Samedi, les commissaires-priseurs de l’étude Gestas Carrère présentent un chef d’oeuvre du XVIIIème siècle représentant le Béarnais le plus célèbre de l’époque, le chanteur Pierre de Jéliotte.
S’il existe un Panthéon béarnais, Pierre de Jéliotte est assurément de ceux-là. Bien placé entre le bon roi Henri pour les XVI et XVIIème siècles et Bernadotte pour le XIXème, ce natif de Lasseube en 1713, qui n’a jamais tourné le dos à sa région natale, serait probablement le représentant le plus émérite du siècle des lumières.
Fils de Joseph Grichon dit « de Jéliotte », marchand de laine, il chanta enfant à la chapelle de Bétharram où il fut repéré. On l’envoya à Toulouse se former aux fondamentaux musicaux et aux instruments auprès de la Maîtrise de Saint Etienne. Les choses allèrent aussi vite que son talent était grand et il fit ses débuts à l’Opéra à Paris en 1733 à l’âge de 20 ans.
Il devint alors ce célèbre haute-contre qui, sous le règne de Louis XV tint, jusqu’à sa retraite en 1755, les grands rôles du répertoire. Il interpréta notamment en 1745, devant le roi et la cour, le Platée que le grand Jean Philippe Rameau avait écrit pour lui. Il était aussi violoniste de talent et violoncelliste, notamment chez la marquise de Pompadour, ainsi que compositeur (Zélisca, 1745).
Jamais son attachement au Béarn ne fit défaut. Tous les étés il faisait le voyage de Paris à Pau et tous les étés il retrouvait ses amis de Toulouse et du Béarn.
Une oeuvre célèbre de qualité muséale
Ce portrait qui représente Pierre de Jéliotte en tenue simple, en train de jouer de la guitare, est fort différent de ses autres représentations, notamment celles de la collection Wildenstein et du Musée de L’Ermitage de Saint Pétersbourg, véritables portraits d’apparat. Il s’agit ici de l’homme né à Lasseube s’adonnant au plaisir simple de la musique plus que de l’étoile ou du courtisan.
Le tableau n’en est pas moins célèbre, il s’agit d’ailleurs du portrait le plus connu de Jéliotte, une oeuvre que tout le monde reconnaît instantanément tant il a maintes et maintes fois été reproduit. Cette oeuvre est passée dans les plus grandes collections (collection Kleingerger, collection Lady Davis…) et les expositions les plus prestigieuses (Exposition Louis Toquet Paris, Bagatelle en 1911 et Exposition française à Amsterdam en 1922) où elle a toujours été saluée par les conservateurs et les experts pour sa finesse, pour sa qualité d’exécution et par les historiens de la musique pour sa justesse, en un mot, une œuvre de qualité muséale.
Tous les spécialistes s’accordent pour dire qu’il s’agit de l’oeuvre d’une « grande main », c’est-à-dire d’un artiste majeur, mais nul n’est capable de dire lequel. Les experts s’affrontent, les supputations vont bon train, mais faute de preuve, l’attribution reste une énigme. Un mystère qui ne manquera pas de pimenter les enchères de samedi.
De nombreuses pièces aux enchères
Seront également proposé à la vente :
- du mobilier du XVIIIème au XXème siècle ;
- des oeuvres d’art du Pays basque et du régionalisme Pyrénéen (R. Arrue, Elizaga, L.B. Floutier, P. Veyrin, F. Bibal, H. Godbarge, Jiva, C. Lietaer, G. Moreau, F.M. Roganeau, R. Serres, T. Murua…) ;
- des pièces d’art tauromachique (grandes affiches de San Sebastian 1894, Tolède 1903, Logrono 1904, Nîmes 1908, Bilbao 1957 ; sculptures, peintures, gravures)
- des peintures, dessins et estampes du XVIIIème au XXème siècle (M.de Wlaminck, P. Tal Coat, M. Jouenne, N. de Saint Phalle, J. Roux, M.E. Sarthou, J.C. Dragomir, M. Mavro, D. Sabater, Y. Alde…) ;
- des sculptures (Ren Sihong, I. Mitoraj, M. Berrocal, J. Raillard, J.F. Gechter…) ;
- une importante collection d’orfèvrerie des XVIIIème et XIXème siècles (plus de 50 lots).
Le catalogue peut être consulté sur le site interencheres.com – cliquez ICI.
Exposition : vendredi de 15h à 20h et samedi de 10h à 11h30.
Vente : samedi à 14h30.
3, allées Catherine de Bourbon à Pau
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