« Je travaillais depuis six ans comme vendeur pour les Cycles Motosport et on venait de me proposer un poste de directeur de magasin. Mais j’avais des aspirations sociales ; le projet de Récup’Actions me plaisait bien. J’ai postulé, et été embauché. J’ai commencé à travailler avec une feuille blanche et un stylo. Il fallait mettre en place le projet, dont le budget était déjà bien avancé. Quarante jours plus tard, nous inaugurions le local de Mob 65 destiné à la location de mobylettes, dans la rue de Clarac. J’avais 26 ans, j’étais hyper motivé » raconte Michaël Ducrocq.
Deux ans plus tard, on lui proposera de prendre les commandes de l’association, pour y développer plus de solutions de mobilités. La transformation en une nouvelle structure se révèle très compliquée au départ, la première difficulté consistant à trouver des soutiens financiers. Par chance, des fondations s’engagent rapidement, à l’image de Vinci qui va permettre l’achat de scooters et d’un camion de dépannage.
Yves Loupret m’a parlé d’auto-écoles sociales, j’étais emballé…
« Mob 65 était alors chantier d’insertion, et nous financions le permis de conduire de nos employés, dans des auto-écoles classiques. Nous avons alors constaté qu’il y avait beaucoup d’échecs, souvent liés à des problèmes de compréhension. Yves Loupret, directeur de la Mission Locale de Tarbes, m’a parlé alors de l’existence d’auto-écoles sociales, que l’on ne trouvait pas sur les Hautes-Pyrénées. J’étais emballé… ».
Le projet est présenté aux financeurs locaux, qui adhèrent tout de suite. Un premier test est effectué en 2010, avec 12 élèves. Le succès est immédiat : 70% de réussite en six mois seulement. Trois moniteurs sont recrutés, dont Florian Hourdou, toujours en poste actuellement.
« L’âge moyen des gens que nous recevons est de 40 ans environ. Ils sont tous en difficulté, avec des problèmes de confiance en eux, de compréhension, d’émotivité… Certains ont même abandonné l’idée d’avoir leur permis. Il était donc indispensable que le moniteur ait une vraie approche sociale ».
Notre objectif est de les aider à trouver du travail, tout en réduisant les inégalités
Les cours quotidiens leur permettent de sympathiser, de créer des liens. Il leur faut entre six mois et un an pour obtenir le code. C’est après entretien avec une assistante sociale qu’ils sont dirigés vers l’auto-école solidaire, car ils doivent présenter un réel projet d’insertion dans le monde du travail par la suite. Aujourd’hui, ils sont plus de 80 à attendre de passer leur permis, et les financeurs, conscients de ce problème de mobilité, n’hésitent pas à mettre les moyens.
Depuis novembre 2021, une deuxième antenne a ouvert à Lourdes, pour répondre à la demande. Une quinzaine “d’élèves” y sont inscrits, et les quatre premiers à se présenter au code ont tous été reçus.
« Nous prenons le temps nécessaire avant de les inscrire, et nous partons sur une base de 40 heures de conduite, au minimum. Notre objectif étant de les aider à trouver du travail, tout en réduisant les inégalités » souligne Michaël Ducrocq.
Derrière le petit document rose, un grand ciel bleu s’ouvre à l’horizon.
Mob 65 : 31 Rue Georges-Lassalle à Tarbes et 22 Avenue du Maréchal Joffre à Lourdes
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