« J'étais tout sauf prédestiné à faire des bijoux ! », plaisante Kilian Croguennec. Et pour cause, fils de parents chefs d'entreprises, c'est dans l'architecture qu'il fait ses études et qu'il découvre le monde professionnel. « Pendant un temps, j'ai travaillé à Paris dans un magasin qui mettait en avant des créateurs. Je pense que c'est à cette période que mon envie de créer a commencé à se développer ».
Mais le déclic est arrivé plus tard, par l'intermédiaire de sa grand-mère. « Elle avait vu que j'avais des bracelets que je m'étais faits moi-même. Elle en a profité pour me demander de lui en faire un avec une vieille pièce de monnaie que son père lui avait confiée avant de partir au front pour la Seconde Guerre Mondiale. Malheureusement il n'est jamais rentré, et elle a gardé ce souvenir qui lui était très cher. J'ai beaucoup été touché par cette histoire ».
De quelques bracelets pour lui et sa famille, Kilian Croguennec passe à plus de bijoux pour ses amis, des connaissances, puis en 2015, l'activité prenait de plus en plus de place, et il a dû faire un choix. « Je me suis lancé à fond, et aujourd'hui je ne regrette absolument pas ! ». Il commence alors à se faire un nom sur les marchés saisonniers landais, où il s'est installé entre-temps. Depuis, Le Sou Français s'est bien développé, puisqu'il compte environ 150 revendeurs actifs un peu partout dans le monde. « Surtout dans des pays qui ont un véritable intérêt pour la culture française ! », précise le fondateur.
La réussite de la marque peut s'expliquer en partie par ses valeurs : une production française et responsable. Pour le premier point, il suffit de regarder la provenance des matières premières utilisées, et la localisation des entreprises sous-traitantes. Le cuir provient de la tannerie Rémy Carriat d'Espelette et est travaillé à l'Atelier Façon Cuir de Peyrehorade. Les pièces, elles, sont chinées par les trois salariés de l'entreprise, ou alors sont reproduites, à l'identique, du côté de Lyon, grâce à un accord passé avec la Monnaie de Paris. Les emballages, en papier kraft, sont eux réalisés à Mimizan, puis assemblés à l'ESAT d'Arbonne.
« Éthiquement parlant, c'était important pour moi. Lors de précédentes expériences, j'ai notamment dû mentir par moments sur la provenance de produits, et je ne voulais pas ça... Je voulais être transparent et en accord avec qui je suis. Car il y a une dimension humaine derrière tout ça. J'ai besoin de travailler avec le cœur et de croire à ce que je fais, même si ce n'est pas tous les jours facile », concède Kilian Croguennec. « Nous sommes un peu partis dans tous les sens pendant un temps, et à partir de cette année nous voulons revenir à ce que nous faisions au départ : des bijoux. Ainsi, nous ferons moins, mais mieux. Je suis perfectionniste, je préfère nettement ça ! », plaisante-t-il.
Cependant, ça ne change rien à sa fibre d'entrepreneur, puisqu'il continue à avoir des idées et des souhaits pour sa marque. « Pour l'avenir, nous souhaitons développer notre réseau de revendeurs et continuer à ouvrir des points de vente, mais en priorisant des villes en France. Nous devrions par exemple bientôt ouvrir une boutique à Toulouse. Et puis nous sommes toujours en réflexions pour renouveler nos collections. À peine une est sortie que nous réfléchissons à la suivante ! Mais avec la conjoncture actuelle, on avance petit à petit, on s'adapte et on adapte nos projets », conclut Kilian Croguennec, avec beaucoup de recul sur la situation.
Timothé Linard
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