Comment est venue l’idée d’écrire un livre ?
Pierre de Cabissole – J’étais une nouvelle fois à l’hôpital, pour 3 semaines. Ma cousine, Maylis, médecin urgentiste, m’a mis au défi d’écrire ce témoignage, à partir de mon vécu dans le milieu hospitalier. J’ai dit chiche. A la fin de mon hospitalisation, l’ouvrage était bouclé. J’y parle de mes victoires comme de mes renoncements, des joies et des déceptions, voire des désillusions, de mes révoltes, de mes coups de coeur et de mes amours. J’évoque des moments surprenants, improbables ou même cocasses liés à la maladie, au handicap, au milieu hospitalier.
Vous aviez déjà écrit ?
P. de C. – Non, jamais. C’est sorti d’un seul trait. C’est une écriture naturelle, cash et sincère. J’ai aimé cet exercice dans lequel j’ai trouvé une certaine tranquillité, une capacité supplémentaire à prendre de la distance par rapport au quotidien de la maladie. Du coup, j’y ai pris goût et je prépare deux romans. Malgré les lourdes contraintes imposées par un corps malade, c’est une satisfaction de pouvoir libérer l’esprit pour poser des mots.
P. de C. – D’autant plus que je ne suis pas bavard. Mais j’y ai trouvé l’opportunité, avant tout, d’apporter un témoignage à la compagne de ma vie. J’ai écrit ce livre pour cela, pour ma femme et ma fille. Pour leur dire aussi que si je ne parle pas beaucoup, c’est pour les protéger. C’était aussi une manière de faire un bilan de 10 ans de combat contre cette maladie, de dire simplement, sans détours, comment je franchis les obstacles, les périodes de découragement.
Ou puisez vous votre force ?
P. de C. – Justement, dans cette volonté de ne pas, ou très peu, m’exprimer. J’ai pris la décision de ne pas me plaindre. Jamais. Dans la maladie, on peut susciter de la pitié ou de l’admiration. J’ai fait mon choix. Je ne suis pas plus costaud ni plus endurant qu’un autre, mais je réussis à prendre de la force dans chaque signe d’admiration que je reçois en retour de mon comportement.
P. de C. – En fait, j'ai écrit le livre en deux semaines, après avoir réfléchi pendant une semaine à la forme et au style. J'ai ainsi choisi un récit anachronique, avec multiplication de flashback et de flashforward, comme pour damer le pion à une maladie chronique. Quant au style, j'ai opté pour un mode plutôt « parlé », qui à mon sens permet de mieux inviter les lecteurs à me suivre dans mon intimité. Comme si je racontais mon histoire à un ami, autour d'une bière et en rigolant beaucoup. Enfin, mon livre se termine par un chapitre qui ne parle pas de la maladie, mais qui est une déclaration d'amour à ma compagne pour montrer que c'est bien là le plus important.
Vous êtes aussi chef d’entreprise. Depuis quand ?
P. de C. – J’ai créé la boîte, il y a 10 ans, juste avant d’apprendre que j’étais atteint par cette maladie incurable. C’est quelque part une belle anticipation de la vie, puisque j’ai pu développer cette entreprise malgré la sclérose en plaques. Aujourd’hui, Supamonks Studio emploie 60 à 100 personnes suivant les périodes.
P. de C. – Supamonks est un studio principalement ciblé sur la production de publicités animées, mais aussi sur des séries pour les enfants et des travaux pour le secteur des jeux. Tout a démarré par la réalisation d’un court-métrage : « Super Moine », l’histoire d'un moine badass attaqué par un groupe de vikings assoiffés de sang. Son succès spectaculaire nous a décidé à partir dans cette aventure de la création d’entreprise, avec un nom inspiré de notre premier héros.
Vous étiez un passionné de surf ?
P. de C. – Oui, c’était ma passion dans les Landes. Mon père m’avait transmis le virus que je pensais bien faire partager à mon tour. Cela a été terrible de renoncer. Pendant 4 ans, j’ai refusé de retourner à Contis de peur de ne pas supporter de voir les autres sur les vagues. Pour cela, comme pour beaucoup d’autres choses, il faut du temps, parfois beaucoup de temps pour accepter, digérer.
Pour en revenir au livre. Quels retours ?
P. de C. – Très positifs. Je pense que les gens sentent que je dis la vérité et qu’ils apprécient ce style cash et naturel. Dès le départ, c’est ce qui a accroché. D’abord ma neurologue à qui je l’avais fait lire en premier. Puis l’éditeur, avec qui elle m’a mis en contact. Chez Grasset, ils m’ont simplement amené à enlever une cinquantaine de pages pour alléger la lecture, mais sans rien changer au style et aux contenus. Je reçois beaucoup de témoignages très positifs : un très bel encouragement !
Il ne vous reste plus qu’à lire « Et vivre encore », le livre de Pierre de Cabissole, édité chez Grasset - cliquez ici
260 pages.
Prix : 18.00 € - Prix du livre numérique : 12.99 €
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