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    Les dits du vendredi

    Schnock… de Christian Laborde
    Flocons de poésie à Saint-Lary-Soulan avec Christian Laborde
    Schnock : j’ignore si vous l’êtes. Moi, je le suis. Depuis le premier numéro qui, si je m’en souviens bien, braquait son projecteur sur Jean-Pierre Marielle. La vingt-troisième livraison de la revue Schnock est dans les kiosques. En couverture : Charles Aznavour, lequel entend bien fêter ses 100 ans sur scène.

    Schnock est une revue à dos carré. Dos carré, c’est la classe. L’Express était, au siècle dernier, un hebdomadaire à dos carré. Je l’achetais toutes les semaines pour lire la chronique littéraire d’Angelo Rinaldi. Ses éreintements étaient un régal. Il tirait élégamment sur tout ce qui à ses yeux n’était pas littérature. Une chronique très Zizi Jeanmaire, très « L’ai-je bien descendu ? » L’Express a perdu son dos carré, ainsi que l’insolence succulente de Rinaldi. C’est peut-être ça le monde d’avant, cher à l’ami Jérôme Leroy : un monde dans lequel l’élégance et l’insolence avaient droit de cité, mieux : la vedette.

    Schnock se penche donc sur le monde d’avant, monde que l’on retrouve en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur d’une DS. Et qui voit-on exactement dans ce rétro-là ? Aznavour ! Charles Aznavour parle, se raconte. Comment a-t-il rencontré la poésie ? En lisant La Fontaine. Et la chanson, ça a commencé comment ? En duo avec Pierre Roche, un fan de Trenet. La Fontaine + Trenet : c’est parfait.

    Sachez qu’à ses débuts, Aznavour logeait chez Pierre Roche, car il n’ y avait plus de place pour lui chez ses parents. Ses parents hébergeaient dans leur appartement des clandestins, des Arméniens, des Juifs et Missak Manouchian, un des 21 résistants de « L’Affiche rouge ». Donc, c’est parti : Aznavour chante. Il chante et résiste. A qui ? A la critique, laquelle, à son sujet, écrit ceci : « Dans chaque chanson, il imite quelqu’un : Bécaud, Philippe Clay… Nous ne sommes pas en présence d’un petit escroc d’envergure, mais d’un escroc de petite envergure : comme sa taille prête à le penser. »

    Schnock c’est donc, cette fois, Aznavour, plus le Viandox, produit « 100% bidoche-friendly, totalement vegan-incompatible. » Le Viandox, c’est une boisson du monde d’avant, commercialisée par Liebig en 1921. Chanté par Renaud dans « Marche à l’ombre », évoqué par Michel Butor dans Passage de Milan, Le Viandox était surtout – dixit la publicité – « le secret de champion » de Louison Bobet. Bobet qui a remporté trois Tour de France. Tous au Viandox !

    La lecture de Schnock, de son dossier, de ses rubriques savoureuses, fait un bien fou. Qui plus est, l’écrivain Thomas Morales écrit dans Schnock. Ruez-vous donc sur Schnock.

    Christian Laborde

    www.christianlaborde.com

     

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