C’est dans le port de Bayonne, sur la rive droite, tout près de la grue jaune, que sera donné le dimanche 29 juin prochain une « pastorale urbaine » dénommée « Le temps des cerises », des mots empruntés au communard Jean-Baptiste Clément, qui dédia les paroles de sa chanson à une jolie brancardière morte sur les barricades.
Ici, pas d’évocation de la Semaine sanglante de 1871, mais bien celle de l’histoire des luttes des Forges de l’Adour, racontée en basque sous forme théâtrale. Inédit, prenant et même surprenant.
Le livret est dû à la jeune Itxaro Borda, écrivain de langue basque, originaire d’Orègue, qui intitule sa pièce « Gerezien denbora », exacte traduction du Temps des cerises, transposé ici dans l’univers de l’industrie lourde, celui des Forges, où travaillaient au siècle dernier 2.155 ouvriers sur les laminoirs, d’où sortaient les rails de chemin de fer.
L’occasion cent ans plus tard de retracer la mémoire des luttes, la souffrance et la solidarité, scénarisées par le souletin Beñat Axiary et qui verra monter sur scène une centaine de personnes, acteurs, danseurs, musiciens, choristes et même… animaux.
Face à un tel thème, on pense bien sûr à Germinal, aux conditions de travail inhumaines des mines de Montsou ; la différence est que Toussaint Maheu, l’ouvrier, avait été tué, tandis qu’au Forges, on se contentait de faire suer le travailleur et le licencier. Car tant à Tarnos qu’au Boucau, les Forges sont également toutes puissantes, possédant leur cité, sa chapelle, ses écoles, ses horaires ahurissants et ses petits chefs.
L’œuvre de Zola et, modestement, celle de Borda soulèvent un espoir prolétarien : qu’un jour, les ouvriers vaincront l’injustice. Comme disait l’autre, vaste sujet !
Vous qui n’êtes pas rebutés par la difficulté de la langue et du sujet, et qui adorez les grandes fresques prolétaires, vous serez les bienvenus le 29 juin sur le site historique des Forges de l’Adour.
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