Alors que les vendanges commencent (avec un peu d’avance) sur le territoire des appellations Madiran (rouge) et Pacherenc-du-Vic-Bilh (blanc), aux confins des Hautes-Pyrénées, du Gers et des Pyrénées Atlantiques, l’heure est forcément à un premier bilan d’une année 2020 pour le moins difficile.
À l’échelle nationale, les viticulteurs français estimaient récemment que la crise sanitaire leur avait fait perdre 1,5 milliard d’euros. Selon les territoires, les ventes pourraient enregistrer des reculs de 10 à 20% sur l’année. La faute aux fermetures des bars, cavistes et restaurants, à l’annulation des fêtes et rassemblements et à une activité touristique mitigée.
La crise du covid était d’ailleurs venue s’ajouter aux effets de la nouvelle taxe américaine à l’importation de vins français (25%), décidée par Donald Trump dans le contexte du différend commercial entre Airbus et Boeing. Si du côté du pays de Madiran, dont seuls 20% des vins produits partiraient à l’export, cette taxe n’a pas trop pénalisé les viticulteurs, le covid-19 est quant à lui bel et bien passé par là.
Des aides peu adaptées ?
Et le déconfinement n’a pas franchement arrangé la donne : fêtes, festivals, mariages et autres événements familiaux ont été annulés, reportés ou restreints du fait du maintien de mesures sanitaires qui restent contraignantes. La consommation est demeurée en berne, et le grand symbole de cette triste année a été chez nous l’annulation de la fête du vin de Madiran, à tout le moins dans sa forme habituelle.
Fort heureusement, producteurs et restaurateurs partenaires n’ont pas rendu les armes : du 14 au 16 août ont été organisés des « Madiran’dez-vous de l’été ». Pas de grand point de ralliement à Madiran, bien sûr, mais de nombreuses initiatives isolées des domaines locaux, entre visites de chais et d’exploitations, dégustations, soirées, expos et promotions en tout genre. Une ambiance plus intimiste, donc, liée à l’obligation de rassemblements plus limités. Mais Madiran aura quand même un peu fêté ses vins !
On se souvient que Jean Castex a annoncé début août une augmentation du soutien gouvernemental au secteur viticole. Le plan annoncé en mai dernier prévoyait 170 millions d’euros d’aides, et l’enveloppe a été portée à 246 millions d’euros par le nouveau premier ministre. Sur ce total, 211 millions devaient aller à la distillation, et 35 au stockage des excédents.
Du côté du Syndicat des vins de Madiran, on a réagi courant août et on semblait regretter un peu ce déséquilibre. On précise que cette aide à la distillation consiste à indemniser les producteurs pour leurs vins non vendus (à hauteur de 78 centimes le litre) afin d’en faire du gel hydroalcoolique.
Or les viticulteurs du Madiran, dont les coûts de production se situeraient autour d’un euro le litre et dont les vins se conservent plutôt bien, préfèrent évidemment le principe d’une aide au stockage, ayant moins d’intérêt à se débarrasser de leur vin pour gagner de la place. Assez critiques vis-à-vis d’un prix de rachat unique ne tenant pas compte des différences de cahiers des charges entre AOP, IGP et vins de table, les professionnels craignent aussi que toutes ces aides aillent prioritairement aux grandes appellations, aux gros producteurs et aux terroirs les mieux identifiés.
En résumé, les producteurs du secteur de Madiran ne sont pas vraiment rassurés, et reportent largement leurs espoirs sur une reprise prochaine de la consommation.
En attendant, les vendanges commencent donc, et plusieurs domaines seraient en quête de main-d’œuvre. Si l’aventure vous tente, vous pouvez contacter la Maison des vins de Madiran – cliquez ici
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