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SUR LE FRONTLa théorie de Darwin appliquée aux maraîchers

Confrontés de plein fouet à la crise sanitaire actuelle, les maraîchers tentent de s’adapter à la situation, en réinventant le lien traditionnel avec les consommateurs…
MARAICHERS 0
S’adapter aux circonstances, s’organiser différemment, déployer le système D, repenser la distribution, réfléchir encore et encore, pour ne surtout pas couler…

Les producteurs fermiers ont pris un coup de massue sur la tête à l’annonce du confinement imposé pour une durée indéterminée. Fermeture des marchés, des restaurants, des cantines scolaires… Une coupure nette dans leur seule source de revenus, sans parler du fruit de leur travail de longue haleine, devenu soudainement inutile.

Et pourtant, ils étaient bien au rendez-vous ces artichauts, asperges, premières fraises et fromages… Prêts à rassasier toute une population, désormais cloîtrée derrière ses fenêtres.

Hors de question de tout gâcher. Il leur a fallu trouver une solution, et vite.

Comme le recours à un système de « drive » - permettant aux clients de récupérer leurs paniers en un lieu donné-, à l’image des points de retrait des supermarchés, saturés depuis le début du confinement par les commandes.

Grâce à l’implication des Chambres d’agriculture et des municipalités, des dispositifs ont donc été mis en place, dans les Landes, le Béarn, le Gers et les Hautes-Pyrénées, pour permettre aux éleveurs et agriculteurs d’écouler leur production. Et aux consommateurs de bénéficier de produits frais et locaux de qualité.

Le tout en respectant bien entendu les règles de protection sanitaire : commandes et paiements en ligne pour limiter les contacts, pas d’étal sur place, un seul client à la fois, pendant que les autres sont invités à patienter dans leur véhicule.

Pour ceux qui organisaient avant l’épidémie des ventes à la ferme, la demande des clients reste également fidèle au rendez-vous. À Vic-Fezensac, le marché hebdomadaire, habituellement très fréquenté, n’a pas rouvert, même si d’autres villes gersoises ont obtenu une dérogation auprès de la préfecture. Alors, Jean-Pierre et Isabelle Fontan, producteurs de volailles, tentent de s’organiser seuls.

« Nous avons modifié notre façon de travailler. Nous abattons des poulets tous les jours en l’absence de gros débit sur le marché, afin de servir les clients au plus vite. Ils téléphonent avant de venir. Le magasin a été aménagé pour les accueillir selon les règles sanitaires. Nous organisons aussi des livraisons en ville, auprès des personnes âgées qui ne peuvent pas se déplacer. C’est plus de travail au quotidien, pour environ 50% de revenus en moins. Mais on essaie de s’adapter au mieux » explique Jean-Pierre.

À l’échelle des Régions, des plateformes digitales se mettent en place pour permettre d’écouler les productions en circuits courts, que ce soit au niveau des particuliers ou des commerces de proximité.

Les initiatives, qui se multiplient un peu partout en France pour aider les maraîchers et éleveurs à ne pas sombrer, exigent malgré tout un surcroît de labeur pour ces filières complètement désorganisées.

Si elles proposent de nouvelles perspectives pour « l’après », le retour à un système plus traditionnel permettra à ces hommes et femmes de mieux vivre de leur activité, tout en retrouvant un écoulement plus habituel de leurs produits et le lien si convivial qui les unit aux consommateurs.

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