Le truc qui nous a alertés, en fait, c'était Koh Lanta, pas celui de la dernière saison, ennuyeux et si aseptisé et scénarisé, non, l'autre d'avant. Le pauvre Béarnais de l'affaire, le Gantois Alain (qui nous a ridiculisés devant la France entière, nous faisant passer pour des méchants et des crétins, voire les deux à la fois - qui a dit "c'est fait exprès" ? -, on ne le remercie pas) était sous-titré par la chaîne quand il s'exprimait...
Nous, on comprenait pas pourquoi, because on trouvait qu'il parlait tout à fait normalement - comprendre sans accent - mais à ce qu'il paraît, du côté de la capitale, on remerciait TF1 à tout va pour cette utile traduction sous forme de sous-titrage.
Alors, comme malgré les critiques et les moqueries, ils sont sans cesse plus nombreux à nous visiter (envahir ?), voici un petit lexique introductif pour grands voyageurs ayant décidé de jouer le baroud' et l'aventure extrême en Sud-Ouest. Faut quand même se préparer un minimum avant de jouer les intrépides.
Chocolatine : Non, ce serait con de te faire griller et étiqueter touriste à ta première virée à la boulangerie. "Vous auriez des pains au chocolat, s'il vous plaît ?" Whaou, c'est trop la loose, ça. Identifié, tamponné "Parigot, tête de veau" alors que t'avais acheté un béret et tout pour passer incognito. Attention, pour les locaux envisageant de "monter" à Paris, c'est la même à l'envers. Chocolatine là-bas = gros naze, bouseux, provincial de merde, tout ça... Mais pour la revendication sudiste, ça peut le faire ! Faut bien les éduquer, après tout c'est bien le Sud qui a inventé la chocolatine, en premier !
Une poche : JA-MAIS, une de nos aimables (???) caissières ne vous proposera de sac en plastique, c'est comme ça, on ne revient pas là-dessus. D'ailleurs, on se demande si elles ne signent pas une clause spéciale dans leur contrat d'embauche, leur interdisant absolument d'employer ce mot. Et qui sait, elles ont peut-être une prime spéciale quand elles te proposent une "poche" ? Dire que l'écologie va nous supprimer ce moment de bonheur, dommageeeeeee...
Fait frisquet ! : Oh, on est dans le Sud, donc fait pas froid, fait JAMAIS froid, ok ? Capito ? Ici, il fait frisquet, et tu n'enfiles qu'une petite laine, pas une grosse polaire, ok ?
Cagnard : Oh, on est dans le Sud, donc fait pas chaud, fait JAMAIS chaud, ok ? Ici, on passe carrément au gros cagnard, à la canicule, quoi... Qui, comme chacun le sait, rime avec...
Cagne : Attention, ne pas confondre cagnard (chaleur) et cagne (flegme). "Je t'ai une cagne, putain". Ca, c'est du vrai passeport, c'est comme (séquence hommage) la célébrissime phrase : "Je leur ai dit hilh de pute, macareu, et ils ont tout de suite vu que j'étais du pays". Si t'as la cagne, t'es presque adopté. Mais évidemment, y a des ponts linguistiques. Genre tu peux avoir la cagne parce qu'il fait un gros cagnard, on admet...
Gavé : Chez nous, y a pas beaucoup de monde, y a pas un peu de monde, NAN, y a "gavé de monde", et si tu peux insister sur le "a" de gavé, c'est encore plus parlant : "putain, c'était gaaaaaaaavé, con" ! Hey, pays du canard, du foie gras, tout ça, faut ce qu'il faut !
Pas un pélo : En revanche, si c'était pas gavé de monde, c'est probable qu'il n'y avait "pas un pélo", pas un chat quoi, personne, nobody, nadie, pas ü gat !
Putain : Ponctuation absolue. Voire introduction, milieu de phrase, fin, et le reste... Ça te pose l'intensité d'une remarque. Vois : "Je suis content." Ouais, bof... Mais en revanche : "Putain, que je suis content", ou "Je suis content, putain, vraiment hein", ça renforce, ça densifie, ça intensifie le propos. C'est littéraire, putain... Bon, en revanche, y a des exceptions. "Je t'aime, putain", ça intensifie généralement la claque que tu vas te manger dans la tronche, et c'est tout...
Dia : Peut se coupler avec "putain" dans les cas extrêmes : "Dia, putain, ils nous ont flashé ces cons de flics". La transe, quoi. Mais seul, c'est juste un petit étonnement, un intérêt : "Dia, tu déconnes ?" ou "Dia, il va pleuvoir..."
Allez, té, pareil : Peut être suivi de "fais péter". Formule de politesse locale disant que c'était franchement bon, et qu'on est prêt à se sacrifier pour finir le plat. Ou se resservir un huitième jaune...
Se prendre une quinte : Facile à comprendre, le mec (ou la bonne femme) t'ont fait sérieusement tousser. Genre, tu t'es un peu énervé(e). "Putain, il te m'a mis une de ces quintes, quelque chose de bien".
Et puis, ça fait pas chier, ça fait caguer (ou mieux : "tu me cagues") dérivé en "fascagat", on pinaille, on fait la chouye, on est barjos ou branques, on ne dit pas "au-revoir" mais un définitif Adieu même si c'est pour deux minutes (que l'on peut, pour s'insérer encore plus facilement dans le territoire, remplacer par un Adio, ou Adishatz, voire Adiou), ça daille (c'est chiant), les enfants sont des drôles et des drôlesses, ou la marmaille, bref, va vous falloir encore deux ou trois cours pour être parfaitement intégrés, mais déjà là, vous êtes sur la bonne voie.
Enfin bon, moi je dis ça, je dis rien, putain...
Gracianne Hastoy
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