Comme plus de 215 000 femmes chaque année, Cyrielle Gramond a été victime de violences sexuelles. « J'ai gardé ce secret pendant 25 ans, puis je ne pouvais plus, j'en ai parlé », explique cette trentenaire qui a sauté le pas il y a 5 ans à peine. « J'ai souhaité faire de ce combat ma force. Alors quand ça a été terminé, j'ai fait le bilan de tout ce qui m'avait manqué, de ce que j'aurais aimé avoir comme soutien, comme accompagnement, et c'est sur ce socle que j'ai souhaité créer mon association ». Ce fut chose faite le 8 mars 2023, avec la participation de Sylvie Dos Santos, cofondatrice. Depuis, Émilie Bourguet et Sophie Hamon ont rejoint la structure, respectivement en tant que secrétaire et trésorière, mais pas que...
« Nous ne sommes pas professionnelles, donc nos missions sont simplement d'être présent pour les victimes et de les conseiller, les guider ». Le nom de l'association reprend d'ailleurs les missions de cette dernière : Orienter, Soutenir, Écouter, Sensibiliser (Oses). « Quand une victime nous contacte, nous sommes à l'écoute. Nous lui demandons de quoi elle a besoin, et nous avisons ensuite. Certaines souhaitent simplement discuter, d'autres cherchent à entamer une reconstruction avec des professionnels, d'autres se rapprochent de la justice. Notre rôle c'est simplement d'être là pour les victimes, qu'elles sachent qu'elles ne sont pas seules ».
Cela se matérialise de différentes façons : groupes de parole, réseau de partenaires médico-sociaux, disponibilité constante, etc. Ainsi les quatre bénévoles de l'association ont mis à disposition de toutes et tous un numéro de téléphone portable joignable 24h/24, 7j/7. « Nous nous laissons un délai de maximum 7 heures pour répondre, car nous savons que les victimes ne contrôlent pas le moment où elles ont envie ou besoin de parler, et que dès que c'est le cas, il faut agir. J'ai moi-même été dans cette situation, j'ai souhaité parler, on ne pouvait pas m'écouter rapidement, et finalement je me suis renfermé sur moi-même pendant plus de 6 mois... », confie Cyrielle Gramond.
Et cette quête de réactivité est partagée par les partenaires médico-sociaux et associatifs qui travaillent avec Oses. « Nos partenaires s'engagent à rencontrer les victimes qu'on leur envoie dans un délai maximum de 10 jours. Même si c'est par visio. Le plus important c'est de battre le fer tant qu'il est chaud ». On parle alors de psychologues, de sages-femmes, et d'autres associations œuvrant pour les victimes de violences sexuelles.
Depuis sa création, ce sont une trentaine de femmes et deux hommes qui ont été accompagnés. « La plus jeune victime a 4 ans et demi, et la plus âgée a 72 ans. Mais la majorité des personnes que l'on suit sont des femmes dans la vingtaine, souvent victimes de violences sexuelles dans leur enfance, et très souvent dans un cadre incestueux ». Des personnes qui viennent majoritairement des Landes, mais pas que... « La demande est telle que beaucoup d'associations ne peuvent pas répondre favorablement à tout le monde. Nous avons eu des demandes jusqu'à Toulouse, et pour moi c'est impossible de refuser quelqu'un parce que la personne n'est pas sur notre territoire. Nous nous adaptons, nous faisons marcher nos réseaux, mais nous faisons tout notre possible pour aider ».
L'association est aussi active sur un volet de sensibilisation souhaité plutôt ludique. « Nous souhaitions nous rapprocher des écoles, mais il faut des agréments et l'association est pour le moment trop jeune pour y avoir droit. Alors nous nous sommes plutôt orientées vers la culture ». Oses est alors présente dans des médiathèques, et réalise des actions auprès d'enfants et d'adolescents dans des centres de loisirs et lors d'événements. « Ce sont des ateliers sur la confiance, l'estime de soi, la pudeur, le consentement de façon générale, etc. Cela permet d'amener des outils sans arriver avec une grande étiquette qui parle de viol et qui pourrait faire peur, ce n'est pas le but ».
COUPS DE POUCE
Au contraire, l'objectif est plutôt de faire connaître l'association et ses missions au plus grand nombre, d'autant plus qu'elle est la seule du genre sur le territoire de Chalosse-Tursan. « Les associations similaires les plus proches vont être à Mont-de-Marsan, Pau... Notre positionnement sur un territoire rural est nécessaire. Et la priorité pour l'année à venir est de nous faire connaître. Nous allons participer à des événements, être présents lors de festivals, pendant les fêtes locales. Parler de nous et de nos actions nous aiderait grandement, et pourrait surtout aider les potentielles victimes ».
L'association cherche également à développer son réseau de partenaires, pour agrandir sa zone d'action et avoir plus d’efficacité dans ses actions. « Pour l'exemple de la personne de Toulouse, nous l'avons mise en relation avec une psychologue landaise qui connaissait des psychologues sur Toulouse. Mais le plus simple serait d'avoir directement ce réseau, déjà de proximité, sur Mont-de-Marsan, Pau, dans le Gers. Nous sommes positionnés à la croisée de trois départements, cela représente un nombre important de personnes que l'on peut accompagner ».
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Vous pouvez contacter l’Association Oses au 06 49 46 38 12.
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