Par un communiqué, hier, le ministre de l’Intérieur a annoncé vouloir faire interdire les spectacles de Dieudonné en raison de propos « racistes et antisémites » qui contribueraient « à accroître les risques de troubles à l’ordre public ». Manuel Valls cite les cas des journalistes Frédéric Haziza et Patrick Cohen pris pour cible par l’humoriste. L'avocat de Dieudonné a réagi en affirmant que jamais un de ses spectacles n'avait pu être interdit, et il s’est indigné d'un « acte de censure ». La question des troubles à l'ordre public est « un motif totalement fallacieux », a rajouté l'avocat. « Cela impliquerait qu'il y aurait des risques de manifestations préalables ou postérieures à ce spectacle. Or, depuis des années que Dieudonné organise ses spectacles, il n'y a jamais eu le moindre incident », a-t-il assuré. « Je ne vois pas pourquoi M. Valls (...) serait le guide de la conscience du spectateur, en quoi il serait celui qui oriente vers les bons spectacles par rapport à de mauvais spectacles ».
« Depuis longtemps, Dieudonné n'est plus un comique et sa démarche ne relève plus de la création", a rajouté Manuel Valls. "Pour tout dire, il ne fait plus rire personne. Ses spectacles sont devenus des réunions politiques où il déverse sa haine ». Face à ce qu'il qualifie de « nouvel antisémitisme », le ministre espère une « prise de conscience collective ».
De son côté, l'avocat Maitre Eolas, très écouté dans le monde judiciaire, a dénoncé l'antisémitisme tout en critiquant «l'annonce du ministre de l'Intérieur de vouloir interdire ses spectacles. Oui à une sanction a posteriori, non à une censure».
Les réactions à ce bras de fer sont nombreuses et posent la question des limites que doivent ou pas s’imposer les humoristes, mais aussi les limites que peuvent leur imposer ou pas les dirigeants d’un pays.
François Loustalan
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