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Edito

Paysan : un métier stratégique qui mérite, enfin, d'être respecté
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La France est engluée dans ses contradictions et les paysans en font la dramatique expérience. Les suicides de paysans se multiplient, tandis que des dizaines de milliers de familles sont au bord de la faillite et vivent dans des conditions incroyablement difficiles.

Pourtant ce sont ces mêmes paysans qui ont assuré la sécurité alimentaire après la dernière guerre, consentant de lourds investissements et montrant une remarquable capacité d’adaptation. Et ce sont ces mêmes paysans qui ont bâti l’essentiel d’une filière agro-alimentaire devenue un secteur clé : celui qui contribue le plus à la richesse de la France, en termes de poids économique, d’exportations et d’emploi. Oui, c’est le premier employeur de France et cette industrie génère à elle seule 2,5 millions d’emplois directs et indirects.

Et...

Hélas, les paysans ont été délaissés et oubliés par la classe politique ces dernières années. Parce que leur nombre a sensiblement diminué et qu’ils ne représentent plus le même poids dans les urnes ? Plus grave, les paysans n’ont pas été respectés dans leur dignité comme dans leur mission tellement essentielle pour garder en vie nos territoires et pour valoriser nos terroirs. On les a fait passer pour des assistés. On a porté contre eux les pires accusations concernant cette terre, leur terre, qu’ils aiment, qu’ils entretiennent avec passion et qu’ils connaissent mieux que personne (en tous cas infiniment mieux que les donneurs de leçons "parisiens").

Ce sont de graves erreurs qu’il faut rattraper d’urgence.

Paysan, c’est aussi un métier stratégique au niveau de la planète. Tout simplement pour la nourrir. La population mondiale passera de 6 à 9 milliards d’humains d’ici 2050 et le défi alimentaire est gigantesque. Ce sera l’un des grands enjeux des prochaines décennies. Le défi ne pourra être relevé qu’en combinant au mieux toutes les agricultures, de la plus industrielle à la plus artisanale et la plus biologique. Et il y aura besoin pour cela de tous nos paysans. De ceux réunis au sein des puissants groupes industriels coopératifs français, comme de ceux qui jouent la carte de la proximité et des circuits courts.

Il est temps que la France rende aux paysans le respect et la dignité qu’ils méritent. Il ne s’agit pas d’ « aider » les paysans (ils ne demandent pas la charité), mais de repenser la manière dont ils pourront, demain, exercer librement leur métier avec une visibilité raisonnable. Leur courage, leur créativité et leur capacité de travail (ils sont bien loin des 35 heures) feront le reste. Et si pour cela, il faut lancer un sévère bras de fer (à l’anglaise) avec la Commission européenne, alors il ne faut pas hésiter.

Espérons que le salon de l’agriculture en cours ouvrira les yeux de la classe politique française. Comme les paysans l’ont rappelé sans ménagement ces jours-ci, ils attendent désormais des actes forts, et ils on bien raison.

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