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La reconversion singulière de Camille Berot

C’est un choix inhabituel qui peut surprendre, mais c’est le sien, et rien ne la fera renoncer. À 37 ans, Camille Berot vient d’ouvrir une agence de pompes funèbres à Auch, après avoir travaillé pendant dix ans dans le secteur de l’aéronautique.
Camille Berot dans son magasin, avec des fleurs, des plaques mortuaires
Inutile de chercher à comprendre ce qui a bien pu motiver la jeune femme à changer radicalement de parcours professionnel vers un nouveau départ pour le moins inattendu. « Je venais d’être maman quand le Covid est arrivé. Mon entreprise a annoncé alors un plan social avec des licenciements. C’était très long, et j’en avais assez d’attendre pour connaître les résultats. J’avais envie faire quelque chose de ma vie, devenir ma propre patronne, mais je ne suis ni plombier ni coiffeuse » raconte Camille.

« Un jour, j’étais en voiture, et je me suis dit “Il faut que j’ouvre une agence de pompes funèbres”. C’est arrivé comme ça, d’un coup, et l’idée ne m’a plus quittée. J’avais la ferme conviction de faire le bon choix. Finalement, je n’ai pas été licenciée, j’ai donc démissionné en janvier 2021 ».

Pour obtenir l’habilitation préfectorale autorisant à ouvrir un magasin de pompes funèbres, elle passe son diplôme national de conseiller funéraire permettant de recevoir les familles et organiser les obsèques. Elle y apprend la règlementation très stricte sur les démarches administratives, les différentes religions, etc. durant trois mois, puis enchaîne avec le diplôme de gérante pendant un mois.

« Après ces formations, je savais que j’avais choisi la bonne voie. J’aime recevoir les gens, les écouter, les conseiller, les soutenir… La plupart font ces démarches pour la première fois, ils sont perdus et ont besoin d’être accompagnés ».

La recherche d’un magasin sur Auch n’a pas été facile, jusqu’à ce qu’une amie lui conseille cet ancien pressing situé Avenue de l’Yser. « Quand je l’ai vu, j’ai complètement craqué ! Mon mari, qui est artisan, a commencé les travaux fin juillet 2022, pour que je m’y sente bien. J’ai pu ouvrir le 16 janvier de cette année, jour de la Saint Marcel, le prénom de mon fils ».

Pour tenter d’adoucir le rendez-vous avec les proches du défunt, souvent long et fastidieux au point de vue administratif, Camille choisit de mettre de la couleur dans sa boutique, ainsi qu’un plafonnier trompe l’œil pour le côté aérien. Pas de cercueil en exposition, mais un écran télé proposé par son fournisseur ariégeois, sorte de magasin virtuel, complété par des échantillons de bois, de tissu pour le capiton intérieur… Pas de maison funéraire non plus pour l’instant, mais la jeune femme sait qu’elle peut compter sur ses confrères auscitains, qui l’ont très bien accueillie. Côté fournisseurs, elle privilégie ceux qui sont au plus près, les fleuristes d’Auch, la marbrerie Pujolle, les fleurs artificielles d’Arche Diffusion près de Toulouse, de façon à ce que tout vienne soit de la région, soit de France. 

Je tiens beaucoup à cette métaphore d’une consœur qui dit « Je suis la sage-femme de fin de vie »

« C’est un métier qui demande beaucoup d’empathie, et j’ai la chance d’être entourée de proches qui sont prêts à m’écouter si j’ai besoin parfois d’évacuer. Je tiens beaucoup à cette métaphore d’une consœur qui dit « Je suis la sage-femme de fin de vie ». Je venais d’accoucher quand je l’ai lue, et ça m’a énormément touchée. Je suis fière que les familles me donnent l’opportunité d’accompagner leurs défunts au moment de la mise en bière, je garde une petite trace d’eux. Ce que j’aime le plus, c’est pouvoir rentrer chez moi le soir en ayant l’impression d’avoir été utile à des gens qui avaient besoin d’être soutenus… ».

Marielle Fourcade

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