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TRISELECTOPSLa bête qui digère nos poubelles pour mieux éveiller les consciences

Il vient du fond des âges… ou plutôt d’un laboratoire landais ! Le monstre tout droit sorti de l’imaginaire du collectif Sac de billes, débarque sur les plages pour avaler nos déchets et nous trier les idées.
Le Triselectops, une créature géante et fantasque qui parcourt les plages landaises
SMLL DR
Pas de panique, ce n’est pas un cauchemar, mais une fable écologique drôle et touchante, où l’art du théâtre de rue rencontre l’urgence de trier nos vies.
Ce spectacle est proposé par le Syndicat mixte du littoral landais
SMLL DR

Il mesure plusieurs mètres, émet des borborygmes incertains, et semble avoir un faible pour les déchets plastiques. Non, ce n’est pas une nouvelle espèce marine recensée par un obscur comité scientifique, mais bien le Triselectops, une créature géante et fantasque qui parcourt les plages landaises dans le cadre d’une tournée inédite mêlant art de rue et sensibilisation écologique.

Né de l’imagination du collectif Sac de billes, ce « monstre » pas comme les autres est au cœur d’une fable poétique et burlesque mise en scène avec humour et pédagogie. Son objectif ? Rappeler que les déchets abandonnés sur le sable ne disparaissent pas par magie, et que derrière chaque canette vide ou emballage flottant se joue l’avenir de notre environnement littoral.

Une fable de plage

Le Triselectops ne surgit jamais seul. Toujours accompagné de deux personnages, le savant Marco Pollu et son acolyte Quidam, il déambule entre parasols et serviettes dans une étonnante mise en scène, offrant aux spectateurs une étrange démonstration scientifique. On apprend que la bête, fruit d’expériences menées dans un improbable laboratoire, possède un appétit insatiable pour les déchets, qu’elle transforme aussitôt en matière première réutilisable. Une capacité imaginaire, certes, mais qui fait mouche dans l’esprit des enfants comme des adultes.

La marionnette géante, véritable sculpture en mouvement, interpelle par sa présence physique autant que par le message qu’elle véhicule. Elle attire, amuse, questionne. Loin d’un discours moralisateur, la narration joue sur les codes du conte et de l’absurde, rendant l’information accessible à tous, même aux plus rétifs aux messages environnementaux classiques.

Ce spectacle est proposé par le Syndicat mixte du littoral landais (SMLL), qui regroupe le Département des Landes et les quinze communes du littoral. Depuis 2018, le SMLL est en charge du nettoyage différencié des 106 kilomètres de plage qui bordent le département. Mais l’action du syndicat ne s’arrête pas aux ramassages mécaniques ou aux dispositifs techniques : elle comprend également un important volet de sensibilisation.

« Le Trisélectops aime sa plage »

L’opération « J’aime ma plage », lancée dès 2013, a connu cette année une évolution radicale. Pour toucher un public plus large et renouveler la manière d’aborder la question des déchets, le syndicat a donc confié au collectif landais Sac de billes la création d’un spectacle vivant. Résultat : une série de 18 représentations du « Triselectops aime sa plage », réparties entre le 12 et le 21 juillet, puis du 10 au 19 août, sur les différents sites du littoral.

Chaque journée comprenait plusieurs représentations dans une même commune ou dans des communes voisines, avec l’ambition de couvrir tout le littoral landais et d’aller à la rencontre directe des vacanciers.

Un message à plusieurs niveaux

Le Triselectops agit comme un miroir. En grossissant le trait, en s’invitant de manière incongrue sur les lieux de détente estivale, il révèle les paradoxes d’un tourisme côtier qui génère, parfois malgré lui, une importante pollution. Le plastique n’est pas le seul coupable : mégots, restes de pique-nique, emballages de glaces et bouteilles en tout genre finissent trop souvent dans les dunes ou dans les rouleaux de l’Atlantique.

Mais là où le message pourrait virer à la culpabilisation, le spectacle choisit la dérision. L’absurdité du personnage de Marco Pollu, les mimiques du serviteur Quidam, les grognements du Triselectops et la mécanique joyeusement bancale du récit permettent de faire passer, sans friction, des notions pourtant complexes : économie circulaire, valorisation matière, tri sélectif, réduction à la source…

Le spectacle du Triselectops illustre à merveille les politiques publiques environnementales
SMLL DR

À l’issue de la démonstration, un temps d’échange est proposé, où les artistes reviennent, hors personnage, sur les enjeux abordés. Les spectateurs peuvent alors poser leurs questions, discuter des pratiques de tri ou simplement partager leur étonnement devant cette drôle de parade.

Le pari était audacieux : transformer une problématique technique, à savoir celle de la gestion des déchets, en une aventure artistique, presque carnavalesque. Il semble largement réussi. L’ampleur de la marionnette, la qualité scénographique, l’engagement des comédiens et la mobilité du dispositif ont permis de toucher un public très varié, bien au-delà des seuls militants écolos ou des familles déjà sensibilisées.

Les enfants, notamment, se sont montrés particulièrement réceptifs. Le Triselectops les amuse, mais leur fait aussi comprendre que chaque geste compte. Ramasser un déchet, ne pas jeter ses papiers dans le sable, réfléchir à ce que l’on consomme : autant de petits réflexes qui peuvent se transformer en habitudes durables. Le tout sans avoir l’impression d’assister à un cours magistral.

L’art de prendre les déchets au mot

Le spectacle du Triselectops illustre à merveille une tendance de fond dans les politiques publiques environnementales : celle qui consiste à délaisser l’injonction pour privilégier la médiation culturelle. Dans ce registre, l’intervention du collectif Sac de billes apparaît comme un modèle d’équilibre entre fond et forme.

En transformant les déchets en matériau narratif, en leur donnant un rôle dans une fable drôle et touchante, les artistes réinjectent de l’imaginaire là où l’on ne voit habituellement que des contraintes. Et si le tri devenait un geste poétique ? Et si le plastique pouvait être l’amorce d’une histoire drôle, mais édifiante ? En s’attaquant au sujet par la métaphore, le Triselectops déplace la question, et parvient, avec ses faux grognements et ses vraies intentions, à semer des graines dans les esprits.

La tournée estivale du Triselectops se termine fin août, mais la réflexion se poursuit. Le SMLL réfléchit à de nouveaux formats pour pérenniser ce type d’action : interventions scolaires, spectacles en milieu urbain, ateliers participatifs autour du réemploi… La marionnette pourrait bien ressortir du sable dans d’autres contextes.

Dans une période où les messages environnementaux sont parfois perçus comme anxiogènes, le choix de l’humour et de la narration sensible apporte une respiration salutaire. Il montre aussi que la lutte contre les déchets ne passe pas uniquement par la technique ou la réglementation, mais aussi par le récit. Un récit où chacun a son rôle à jouer, même au beau milieu de ses vacances.

Sébastien Soumagnas

Apparition du Triselectops ce mois d'août 2025

Mercredi 13 à Biscarrosse :
Centre 14h30
Océane sud 16h

Jeudi 14 à Mimizan :
Remember 14h30
Plage sud 16h

vendredi 15 :
Saint-Julien-en-Born Contis 13h30
Lit-et-Mixe Cap de l’Homy 15h30
Vielle-Saint-Girons Centrale 17h30

Dimanche 17 :
Moliets-et-Maâ Plage Principale 14h30
Messanges Nord 16h

lundi 18 :
Vieux-boucau-les-bains Centrale 14h30
Soustons Océane 16h

Mardi 19 à Seignosse :

Le Penon 14h30
Les Estagnots 16h

mercredi 20 à Soorts-Hossegor :
La Gravière 14h30
La Centrale 16h

Jeudi 21 à Capbreton :

Notre Dame 14h30
Océanides 16h

Vendredi 22 :
Labenne Océane 13h30
Ondre Océane 15h30
Tarnos Métro 17h30

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