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Un collectif de patients sans médecins pour alerter sur les déserts médicaux

C'est à Aire-sur-l'Adour que s'est récemment créé ce collectif sous l'impulsion de Babette Celotto et de Gabriel Germon. Aujourd'hui plus de 130 personnes sont membres du groupe.
Un stéthoscope posé sur une barrière en pleine campagne.
L'objectif du collectif est d'être un porte-parole pour les personnes en détresse, victime de ces déserts médicaux, afin d'accompagner la commune à trouver des solutions. En ce sens, le groupe souhaite intégrer une association nationale touchant à ce sujet...

Tous les deux enseignants à Aire-sur-l'Adour, Babette Celotto et Gabriel Germon ont rapidement été confrontés au manque de médecin dans la commune landaise. « Au début, nous ne nous en inquiétons pas trop. Notre enfant de 11 mois, Joseph, a pu être consulté par un docteur, qui ensuite m'a pris comme patient. Mais ma compagne était sans médecin pendant un an. Malheureusement pour nous, et heureusement pour lui, notre médecin a pris sa retraite, et le manque s'est fait fortement ressentir... », déplore Gabriel Germon.

C'est un autre médecin, frappé par la détresse de la patientèle, qui a alors soufflé l'idée au couple, début janvier. « Ce n'est pas tant pour nous que nous avons fondé le collectif. Nous sommes jeunes et sans pathologie notable... Mais beaucoup sont isolés, âgés, vulnérables, et désespérés. Par exemple, une dame nous expliquait avoir fait un AVC huit ans auparavant, avec une hémiplégie, nécessitant des visites à domicile. Depuis le départ de son docteur, celle-ci se retrouve désespérée face à l'impossibilité pour les médecins restants de venir la visiter. Et nous les comprenons, ils étaient déjà débordés, ils ne peuvent pas se couper en quatre... Mais par conséquent, cette dame aura donc l'intention de ne plus se soigner ».

Et c'est malheureusement une constance qui se multiplie... « On le remarque, plus il est difficile d'avoir un médecin, plus les patients risquent de tomber dans l'automédication hasardeuse ou dans l'abandon d'un rendez-vous médical ». Aire-sur-l'Adour ne fait pas exception, le nombre de médecins présents étant deux fois inférieur à ce qu'il devrait être pour pouvoir répondre aux besoins.

« Cela équivaut à huit médecins de plus ! Mais en 8 ans, aucun médecin n'a été remplacé. Et même ceux qui ont un médecin ont peur du manque, puisque 3 docteurs ont prévu de partir dans les deux années à venir... ». Une crainte partagée par les 134 membres du collectif, qui réunit des personnes d'Aire-sur-l'Adour, mais aussi de Geaune, et de Barcelone-du-Gers essentiellement.

Alors ce collectif souhaite faire bouger les choses, avec ses moyens. « En tant que simples citoyens, nous ne prétendons pas offrir une solution, mais plutôt porter une parole de détresse, et accompagner les démarches politiques de la ville. Nous récoltons des témoignages, des noms, des idées... », poursuit Gabriel Germon.

« Au nom du collectif, nous nous sommes par exemple entretenus avec les autorités concernées par le problème, la communauté de communes, la mairie, la maison de santé, et la pharmacie. Le problème se pose de cette façon : comment attirer des médecins dans cette ville, qui certes offre un cadre de vie très paisible et avec toutes les nécessités, mais qui reste éloigné des grandes agglomérations ? La situation est urgente, et malgré les efforts de tous les acteurs politiques et du soin, on ne voit pas encore de résolution au problème... »

Un élément de réponse pourrait être apporté prochainement, le collectif souhaitant rejoindre une association nationale touchants aux déserts médicaux : l'ACCDM. « Le problème est plus grand qu'Aire-sur-l'Adour, et exige une politique courageuse et profondément tournée vers le bien commun. La politique libérale fait beaucoup de mal aux services publics, refusant de plus en plus que des institutions ne rapportent pas d'argent et coûtent à l'État. Il est évident que l'éducation, le soin, les transports, ne peuvent être mis sur le même plan que le milieu de l'entreprise ; l'objectif n'est pas le même ! », scande Gabriel Germon. « C'est l'humain, sa dignité, ses besoins, le bien commun qui doivent être au centre des services publics, et non la rentabilité », conclut-il.

Toujours en quête d'une parole influente, si vous êtes sur le territoire d'Aire-sur-l'Adour ou dans ses alentours, et que vous vous sentez concernés par leur combat, n'hésitez pas à contacter l'association par mail. Plus il y aura de voix, mieux elle pourra se faire entendre...

Timothé Linard

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