Avec ceux de devenir pompier ou astronaute, devenir footballeur professionnel est le rêve d'une très grande majorité de petits garçons. Alexandre Lafitte était l'un de ces petits garçons. « J'ai fait mes classes au Stade Montois, puis je suis parti à Tarbes pour mes études. J'avais toujours envie de réussir dans le football, mais je savais que ça allait être compliqué d'y arriver en tant que joueur », relativise-t-il. Toujours happé par le jeu et le management, c'est donc vers le banc de touche que s'est orienté le landais.
Alexandre Lafitte commence par l'école de foot de Tarbes, puis il devient adjoint en U17 avant de devenir responsable de la section féminine à sa création. Pendant deux années, il fait également quelques piges sur le banc de l'équipe première, alors en National 2. Il s'occupe ensuite des U19, puis devient adjoint permanent en National 3. « En parallèle, je passais mes diplômes et j'allais me former un peu partout ». Des stages en Espagne, au Portugal, en Belgique, etc. « Il y a ce cliché comme quoi les grands entraîneurs ont été des joueurs auparavant. Pour le casser, je me suis dit qu'il fallait que j'aie le plus de ressources nécessaires ».
Des efforts qui payent lorsque le Paris FC, club professionnel, vient le démarcher pour devenir adjoint de l'équipe féminine, une grosse écurie de la D1 Arkema, le championnat de France féminin. « J'ai fait une saison, c'était génial. Quand l'on passe du monde amateur au monde professionnel, il y a une vraie différence. Les joueuses étaient très à l'écoute, il y a une volonté d'exceller, d'être précis, etc. C'est beaucoup plus exigeant, mais c'est ce qu'on veut aussi ! », se réjouit celui qui découvre également la médiatisation d'une telle équipe dans un tel championnat.
« Le Covid est arrivé ensuite. On m'a proposé de rester, mais j'ai préféré partir ». À cet instant, Alexandre Lafitte a de nombreuses opportunités qui n'aboutissent malheureusement pas. « Il y avait des clubs anglais de Premier League, des sélections nationales, mais rien ne s'est emboîté comme prévu ». Il signe donc une année à la PSG Academy avant de faire une année blanche, encore pour des projets qui n'aboutissent pas. « Au final j'ai signé à Gueugnon pour m'occuper des U16, puis je suis rapidement devenu adjoint en National 3 ».
C'est en décembre 2022 qu'il touche enfin à l'objectif d'entraîner une équipe professionnelle, lorsque le Club d'Abidjan, l'un des plus prestigieux de Côte d'Ivoire, le contacte. « Le club était mal en point, proche de la relégation. J'ai rencontré plusieurs fois les dirigeants, et j'ai été séduit par le projet. Il y avait de la stabilité, une véritable volonté de redresser la barre et de progresser. Je savais que j'allais avoir carte blanche et que le club allait pouvoir me donner les moyens nécessaires ». Un choix gagnant, puisqu'il réussit à sauver le club de la relégation, et à avoir même un bilan très positif sur la seconde partie de saison.
« Même s'il y a des objectifs sportifs, et que l'on va viser le top 4, l'objectif du club est surtout de se professionnaliser et de se développer. J'aime l'idée de faire partie de cette aventure », développe celui qui s'inspire, dans sa façon de faire, d'un Claude Onesta par exemple. « C'est un projet collaboratif. On décide tous ensemble dans quelle direction on va ».
À seulement 26 ans, Alexandre Lafitte est encore très jeune dans le monde des entraîneurs de football. Il est d'ailleurs le plus jeune français de l'histoire à entraîner en Ligue 1 Ivoirienne. « C'est sûr que si dans 10 ans je suis toujours au même poste, je n'aurai pas vraiment eu l'impression d'évoluer. Bien évidemment j'ai des rêves, je pense que c'est important d'en avoir ! Pour moi le Graal reste la Premier League, la Ligue des Champions. J'aimerais revenir en Europe, peut-être au Portugal, j'ai beaucoup aimé le championnat. Mais déjà, je veux réussir le projet que l'on s'est fixé au Stade d'Abidjan », conclut-il.
Timothé Linard
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