Voilà 150 ans que le port de Bayonne est en activité et que toutes sortes d'activités portuaires ou encore industrielles se sont succédées. Il était donc temps de faire un point, un état des lieux sur la cohabitation de ces activités avec la population résidentielle. C'est ainsi qu'en 2012 le Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles de l'Estuaire de l'Adour (SPPPI) a initié une étude de zone dont les conclusions viennent d'être rendues publiques. Une démarche volontaire d'ampleur avec des actions menées en lien avec les industriels, l’État, les collectivités territoriales ainsi qu'avec les associations de riverains ou de défense de la nature. Des résultats objectifs, en toute transparence.
100 Km² passés au crible
Deux secteurs autour de la zone portuaire ont donc été analysés en plusieurs étapes depuis le 12 juillet 2012 : le secteur A en rive droite qui couvre Boucau et Tarnos puis le secteur B, la rive gauche, à savoir Anglet. L'étude de zone portait donc sur les émissions de substances polluantes des sources identifiées, les milieux air, sol, eaux superficielles et souterraines et pour finir, les expositions par inhalation et ingestion. En marge de cette étude, les nuisances, qu'elles soient de l'ordre des bruits ou odeurs ont été également recensées et pour certaines, fait l'objet d'actions.
Le déroulement de cette étude s'est effectué en 5 phases. En 2014, un état des lieux a été pratiqué dans le but de faire une synthèse des données. Ensuite, courant 2014 et 2015, ce sont les dépôts atmosphériques qui ont été étudiés dans le but d'identifier les substances. De 2016 à 2019, 3 campagnes de mesures ont eu lieu regroupant l'air, les eaux, les sols, les végétaux et les potagers. Puis en 2019, les deux dernières phases ont consisté à analyser l'état actuel de l'environnement puis caractériser les expositions et les risques sanitaires.
Des résultats en demi-teinte
Bien que la situation ne soit pas préoccupante, il demeure une dégradation relative de la qualité de l'air bien que typique d'une situation urbaine. A aussi été relevé la présence de quelques métaux dans les eaux des puits privés qui n'impose aucune restriction dans son utilisation pour « l'arrosage ». En revanche, du côté des sols, certains métaux comme l'arsenic, le plomb ou encore le manganèse sont présents de manière hétérogène. Une dégradation de certains végétaux par ces mêmes métaux a aussi pu être observée. Au regard de ces résultats, seule la présence de plomb avec quelques dépassements aux normes nécessite des mesures de vigilance en raison notamment du Saturnisme (intoxication aiguë ou chronique par le plomb).
Projets à venir
Cette étude de zone n'est donc qu'une étape dans le processus de mise aux normes du secteur portuaire et les résultats n'ont pas nécessité d'actions rapides et immédiates. Elle a surtout permis d'être fixé sur certains points, notamment sur la réalité des données concernant le port de Bayonne. Mathieu Bergé, conseiller régional de Nouvelle Aquitaine conclut « on peut arrêter de fantasmer sur le port de Bayonne parce qu'aujourd'hui on a des données, maintenant on sait », faisant allusion aux allégations de riverains ou collectifs de citoyens et de la procédure en cours au tribunal administratif contre l'aciérie électrique Celsa mais aussi des préfets des Landes et des Pyrénées-Atlantiques.
Ainsi, pour faire suite à cette étude de zone, une campagne de surveillance renforcée de la qualité de l'air autour de la zone industrio-portuaire a été demandée en 2019-2020 par le SPPPI et effectuée par ATMO Nouvelle Aquitaine. En parallèle, deux projets sont à l'étude, à savoir la mise en place d'une station de type industriel de mesure de la qualité de l'air qui pourra communiquer des données en temps réel ainsi que la création d'un observatoire des odeurs de l'Estuaire de l'Adour.
Sébastien Soumagnas
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