Professionnelle dans le tourisme, c'est suite à un besoin personnel que Sophie Free s'est lancée dans le travail du cuir. « J'ai toujours été cavalière. Il y a 17 ans, j'ai eu ma première jument avec laquelle je faisais des spectacles équestres. Mais je n'arrivais pas à trouver du matériel adapté à mes besoins... Alors je me suis formée et j'ai fabriqué ce qu'il me fallait ». Petit à petit, à force de formations, elle s'oriente vers la maroquinerie. « À un moment donné, j'ai estimé avoir fait le tour de mon métier en Office de Tourisme. J'avais envie de tenter quelque chose, alors je me suis lancé à fond dans la maroquinerie ! ». On est alors en 2021, et Manouk Créations était né.
« Je travaille du cuir animal issu des stocks dormants des maisons de luxe ». Cela lui permet de créer des sacs à main, pochettes, porte-clés, ceintures, et autres accessoires de mode. « Je fais aussi de la réparation d'objets et d'accessoires, pour permettre aux produits d'avoir une durée de vie plus longue. C'est important pour moi de proposer des objets de qualité, durables, et réparables ! Ça me paraît logique de fonctionner de cette manière », explique celle qui a qualifié son entreprise de « maroquinerie responsable ».
Une dimension qu'elle pousse au maximum, en travaillant également des matériaux plus atypiques que le traditionnel cuir. « Avec Bi Bizi, une entreprise installée à Vieux-Boucau, nous réalisons des produits à partir de liner de piscine que l'on revalorise. Je fais la même chose avec des combinaisons de surf en néoprène. L'idée est de travailler en local des matériaux destinés à la poubelle pour pouvoir leur donner une seconde vie. Forcément, ce sont des matières différentes, donc le travail l'est aussi. Je me suis pas mal arrachée les cheveux pour trouver les bonnes méthodes, car il n'existe aucune formation pour faire des sacs à main en liner de piscine ! », plaisante Sophie Free.
En plus de cette implication responsable, Manouk Créations collabore ainsi avec de nombreuses structures locales. Nous venons de le voir, avec Bi Bizi, mais c'est également le cas avec des clubs de voiles locaux, desquels elle répare du matériel, et de campings qui peuvent lui proposer des tentes à réparer.
« Et puis avec deux autres créatrices, Julie Houdouin de l'atelier JH Sellerie, et Charline Vaillant de « L'avant-Après » inventif de Madame Fauteuil, nous avons créé un Festival des Métiers d'Art : Maestri'Art. L'idée est de réunir de nombreux artisans d'art pour leur offrir de la visibilité et pour démocratiser cet univers. Beaucoup n'ont pas pignon sur rue, et sont souvent seuls dans leurs ateliers, alors qu'ils sont pourtant des métiers d'avenir ! ». Une seconde édition qui s'est tenue au mois de septembre, et qui devrait en appeler une troisième, l'année prochaine.
COUP DE POUCE
Mais ce besoin de visibilité, c'est aussi celui de Sophie Free et de Manouk Créations. Aujourd'hui jeune quarantenaire, l'artisane a dû trouver un emploi pour compléter ses revenus mensuels. « Ce n'est pas facile d'avoir des revenus réguliers et suffisamment importants pour en vivre... Aujourd'hui je vends mes créations sur quelques marchés d'artisans d'art, et cet été j'étais sur les marchés traditionnels. Nous avions également une boutique éphémère de créateurs à Hossegor pendant la période estivale. À l'avenir, j'aimerais trouver d'autres boutiques de créateurs pour y proposer mes objets ».
Une évolution qu'elle veut réaliser « step by step. Manouk, c'est mon projet de cœur, mais aujourd'hui, ce n'est pas mon emploi. Alors je prends le temps, je vois au jour le jour. Surtout que pour le secteur de la maroquinerie, la conjoncture actuelle n'est pas idéale. C'est une raison de plus pour prendre mon temps », conclut celle qui souhaite faire les choses bien. Mais ce n'est pas pour autant que les idées manquent, puisque des étuis à lunettes et des sacoches de vélo sont sur l'atelier de Sophie Free, et bien évidemment, en collaboration avec d'autres créateurs locaux.
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