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Ça sent bon le week-endPromenade futaie en Forêt du Bager

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Promenade futaie dans la Forêt du Bager en Béarn
Entre Arudy et Oloron, la forêt du Bager n’est pas une forêt ordinaire. Si ses coins à champignons déplacent du monde, il serait dommage d’en rester là. À y regarder de plus près, le Bager recèle des trésors assez méconnus des promeneurs du dimanche.

Entre Arudy et Oloron, la forêt du Bager n’est pas une forêt ordinaire. Si ses coins à champignons déplacent du monde, il serait dommage d’en rester là. À y regarder de plus près, le Bager recèle des trésors assez méconnus des promeneurs du dimanche.
Quelle que soit sa parure, automnale au printanière, le Bager a ses inconditionnels auxquels je me suis rangé. Cette forêt où l’on peut s’enfoncer des heures sans croiser le moindre comparse revêt parfois des allures de paysage primitif.

C’est le cas sur les berges du gave d’Ossau. Car on ne peut pas parler du Bager sans parler du gave d’Ossau qui le traverse. Sous protection forestière, le gave tient à l’écart l’activité humaine et conserve une fraîcheur exceptionnelle. Dans ces conditions s’accomplit alors un petit miracle. Ici les saumons atlantiques continuent à se reproduire en masse après un très long périple depuis les îles Féroé. Le mot écosystème prend alors tout son sens. J’y reviendrai un peu plus loin.

Au temps de volcans sous-marins

À un autre endroit, le Bager nous ramène cent millions d’années en arrière. Tapies sous les bois, dans le secteur du Col du cerisier, se trouvent des pierres volcaniques jaillies des fonds marins. Les boules de téchénite, les pillows lavas et les bouches de volcans forment une superbe rocaille capitonnée de mousse. Un décor à laisser bouche bée tout amateur d’heroic fantasy. Chemin faisant, autour du Pain de sucre, on se rapproche de la forêt dite ancienne. Les arbres, principalement des hêtres, peuvent y dépasser les 150 ans.

Un petit trésor quand on sait que les forêts anciennes ne représentent plus qu’environ 2% des massifs forestiers dans les Pyrénées Atlantiques. Mais ce n’est pas tout. Totalement à l’abri des regards, caché sous la route entre Oloron et Arudy, un savant système d’aqueducs bâti au XIXème siècle est parvenu jusqu’à nous en parfait état de conservation. La forêt du Bager, n’est donc pas n’importe quelle forêt.

Y’a danger pour le Bager

Mais cet écosystème entre eaux cristallines du gave d’Ossau et faune et flore remarquables se trouve aujourd’hui menacé. Un projet de carrière et une gestion controversée de la ressource forestière attisent les passions. Plusieurs associations et institutions scrutent la forêt du Bager pour en relever les richesses et éclairer le public. Parmi elles, l’ACCOB, Association contre les carrières d’Oloron et du Bager est en première ligne depuis 2015. L’objet de son courroux, l’extraction en pleine forêt de la spilite, une roche volcanique destinée à produire du ballast pour l’aménagement d’autoroutes et de voies ferrées. Sans relâche, l’ACCOB sensibilise le public tout au long de l’année, grâce à des visites à thèmes, passionnantes et de plus en plus suivies. Son credo, valoriser la forêt du Bager et empêcher la catastrophe.

Premier spot naturel pour la reproduction du saumon

Outre les dégâts sur la forêt, Jean Claude Dutter, le président de l’ACCOB, s’emploie à expliquer le danger que ferait courir l’exploitation d’une carrière sur un cours d’eau aussi exceptionnel que le gave d’Ossau. À savoir que les poussières, appelées les « fines », libérées par l’extraction rocheuse puis emportées par le ruissellement des eaux formeraient dans le lit du gave une sorte de ciment. Entre graviers et cailloux, le colmatage des interstices propices à la reproduction des saumons serait irréversible. Car les eaux fraîches et oxygénées du gave abritent une des plus importantes et des dernières frayères naturelles de saumons atlantiques de France. C’est aussi la plus importante de Nouvelle Aquitaine. Migradour estime que chaque année, ce sont en moyenne 52% et jusqu’à 72% des saumons du bassin de l’Adour ( de 4 000  à 5 000 saumons ) qui proviennent des frayères du gave d’Ossau.

Des espèces rarissimes

Mais sans la forêt, le gave perdrait son couvert bienfaiteur. D’autant qu’un réseau de petits ruisseaux serpente encore à travers les bois. Les naturalistes amoureux du Bager s’émerveillent d’y voir des espèces sensibles comme l’écrevisse à pattes blanches ou bien encore le calotriton des Pyrénées, de la famille des salamandres. C’est aussi la Lamproie de planer, très peu connue. Et pour cause, elle passe six ou sept ans dans les sédiments et ne se rend visible que 15 jours, en période de reproduction.

Les viaducs du Bager redécouverts en 2016

De tout temps les habitants du Piémont ont tiré profit de la forêt du Bager. Les arbres étaient abattus pour laisser paître les troupeaux et surtout pour faire du charbon à destination des entreprises lainières d’Oloron. À tel point qu’au XIXème siècle on parlait de « landes embroussaillées » pour décrire la forêt du Bager qui est passée de 5 000 hectares à 1 000 hectares avant 1814. À cette date, se dessinent les contours d’une administration forestière qui limite l’exploitation effrénée du Bager.Plus tard, Napoléon III et son épouse Eugénie s’entichent des Pyrénées en raison des vertus curatives de leurs eaux. En 1855, l’Impératrice vient aux Eaux Chaudes se rétablir d’une fausse couche. D’autres séjours sont attestés. Mais l’état des routes ne suit pas. En 1860, Napoléon III signe un décret pour relier les stations thermales des Pyrénées, entre le Béarn et la Bigorre. Quatre routes thermales sont lancées dont celle qui relie Arudy à Lurbe-Saint-Christau. En 1865, commence la construction des aqueducs du Bager pour franchir les ruisseaux. C’est cette dizaine d’ouvrages de génie civil, enfouie sous la végétation, qui a été redécouverte en 2016 par l’ACCOB.

Une forêt habitée

La protection de cette forêt apparaît capitale. En 2018, l’association nationale A.R.B.R.E.S a mandaté son président Georges Feterman pour venir à Oloron et remettre à l’ACCOB le label « Ensemble arboré remarquable ». Cette distinction concerne le secteur compris entre le Col du Cerisier et le secteur dit du Pain de Sucre. Dans cette zone de chênes pédonculés et de hêtres, on peut entendre chanter, à la saison des amours, le pinson, le geai, le pic noir, le pic mar, le pic épeiche, ou encore le verdier et la fauvette, entre autres habitants de ces bois.

Si le projet de carrière semble moins d’actualité depuis l’élection de Bernard Uthurry à la mairie d’Oloron, son enterrement définitif n’est toujours pas acté à ce jour. Et l’ACCOB a d’autres fers au feu. Elle bat le rappel sur un autre projet qui menace la ressource forestière. Celui d’une méga scierie en pourparlers à Lannemezan. Car ce projet, baptisé Florian, fait courir un double risque. Extrêmement vorace en arbres, il déstabiliserait la ressource forestière et mettrait par terre les petites scieries artisanales encore actives dans les Pyrénées.

Pour en savoir plus sur les projets de carrières et sur la gestion forestière du Baget, je vois renvoie sur le site de l’ACCOB, Association contre les carrières d’Oloron et du Bager. Site très fourni.

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