On se demande quel esprit tortueux et chagriné a élaboré la nouvelle stratégie automobile que l’Europe nous impose. Parce que, finalement, de quelque côté que l’on considère les solutions proposées, rien ne tient, tout est ubuesque, contraignant, dogmatique et hors sol. Même la très sérieuse Ademe (Agence de l’Envioronnement et de la maîtrise de l’Énergie) a publié un rapport édifiant concernant les batteries et leur utilisation, à la veille du Mondial de l’auto à Paris. On met les pieds dans le plat et le doigt dans la prise ?
À commencer par la décision de ne vendre dans l’UE que des véhicules électriques en 2035 « avec des conséquences sociales pas gérables » selon Carlos Tavares, le Dg de Stellantis (Peugeot – Fiat - Chrysler) . Plus près de nous, par la date butoir du 1er janvier 2025, à partir de laquelle il sera interdit à un Français sur deux de pénétrer dans les zones à faibles émissions, les ZFE, sur les villes de plus de 150 000 habitants. Dans les deux cas, cela signifie que les propriétaires de véhicules thermiques vont devoir changer de voiture (donc la vendre, mais qui en voudra ?, variante, la balancer à la casse), ou arrêter de rouler. Quand on se souvient que les Gilets jaunes étaient sortis du bois et avaient envahi les ronds-points pour une augmentation de 0,03 euros des carburants, on se prépare de sacrées journées…
Le prix, parlons-en. Selon le même Tavares, « proposer des voitures à moins de 20 000 euros, hors bonus, dans les trois à cinq prochaines années est improbable, et elles ne seront certainement pas fabriquées en France. » D’ailleurs, la lecture des catalogues est édifiante : pour une citadine électrique, compter 7 390 euros pour la Citroën AMI, d’une autonomie de 70 Km, 39 950 pour la BMW i3 (359 Km). Pour les compactes, cela va de 32 900 pour la Nissan Leaf (270 Km) à 43 710 pour la VW ID.3 Pro S (550 Km). Et ne parlons pas des berlines, avec la Tesla Model 3 à 49 990 (409 Km)et le Model S à 104 990 euros (610 Km). Point commun à tous ces modèles : ils sont chers, très chers et hors de portée des ménages français, pressurés de toute part.
Continuons par les batteries, dont le manque d’autonomie est flagrant, comme illustré plus haut. Cetrte semaine, notre confrère L’Argus a révélé les meilleures performances par modèles, avec en tête la Mercedes EQS 450+ (667 Km), suivie de la VW ID4 (560 Km), de la Porsche Taycan (552 Km) toutes vendues à des prix exhorbitants. Et en queue de peloton, la Peugeot e-Rifter (212 Km), la Dacia Spring (182), la Mazda MX-30 (177) et enfin la Honda e (173 Km). Pas de quoi se pavaner.
On laissera de côté, c’est notre côté charitable, le mix énergétique, puisque la batterie implique deux fois plus d’énergie que sur une voiture thermique. L’utilisation à outrance de métaux lourds, de lithium, de graphite, de cobalt pose question, et est dénoncée par certains comme une catastrophe écologique. Le serpent se mordrait-il la queue ? Illustration : le lithium provient à 80 % de la jonction du Chili, de l’Argentine et de la Bolivie. Son extraction exige l’utilisation de chlore, bien sûr polluant, et celle d’eau, de l’ordre de 2 milliards de litres pour chaque tonne de lithium traité… Idem pour le cobalt, dont le Congo détient la moitié des réserves mondiales, extraits souvent par des enfants, une situation dénoncée par les assos humanitaires. Ici, certains silences sont assourdissants.
Pour toutes ces raisons, on hésite entre la construction d’un circuit particulier dans son jardin, un exil en Patagonie où on nous foutra la paix, ou un hara kiri spectaculaire devant le ministère de l’Écologie. Quoique ce serait avouer une défaite. Or, quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt…
Dominique Padovani
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