Les abeilles sont de véritables architectes de la biodiversité, indispensables à l’équilibre des écosystèmes et à la survie de nombreuses espèces végétales et animales. En butinant de fleur en fleur, elles assurent près de 80 % de la pollinisation des cultures et des plantes sauvages, jouant ainsi un rôle majeur dans notre sécurité alimentaire. Fruits, légumes, oléagineux, fourrages pour le bétail… Une grande partie de ce que nous consommons dépend directement de leur activité infatigable.
Mais ces sentinelles de l’environnement sont aujourd’hui plus menacées que jamais. Pesticides, changement climatique, réduction des habitats naturels, parasites comme le varroa destructor, maladies… Autant de dangers qui fragilisent les colonies et provoquent un effondrement inquiétant de leur population. Ce déclin n’a rien d’anodin : sans pollinisateurs, c’est toute la chaîne alimentaire qui vacille, menaçant aussi bien l’agriculture que la biodiversité sauvage.
Conscientes de cet enjeu vital, de nombreuses initiatives voient le jour pour protéger ces précieuses alliées. Partout, des ruchers pédagogiques, des labels de préservation et des formations se multiplient pour sensibiliser le grand public et transmettre les bonnes pratiques apicoles. À Souprosse, commune du Pays tarusate, cet engagement en faveur des abeilles ne date pas d’hier. Depuis plusieurs années, la commune s’attache à offrir un environnement favorable aux butineuses, en témoigne son label APIcité obtenu en 2022. Forte de son rucher école dynamique et de sa miellerie de renom, elle s’apprête aujourd’hui à aller plus loin en inaugurant une Maison de l’apiculture landaise, un projet ambitieux qui entend fédérer tous les acteurs de la filière pour assurer un avenir durable à l’apiculture locale.
Une maison pour fédérer l’apiculture landaise
Dans le paysage landais, l’apiculture a toujours occupé une place de choix. Mais jusqu’à présent, les structures qui encadrent et forment les apiculteurs étaient dispersées, souvent en quête de locaux adaptés. C’est pour répondre à ce besoin que la future Maison de l’apiculture va voir le jour à Souprosse. Le projet réunira sous un même toit trois piliers essentiels de l’apiculture locale :
Le rucher école de l’apiculture landaise (REAL), qui forme depuis 2015 les futurs apiculteurs et sensibilise le grand public.
Le Syndicat départemental des apiculteurs Abeille Landaise, interlocuteur privilégié pour défendre les intérêts des professionnels et amateurs du territoire.
Le Groupement de défense sanitaire apicole des Landes (GDSA), qui veille à la santé des colonies face aux menaces sanitaires.
Installée derrière la pâtisserie "Au Bon Pastis landais", cette structure de plain-pied de 130 m² offrira un espace moderne et fonctionnel, à proximité de l’ancienne école des garçons, où se tenait jusqu’alors le rucher école.
Une ruche bien pensée
L’idée d’un tel projet a germé en 2023, lorsque la cohabitation entre la pâtisserie et le rucher école dans l’ancienne école des garçons a montré ses limites. Face à la nécessité de reloger l’activité apicole, la municipalité a vu plus grand : plutôt que de simplement déménager le rucher école, pourquoi ne pas créer un véritable pôle de l’apiculture landaise ?
Cette réflexion a conduit la commune à concevoir une structure capable de rassembler les acteurs du secteur et de faciliter le partage des savoirs. En Conseil municipal, la décision de soutenir ce projet a été unanime. La centralité géographique de Souprosse en fait un point stratégique idéal pour regrouper les initiatives apicoles et fédérer les apiculteurs du département.
Le financement de la Maison de l’apiculture landaise, estimé à 240 000 euros hors taxes, repose sur plusieurs subventions et soutiens institutionnels. Les entreprises chargées des travaux seront sélectionnées d’ici fin mars 2025, avec pour objectif une ouverture au printemps 2026, juste à temps pour inaugurer la nouvelle session de formation du rucher école.
Une vitrine pour le miel landais
Si cette maison sera avant tout un lieu de formation et de rencontres pour les apiculteurs, elle jouera également un rôle clé dans la mise en valeur du miel landais. La diversité des terroirs landais permet de produire une gamme variée de miels, du puissant miel de bruyère au délicat miel de ronce en passant par l’aromatique miel de bourdaine. Cette richesse mérite d’être mieux connue et reconnue.
Pour Philippe Le Capitaine, président du rucher école depuis décembre 2024, la future Maison de l’apiculture sera bien plus qu’un simple local technique : elle deviendra une véritable vitrine pour ces produits d’exception. Guillaume Vergnes, président du GDSA, partage cette vision et ambitionne d’en faire un lieu d’échange incontournable pour les apiculteurs landais. L’objectif est clair : fédérer, transmettre et faire rayonner le savoir-faire apicole local.
Sébastien Soumagnas
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