, tronçonneuse au poing, pardon appareil à épiler en main. On était si bien, au chaud sous nos poils cet hiver ! Dans ma prochaine vie, je veux être un ours. Euh, tout bien pensé, non !

Tout bien pesé, les avantages du printemps l’emportent largement sur ces quelques misérables désagréments de pacotille, alors respire, couvre-toi encore un peu et file profiter des merveilles de la nature revivifiée. Parce que, bordel, que c’est bon !

Gracianne Hastoy, qui bourgeonne.

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