Hélène Lusignan est une artiste au sens le plus romantique que l'on puisse l'entendre. Toujours proche de la nature, elle oriente sa scolarité vers un CAP de sculpteur sur bois après la visite d'un atelier qui a tout de suite été un déclic pour elle. Cependant la jeune femme ne trouve à ce moment-là pas d'emploi, et se lance alors dans un parcours professionnel aussi riche que mouvementé, alternant entre de nombreux métiers entre Paris, la Suisse, et ailleurs. Ce parcours la mène d'ailleurs dans les Landes, en 2004, département qu'elle n'aura plus jamais quitté depuis, et qui aura réveillé son âme d'artiste. « Pendant tout mon parcours, il me manquait toujours quelque chose : la sculpture, l'art. Je pense véritablement que c'est ce pour quoi je suis née », explique celle qui avait toujours ses outils sur elle, au cas où.
En 2016, elle se rapproche de l'ébéniste de son village de Sainte-Marie-de-Gosse pour se remettre à jour sur la sculpture, et apprendre de nouvelles choses par la même occasion. « Ça a été important pour moi, et très enrichissant, mais très vite j'ai senti que le bois ne me suffirait pas. Alors à force de me renseigner, j'ai découvert la résine, qui me permettait d'apporter de la lumière à mes créations ».
Les éléments étaient alors réunis pour permettre à Hélène Lusignan de laisser parler son imagination. « J'essaie de travailler l'unité. De rendre visible l'invisible. Je travaille aussi bien le macrocosme que le microcosme ». Une démarche artistique qui s'inspire donc de la nature et du monde qui nous entoure, et des « pulsions » qui animent la créatrice. « J'ai envie de mettre en œuvre la beauté de la création, du monde, de l'univers, de la nature. Quand j'ai des pulsions, il faut que ça sorte, je sais parfaitement ce que je veux réaliser, mais une fois à l'atelier c'est le chaos, car mes idées doivent coïncider avec les matériaux que j'utilise, leurs propriétés et mes compétences », relativise-t-elle.
Mais outre cette philosophie romantique, Hélène Lusignan est une femme qui a les pieds sur terre et qui souhaite sensibiliser le grand public à la cause des artistes. « La majorité des gens ne savent pas véritablement ce qu'est un artiste. Et ce n'est pas une critique, car il est compliqué de nous cloisonner. Mais pour clarifier, un artiste est porteur d'un message via son art. C'est une démarche complète, un engagement. Par exemple, moi, j'ai ce souhait de sensibiliser à la création, à l'unité. Au travers de mes œuvres, j'essaie de dénoncer par le beau ». Dénoncer les actions de l'Homme qui impactent la nature, au travers de ses peintures, par exemple.
COUP DE POUCE
Mais également dénoncer la précarité qui anime le monde des artistes. « Tout tourne autour de l'argent », indique-t-elle. « Il faut toujours payer, pour être exposée, pour participer à des salons, pour se déplacer, etc. Quand je déplace des œuvres, c'est une sacrée logistique, j'ai besoin d'un camion, et souvent nous ne sommes pas payés en suivant l'exposition. Sans compter le prix des matières que l'on utilise pour nos créations, et le temps de travail fourni ». À titre d'exemple, Hélène Lusignan pointe du doigt son œuvre intitulée Gaïa, en vente au prix de 44 000 euros. « C'est six mois de travail à raison d'environ 10 heures par jour. Si l'on calcule, cela fait environ 50 euros de l'heure, je ne trouve pas ça aberrant. Il est important d'en parler, de sensibiliser à cette dimension. Cela touche tous les artistes ».
Aujourd’hui beaucoup sont obligés d'avoir une seconde activité pour subvenir à leurs besoins. Hélène Lusignan n'échappe pas à cette règle, et elle réalise ainsi des restaurations d'objets anciens pour générer un complément de revenus. « Mais je suis heureuse de faire ce que je fais. Je ne sais pas si l'art plastique est encore d'actualité aujourd’hui, mais des organismes nous défendent. C'est par exemple le cas du réseau Astre en Nouvelle-Aquitaine, qui agit pour la juste rémunération des artistes et qui sensibilise à l'art contemporain ».
De son côté, l'artiste landaise souhaite continuer à développer son activité pour toucher plus de monde, notamment à l'étranger, et pouvoir continuer à vivre de son art. « Je vais travailler sur mon site internet et mes réseaux sociaux principalement. Je ne pense pas faire plus de trois expositions cette année, et je souhaite qu'elles restent locales. L'idée c'est de prendre de l'élan, pour viser en 2025 une exposition au Carrousel du Louvre ». Des objectifs ambitieux, mais n'est-ce pas là le propre du romantisme d'un artiste... ?
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