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L'INFO INCONTOURNABLEDes urgences en urgence !

Le service des urgences de l’hôpital d’Oloron Sainte-Marie a occupé le devant de la scène médiatique, y compris nationale, toute la semaine passée. En compagnie d’Angélique Lebrun, PresseLib’ revient sur une folle semaine…
Stétoscope posé sur un crochet

L’annonce de l’ARS, Agence régionale de santé, le vendredi 6 mai, avait fait l’effet d’une bombe : faute de personnel médical suffisant, le Centre Hospitalier d’Oloron serait fermé au public jusqu’au mois de septembre compris. Une immense mobilisation plus tard, l’ARS faisait marche arrière. Retour sur une folle semaine pour la capitale du Haut-Béarn, à travers le témoignage d’Angélique Lebrun.

Elle est aide-soignante en unité de soins de longue durée, à l’hôpital d’Oloron Sainte-Marie depuis seize ans maintenant, mariée et maman de trois enfants, déléguée syndicale qui vient de passer des jours éprouvants à mobiliser, rassembler, expliquer, faire la Une des journaux. Comme un mantra stimulant, leitmotiv ému, elle aura répété : « On ne lâche rien ». Avec encore pas mal d’émotion dans la voix, elle nous parle de son combat pour les urgences et au service d’une population tout entière.

PresseLib’ : Pourquoi les urgences ont elles suscité une telle mobilisation cette semaine ?

AL : Parce qu’on les a touchées ! Cette dernière année, à plusieurs reprises, la direction a pris la décision de fermer, le bloc opératoire et l’unité de soins continus. C’est arrivé trois fois. Raison officielle : la faute d’anesthésiste. Déjà ça a beaucoup questionné alors, mais il n’y a pas eu de grande réaction de mobilisation. Cette fois, en touchant les urgences, on a touché la vitrine d’un hôpital. Toute la population y a été très sensible. L’annonce qui a été faite de fermer, le vendredi 6 mai, a été ressentie comme un coup de couteau dans le dos. D’autant que ça a été très soudain, on ne s’y attendait vraiment pas. 

PL : Comment l’avez-vous vécu ?

AL : Ça a été, du coup, très, mais très douloureux pour tout le monde, l’équipe s’est effondrée. Sachant que les urgences avaient déjà été fermées, ou utilisées en mode « dégradé » à deux reprises avant tout cela. La sensation a été celle d’une descente aux enfers, c’était très compliqué à subir psychologiquement. Cette fermeture tombait après trois arrêts maladie de médecins urgentistes qui sont allés au bout de leurs forces, au bout de ce qu’ils pouvaient donner. Ils tournaient à l’équivalent de 5 temps plein contre 11 normalement, et ce depuis des années… Ils n’en pouvaient plus, littéralement.

PL : Quelles auraient été les conséquences pour Oloron et ses vallées ?

AL : 55.000 personnes sont touchées potentiellement, sur Oloron et ses environs. S’il n’y a plus de médecine d’urgence, ça devient très compliqué pour tout le monde. Les médecins de ville ne peuvent pas y pallier. Pau se trouve à 45 minutes. Vous imaginez bien qu’en cas d’urgence vitale, il y a une vraie mise en danger… Les pompiers doublent leur temps de sortie (ndlr : Pau au lieu d’Oloron), donc ça a des conséquences très larges… Les répercussions ne sont pas que sur le service, mais aussi sur les laboratoires, la radiologie, la chirurgie, la médecine gériatrique, la médecine polyvalente, etc. Dans la plupart des services, 70% des entrées sont des urgences. Idem pour la chirurgie. En fait, si on ferme les urgences, c’est la mort lente et annoncée de tous les autres services…

PL : À titre personnel, comment avez-vous vécu cette mobilisation ?

AL : J’ai été très touchée. Je me doutais qu’il y aurait du monde. J’avais beaucoup de retours, y compris lors des interventions médiatiques, et même au niveau national, ça a été relayé. J’ai senti une prise de conscience de tous, la population, les élus… Beaucoup ont avoué ne pas avoir pris conscience jusque-là de la situation des urgences de l’hôpital d’Oloron Sainte-Marie telle qu’elle était, réellement… Baisse du nombre de lits depuis des mois, voire des années, suppression du personnel soignant, suppression de postes dans certains services, la fermeture de la cardiologie, les lits de réanimation (les 8 lits sont partis à Pau, ça s’est transformé en unité de surveillance continue), en décembre de l’an passé, deux lits supprimés et trois postes d’aides-soignants… Je pourrais continuer pendant des heures… C’est un tout, accumulé depuis des années… Depuis le temps, on est passé de 56 lits à 37 ! Et encore récemment, on a perdu 48 heures de temps infirmier. Désormais, on va être très vigilants. La population a exprimé le souhait d’être informée de façon transparente de la réalité de la situation. Et je le vis comme une obligation : les tenir au courant. Car je n’en démords pas : c’est avec et grâce à eux qu’on pourra y arriver. Ça s’est encore vu ce dimanche 15 mai, où nous avons participé au semi-marathon d’Oloron avec la population, les élus. C’était chouette ! On se sent tellement plus forts de les avoir à nos côtés ! Je les remercie, au nom du personnel des urgences aussi, qui espère ne plus jamais revivre cette douleur et cette peine.

PL : Quelle solution peut être envisagée, selon vous ?

AL : La solution ? Des remplaçants, des intérimaires, peu importe le nom qu’on leur donne. Aujourd’hui aux urgences, il n’y a plus qu’un équivalent temps plein titulaire, tout le reste, ce sont des remplaçants. On est contents de les accueillir, mais ce ne sont pas des solutions pérennes. On se sent en sursis, mais absolument pas en sécurité sur le long terme. Tout l’hôpital tourne sur des remplacements, pas que les urgences mais également la gériatrie, la médecine polyvalente…    

PL : Alors, l’espoir pour demain, c’est de recruter ?

AL : En effet, l’espoir pour demain, c’est de recruter. C’est d’avoir des médecins urgentistes qui se disent qu’on habite une belle région et qu’ils trouveront tout pour être heureux ici. On est prêts à promotionner notre territoire, pour qu’ils viennent ! On cherche aussi des anesthésistes, des médecins polyvalents et des gériatres. 

Alors, faisons l’annonce officielle ! Médecins urgentiste, anesthésistes, gériatres, polyvalents, vous souhaitez travailler dans une petite ville agréable au pied des Pyrénées, avec une qualité de vie incomparable, une gastronomie merveilleuse, des balades à couper le souffle, une nature authentique, des gens qui vous espèrent et vous veulent à leurs côtés ? Oloron vous attend. Son hôpital encore davantage…

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