Progression des ventes le 13 mars
D’après les dernières statistiques de Nielsen, le vent d’inquiétude né la semaine dernière en France a eu un impact considérable sur les ventes des acteurs de la distribution. Dès le jeudi 12 mars, celles-ci avaient progressé de plus 30% par rapport aux jeudis précédents. Mais c’est bien ce vendredi 13, après les premières annonces du président de la République, qu’elles ont littéralement explosé, et ce dès l’ouverture des magasins, horaire qui attire habituellement peu les clients.
Résultat : une progression des ventes de produits de grande consommation atteignant 109% sur la journée, et même 174% pour l’ensemble des produits sensibles comme les pâtes ou le sucre, dont les ventes auraient respectivement quintuplé et triplé.
« Si d’importantes disparités ont pu être constatées, avec parfois des rayons dévalisés dans certains magasins, en moyenne 9 produits sur 10 étaient disponibles en rayon », explique Nielsen, qui ajoute que « les premiers chiffres du lundi 16 mars s’annoncent déjà historiques ». Pour une estimation des conséquences à moyen terme, une autre étude du cabinet Boston Consulting Group avance que les ventes de produits alimentaires vont progresser de 10 à 15% dans les pays touchés par le virus pendant la crise. La France serait dans la moyenne avec une estimation de croissance des ventes allant de 10 à 12%.
Les entreprises d’ici jouent le jeu…
Pour faire face, les entreprises de la filière, depuis les agriculteurs jusqu’aux points de vente en passant par les industriels de l’agroalimentaire, ont pour la plupart lancé un plan de continuité de l’activité. Du côté de l’agriculture, on peut citer le cas de la coopérative basque Lur Berri, qui a pris de nouvelles dispositions. Les livraisons d’aliments du bétail, d’engrais et de semences, la réception des céréales, l’enlèvement des maïs et la gestion des apports et paiements sont maintenus. Les administrations des ventes sont en service minimal, tandis qu’une permanence des vétérinaires sera assurée à Saint-Palais.
Concernant les magasins Gamm Vert de Lur Berri, 8 restent ouverts du lundi au vendredi de 9h à 12h, uniquement pour les ventes d’alimentation animale et produits de première nécessité. Concernant les activités liées aux équipements d’élevage, Ax’el assurera un service minimum et le centre Lely de Montardon fonctionnera comme d’habitude. Toutes ces mesures s’inscrivent dans la continuité d’un courrier adressé mardi par Bruno Le Maire à tous les acteurs de l’agroalimentaire, et courrier dans lequel le ministre a souligné qu’il était « indispensable que la chaîne alimentaire perdure pour soutenir l'effort de la communauté nationale ».
Autre exemple, cette fois du côté industriel : l’usine Danone gersoise de Villecomtal-sur-Arros continue de tourner conformément aux nouvelles exigences gouvernementales. On nous confirme que toutes les mesures de protection ont été prises sur place, enrichies de précautions comme la suspension des visites du site, des réunions et des sessions de formation. « Personne n’a encore été touché par le virus, les personnels sont correctement équipés et ceux qui le peuvent opèrent déjà en télétravail », nous précise-t-on.
La filière tiendra-t-elle le choc ?
On le voit : si l’activité continue bel et bien, les mesures drastiques prises çà et là ne permettront peut-être pas de maintenir le fort taux de disponibilité des produits en magasin dans le cas où la consommation se maintiendrait à ce niveau vertigineux des premiers jours de crise. Cela dit, ce niveau pourrait se lisser avec l’habitude du confinement. Cependant, « les magasins les plus proches des consommateurs, et situés dans des zones à forte densité d'habitations et d'emplois, auront des niveaux de vente inédits sur plusieurs semaines. Ils bénéficieront en effet du report des circuits hors domicile et de restauration collective qui sont à l'arrêt, à l'exception de l'activité de livraison de repas », indique-t-on chez Nielsen. En clair, les volumes à fournir, même s’ils reviennent à des niveaux acceptables, resteront assez importants du côté des producteurs et des transformateurs de produits alimentaires de première nécessité.
La filière sera donc sous tension en dépit du ralentissement économique global, d’autant plus que l’Aria de Nouvelle-Aquitaine (Association Régionale des Industries Alimentaires) estimerait déjà à 10% le taux d’absentéisme des salariés du secteur dans la région. Fermeture des frontières oblige, sur les exploitations se pose en outre le problème du travail saisonnier pour la récolte des produits de saison. Enfin, on peut aussi ajouter qu’il n’est pas exclu pour autant que certaines TPE et PME opérant sur des créneaux particuliers aient à souffrir de la situation et ne soient lourdement pénalisées. En espérant que les mesures de soutien soient suffisantes pour les aider à passer le cap et à repartir du bon pied…
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