C’est le grand retour de l’Eusko Eguna à Espelette, et l’ambiance promet d’être au rendez-vous. Samedi 12 avril, la commune basque deviendra l’épicentre d’un véritable festival citoyen où la monnaie locale occupe la tête d’affiche. Du lever de rideau à 10h jusqu’au baisser de son à 5h du matin, la fête s’annonce bien orchestrée. Si l’Eusko est souvent présenté comme un outil économique, il sera ici au cœur d’une journée festive, populaire et militante, où petits et grands pourront battre la mesure d’un autre monde possible.
Créé pour dynamiser l’économie locale, soutenir les commerces de proximité et encourager des pratiques respectueuses de l’environnement, l’Eusko a depuis longtemps franchi le simple cadre monétaire. Avec plus de 38 mairies et la Communauté d’Agglomération Pays Basque qui l’ont intégré dans leurs politiques publiques, cette monnaie locale a su s’imposer comme une véritable alternative, à la fois concrète et porteuse de sens. Et si elle circule au quotidien dans les poches des habitants, elle prendra le micro lors de cette journée pour montrer qu’elle sait aussi faire vibrer les consciences.
Une scène citoyenne bien orchestrée
Loin d’être une simple kermesse, Eusko Eguna proposera dès le matin un programme qui fait danser l’engagement. Sur la place du marché couvert, les stands de producteurs et artisans locaux donneront le tempo d’une économie circulaire. Ici, tout se paye en eusko, évidemment. On pourra chiner un vêtement de seconde main sur le vide-dressing, repartir avec une poussette en bon état ou savourer un talo tout juste préparé. Les plus gourmands auront rendez-vous au brunch paysan de midi, concocté avec les produits des fermes locales. À l’image du plat du soir, la Tarti’fête – une tartiflette revisitée – qui clôturera en saveurs la partie diurne de l’événement.
Côté cerveau, la journée ne sera pas en reste. À 11h, la salle du Patronage accueillera une conférence qui fera résonner les idées : « Monnaies locales : des outils pour donner plus de sens à l’action publique et renforcer le lien au territoire ». Un titre long comme une intro de rock progressif, mais un contenu qui tape juste. Mathieu Kayser (Biarritz), Jean-Baptiste Thony (Bordeaux), Anne-Laure Federici (RTES) et Isabelle Bagdassarian y croiseront leurs regards sur le rôle des monnaies locales dans la transition écologique et sociale. De quoi comprendre comment les communes peuvent elles aussi accorder leurs violons en faveur d’une économie plus harmonieuse.
Mais l’Eusko Eguna, c’est aussi un grand terrain de jeu pour les enfants et les familles. Chasses au trésor, jeux de kermesse, baby-foot géant, balades à dos d’âne, concert de Gurashow, lâcher de rapace… Le programme tient la route, éclectique et complet. Sur la partition festive, chaque moment est pensé pour créer du lien, de la rencontre et des sourires à pleins poumons. Les mutxiko, ces danses traditionnelles basques, viendront rythmer l’après-midi, juste avant que le tempo ne monte d’un cran pour la soirée musicale.
Une affiche musicale en crescendo
À partir de 21h, la fête prend un virage électrique. Les souletins de Xiberoots monteront sur scène pour présenter leur dernier album. Leur reggae enraciné dans les terres de Soule promet une entrée en matière chaleureuse et chaloupée. À 22h30, place à Gatibu. Le groupe de rock basque, originaire de Gernika, a annoncé sa séparation pour la fin de l’année. Ce concert à Espelette s’annonce donc comme l’un des derniers grands rendez-vous avec le public, un au revoir en forme d’apothéose. À minuit, DJ Üzkülüz prendra les platines pour prolonger la nuit jusqu’au petit matin, dans une ambiance festive et dansante au possible.
Et parce qu’une fête bien pensée ne se termine pas en fausse note, des navettes gratuites seront mises en place à partir de minuit pour permettre à chacun de rentrer en toute sécurité dans les communes voisines. Un camping gratuit sera également accessible sur place, pour ceux qui voudront prolonger le plaisir jusqu’à l’aube. Même la logistique se veut solidaire et inclusive.
L'Eusko Eguna célèbre un territoire, des engagements, une culture. Une fête où chaque battement de tambour, chaque talo dégusté, chaque mutxiko partagé, participe à écrire une autre partition. Plus juste, plus locale, plus vivante. Alors le 12 avril, direction Espelette, les poches remplies d’eusko pour passer un moment inoubliable.
Sébastien Soumagnas
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