Grains de Sable

Elles avaient le choix entre une retraite chez des bonnes soeurs, un séjour en thalasso ou quelques jours avec un amant (oui vous avez bien lu : pas avec maman, avec amant). Elles ont éliminé les bonnes soeurs pour éviter trois jours de soupe de légumes sur toile cirée à carreaux. La thalasso ? Payer pour dormir et parler, manger basses calories et tout ça avec des étrangers ? Niet. Quant à l’amant, il fallait en dégoter en urgence, séduire, faire l’intelligente, se raser les jambes, bref, trop de tintouin pour un résultat aléatoire. Le mari et les enfants ? Ben justement, ils les ont mises sur les rotules.

Voilà. Elles étaient trop fatiguées et il leur fallait investir dans du sûr pour revenir prêtes à reprendre le joug. Le sûr, ce sont dans ces cas-là quelques jours entre femmes, la vie entre parenthèses pendant quelques journées trop courtes à ne rien, mais vraiment rien faire. Et c’est fou ce que les journées peuvent passer vite à ne rien faire, entre le petit-déjeuner qui vous bouffe la matinée, le petit tour au marché pour acheter les olives et les fougasses de l’apéritif, le déjeuner pris à tellement pas d’heure qu’il reste juste le temps du bain de soleil avant l’heure du goûter précédent de peu l’apéro et le dîner.

Côté cuisine, elles ont fait simple : pain, olives, salades, du foie gras apporté pour faire la viande et des truffes récupérées sur place pour les tagliatelles fraîches. Simplifier ne veut pas dire manger n’importe quoi ! Côté boisson, simple aussi. Champagne pour l’apéro et vin rouge le reste du temps, histoire de délier les langues, la seule chose qui ne se reposera pas… Psychothérapie de groupe gratos 24/24, secrets échangés, problèmes partagés, moral remonté, la vie est parfois dure et sans cette amitié là, sans doute serait-elle intenable. Bien sûr, il faut revenir, reprendre la charge mais reste au fond du coeur le doux souvenir de l’insouciance, la complicité de quelques jours partagés et les amies, à la vie, à la mort.

Pasquine l’Islet