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COUP DE CŒURNavailles, brillant leader du fauteuil médicalisé

La société basée à Hagetmau a pris le parti de jouer la carte du savoir-faire français, pour conquérir le marché national et s’imposer à l’international. Rencontre avec Cyrille Michaud...
COUP DE CŒUR - Navailles, brillant leader du fauteuil médicalisé
Depuis l’arrivée de Christophe Michaud en 2007, l’entreprise Navailles a accéléré spectaculairement son développement. En plus des fauteuils médicalisés, elle s’est fait aussi une belle réputation dans le domaine des sièges de bureau.
Cyrille Michaud

L’aventure a démarré avec Robert Navailles, en 1958, qui s’est lancé dans la fabrication de cadres de vélos de compétition, au fond de son garage. Que de chemin parcouru. Cyrille Michaud, directeur du développement, nous parle de cette belle saga.
 
La société a débuté comment ?
Cyrille Michaud –
Le fondateur est Robert Navailles, coureur cycliste passionné, qui avait donc un atelier pour fabriquer des cadres. Il avait également créé une société pour le compte d'une marque italienne en Argentine, après la guerre. Quand il est revenu à Mont-de-Marsan, il a commencé par travailler comme sous-traitant pour faire des piètements de chaises pour des sociétés d'Hagetmau, une technique qui se rapproche de la fabrication d’une fourche de vélo. C’est là qu’il a eu le déclic pour entrer dans l'industrie du siège. Ses deux fils l’ont rejoint, apportant des compétences complémentaires, l’un dans le domaine de la métallurgie et l’autre dans celui du design. C’est ainsi qu’a démarré la manufacture Navailles en 1966, autour des sièges de bureau.
 
L’évolution la plus importante ensuite ?
C. M. –
Il y a eu, bien sûr, l’orientation vers le secteur médical. Mais surtout, Navailles a évolué d’un positionnement de sous-traitant à un statut de fabriquant à part entière. À la reprise de la société en 2007, Christophe Michaud, le Pdg actuel, a considéré que l’entreprise devait absolument prendre tout en charge directement : la conception, la fabrication, la commercialisation… toute la chaîne de valeur. Depuis, et de manière de plus en plus intense, Navailles s'est imposée comme une véritable marque. Mon frère avait déjà une société sur Dijon où il fabriquait des sièges techniques. Pendant une période, les deux entreprises étaient complètement indépendantes. Et depuis quelques années, nous avons tout fusionné et tout réorganisé.

Quand avez-vous rejoint l’aventure ?
C. M. –
Il y a 4 ans pour m’impliquer dans les restructurations nécessaires de l'offre en général, du marketing, du commercial, de la communication, des outils… Il s’agissait aussi de continuer à imaginer d'autres pistes de développement. On a testé des choses, on a innové sur plusieurs sujets, au niveau des produits mais aussi de nouveaux canaux de distribution, du digital, des partenariats… Aujourd’hui, il y a 3 grandes offres : le siège médicalisé, le siège de bureau et le siège technique.
 
Votre expérience auparavant ?
C. M. –
Je viens du monde de l’agro-alimentaire, au sens large. J’avais participé à la création de marques, à des développements marketing et commercial, y compris pour des startups. L’idée était d’apporter un regard neuf sur cette industrie, d'amener des approches modernes, des innovations tout en respectant les codes de la métallurgie et la tradition. J’ai essayé d'apporter une nouvelle énergie, mais aussi d’apporter une contribution à la stratégie et à la philosophie de l’entreprise.
 
Le positionnement de Navailles ?
C. M. –
Nous sommes largement leaders en France pour les sièges médicalisés, et nous sommes déjà bien implantés en Europe du Nord. Il faut savoir que nous travaillons très majoritairement sur des marchés publics, avec des hôpitaux ou des cliniques. Ainsi, on côtoie nos clients au quotidien, nous sommes notamment en relation avec beaucoup de cadres de santé. C’est la double ergonomie : nous proposons un outil de travail pour eux et un confort pour leurs patients. Sur ce positionnement, nous nous distinguons par un savoir-faire qui n’a pas d’équivalent.

Qu’est-ce qui fait votre force ?
C. M. –
C’est la qualité des échanges et notre capacité à répondre rapidement aux besoins exprimés par les soignants pour les patients comme pour eux au niveau des différentes utilisations du siège. Il y a donc beaucoup d'échanges, de remontées d'informations et comme nous avons un bureau d’études intégré, nous pouvons être très réactifs. Tout doit pouvoir être amélioré, en permanence. D’où l’importance d’être grandement à l'écoute du monde médical.
 
Un exemple ?
C. M. –
Quand un client vient dans l'usine et nous explique comment il verrait le siège parfait. Le bureau d’études et l’atelier de prototypage peuvent tout de suite travailler dessus. On peut ainsi très rapidement lui montrer un produit, il nous fait un feedback et on adapte en suivant. Comme historiquement Navailles était un sous-traitant, la société a dans sa culture une hyper écoute.

Modèle Horizon 80

Et dans le secteur du siège de bureau ?
C. M. –
C’est une approche comparable, même si le besoin est plus simple à cerner. Il y a évidemment les dimensions santé et confort. Ce qui nous distingue aussi, c'est que nous faisons du fabriqué en France. C’est devenu très rare. Ce domaine représente 30% de notre activité.
 
Un modèle particulier ?
C. M. –
En plus de notre gamme, nous venons de relancer une série, « Héritage 80 », qui avait été dessinée et commercialisée à l'époque chez Navailles. Nous avons découvert que la Mairie d’Hagetmau avait encore des exemplaires dans sa salle de réunion. C’est un modèle fabuleux, à la fois vintage et actuel. Il est intemporel. On travaille notamment avec un cuir remarquable qui vient du Pays basque, la tannerie Cariat. Nous n’avons quasiment rien changé pour lui garder un confort exceptionnel et respecter son histoire.

Un autre secteur d’activité ?
C. M. –
Celui des sièges techniques. Ce sont des produits beaucoup plus simples, avec quasiment pas de garnitures. Par exemple, des tabourets améliorés pour travailler dans des ateliers de production. On a toute une gamme de sièges spécifiques pour certains métiers, certaines activités.

Christophe Michaud

Tout est basé à Hagetmau ?
C. M. –
Oui, sur 15.000 m2, avec les bureaux, les ateliers et le stock. Nous employons 130 personnes dans les différents métiers : bureau d’études, prototypage, tôlerie, découpe, couture de tissus, garnissage, montage des sièges… en plus des compétences classiques (administration, gestion…). Se côtoient le traditionnel et l’innovation, par exemple les planches à dessiner qui cohabitent avec les imprimantes 3D. Concernant le stockage, il concerne essentiellement des composants, puisque nous fabriquons à la demande. Nous avons seulement une vingtaine de sièges d'avance pour des projets de clients. Il faut savoir que nous avons plus de 500 tissus différents. Bien entendu, nous ne les avons pas tous sur place. Il faut compter en moyenne 4 semaines pour une fabrication.
 
Vos collaborateurs sont fidèles à la société ?
C. M. –
On a un peu de turn-over sur certains postes, comme dans toutes les entreprises. Mais dans des postes clés, beaucoup ont de 20 à 30 ans d’ancienneté. C’est très important parce qu’ils ont un bagage important, ils sont au courant de l'histoire et de plein de choses. Ce qui permet de trouver plus efficacement des solutions, d'aller plus vite… Il y a plutôt une ambiance solide et notre localisation en Chalosse permet d’avoir moins de stress, un coût de vie moins lourd et une qualité de vie plus agréable que dans les grandes villes.

Une implication dans la commune ?
C. M. –
Nous avons, par exemple, participé à la création du collectif Casmau, pour mettre en avant le savoir-faire autour de l’ameublement, la tradition d’Hagetmau. Il s’agit de fédérer plusieurs entreprises de l'ameublement, pour essayer de créer une marque et de se faire connaître sur un certain public, plutôt des architectes. Nous sommes moins concernés par ça, mais on a voulu donner un coup de main. Nous avons également mis en place des formations de couture, avec des personnes formées chez nous, qui ont ensuite fait des stages dans plusieurs entreprises d’Hagetmau avant d’être recrutées.
 
Une politique RSE ?
C. M. –
On a une vraie démarche de responsabilité, cela fait partie de notre culture Nous avons toutes les certifications ISO, bien plus que celles imposées par notre activité. C’est un investissement considérable que nous avons voulu notamment vis-à-vis des marchés publics. Ces normes nous obligent depuis longtemps à respecter l’environnement, à travailler avec des circuits les plus courts possibles : du bon sens paysan. Nous sommes aussi « Origine France Garantie », ce n’est pas rien. C'est la seule certification du fabriqué en France. Il ne s’agit pas d’un label, mais d’une certification avec de multiples contrôles, d’autant plus dans le secteur médical. Avec les salariés, nous avons des démarches de participation, de l’écoute... en gardant l’esprit d’une entreprise familiale. On peut dire que Navailles a toujours fait de la RSE, de manière naturelle.
 
Vos perspectives ?
C. M.
– Nous sommes désormais une marque qui fabrique français et qui fait référence dans l’univers médical. Nous comptons nous développer encore sur ce secteur industriel avec une politique de croissance externe. Cela pour compléter progressivement notre offre et enrichir notre savoir-faire.
 
Informations sur le site internet de Navailles

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