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QUINCENA MUSICALSaint-Sébastien, capitale estivale du lyrique et de la danse

Du 1er au 29 août, Saint-Sébastien et bien au-delà vibreront au son des plus grandes pages du répertoire classique.
Le Concert des Nations à Paris en 2022
Philippe Matsas SAVALL DR
La 86e édition de la Quincena Musicale s’annonce aussi lyrique qu’éclectique, avec des pointes de danse, des crescendos vocaux et un hommage tout en nuances à Maurice Ravel.
L'ensemble Bayona
David Ruano DR

S’il fallait un chef d’orchestre à l’été basque, nul doute que la baguette serait tendue vers la Quincena Musicale. Depuis 1939, cette grande messe artistique fait vibrer Saint-Sébastien – et tout un territoire – aux sons des plus belles pages de la musique classique. À l’heure où la plupart des festivals jouent la carte de l’éclectisme tous azimuts, la Quincena assume fièrement sa fibre savante, mais sans jamais jouer les partitions poussiéreuses. Du 1er au 29 août 2025, c’est une véritable symphonie de talents qui s’emparera des scènes du Kursaal, du Théâtre Victoria Eugenia, de Tabakalera, mais aussi de nombreuses salles en Navarre, en Alava, en Gipuzkoa et même au Pays basque nord.

Et cette année, la programmation a mis les petits motifs dans les grands mouvements. 80 événements, pour autant d’escales musicales ou chorégraphiques, réunissant les pointures de la scène internationale, les jeunes pousses de demain et la crème du terroir basque.

L’appel du bel canto

Si cette 86e édition devait avoir une clé de sol bien à elle, ce serait sans doute celle de la voix, tant la programmation en fait son leitmotiv. Et parmi les divas et divos convoqués, Xabier Anduaga tient le haut de l’affiche. Le ténor donostiarra revient à domicile auréolé de ses succès planétaires, pour deux rendez-vous incontournables : un Stabat Mater de Rossini (le 4 août), où sa tessiture dramatique épousera celle de la soprano Federica Lombardi et de la basse Will Thomas, puis un récital de haut vol au Victoria Eugenia (le 12 août), entre airs d’opéra et lieder finement ciselés.

Autre date vocale à entourer en rouge sur sa partition estivale : le 9 août, avec la résurrection scénique d’"Amaya", opéra lyrique de Guridi inspiré du roman basque de Navarro Villoslada. Portée par l’Euskadiko Orkestra, le Chœur Easo et des solistes enracinés dans la culture locale, cette œuvre rare réaffirme la vitalité de l’opéra d’ici.

La Capella National de Catalunya
JM Peláez DR

Et que dire du 20 août, où la Quincena bascule côté Broadway, avec une version concert de West Side Story signée Bernstein ? C’est un chœur Easo tout feu tout flamme, une Euskadiko Orkestra en swing et la soprano Miren Urbieta-Vega, qui incarnera Maria, pour une soirée aussi lyrique que chorégraphiée.

Quand la danse entre en scène

Pour ouvrir le bal, la Quincena commence cette année… en dansant. Le 1er août, l’Auditorium Kursaal accueillera la dernière création du chorégraphe Angelin Preljocaj, « Requiem(s) ». Cette œuvre poignante interroge la mémoire, la perte, la vie aussi, à travers les vibrations de Mozart, Ligeti, Messiaen ou encore Haas. Un requiem chorégraphique aussi lumineux que bouleversant.

Et la danse ne quittera plus la scène. Du flamenco métaphysique de Rafaela Carrasco au cycle Tabakalera Dantzan en passant par les variations folk, contemporaines ou inclusives, elle viendra souffler le rythme sur les différents plateaux. À noter : la résidence menée par Idoia Zabaleta, les performances éclatées de Laida Aldaz ou Luz Prado, et les incursions dans le patrimoine populaire avec Gure Kai Dantza Taldea.

L'orchestre d'Euskadi
Alex Abril DR

Orchestres XXL, solistes de prestige

Côté musique symphonique, la Quincena tutoie l’élite. À commencer par la venue "événement !" du Gewandhausorchester de Leipzig, dirigé par Andris Nelsons. Pour sa toute première apparition à Saint-Sébastien, l’orchestre le plus ancien du monde civil offrira deux soirées de prestige, dont une avec Hilary Hahn en soliste (28 août), et une seconde avec l’Orfeón Donostiarra pour un Requiem Allemand de Brahms qui s’annonce anthologique (29 août).

Le reste du mois ne sera pas en sourdine. Entre l’Orchestre de l’Opéra National de Paris (avec un programme hommage à Maurice Ravel dirigé par Thomas Adès, le 27 août), l’Orquesta Nacional de España, le Palau de les Arts de Valencia ou encore Jordi Savall avec Le Concert des Nations, c’est toute la grande famille symphonique européenne qui se donne rendez-vous au Pays basque.

Le répertoire balaye trois siècles d’histoire, de la Symphonie n°2 de Beethoven au Concerto pour la main gauche de Ravel, en passant par le très cinématographique « Anneau sans paroles » de Wagner revisité par Lorin Maazel.

Mais la Quincena n’est pas qu’un musée sonore à ciel ouvert : elle fait aussi battre le cœur des enfants. Le 26 août, elle présentera la première de "Nizugu", opéra contemporain créé par et pour les jeunes, avec le soutien de la chorale Easo. Entre durabilité, inclusion et sensibilisation à la musique vivante, cette production reflète l’engagement de la Quincena envers les générations futures.

Clins d’œil à Ravel


Cette année, la Quincena rend hommage au plus célèbre des compositeurs basques, Maurice Ravel, pour les 150 ans de sa naissance. Un hommage tout en subtilité : entre classiques (Le Tombeau de Couperin, La Valse…), relectures (Jagoba Astiazaran et Iñar Sastre), interprétations historicistes (Concert des Nations), et éclats contemporains.

La série des Andantes étendra la portée du festival jusqu’à Senpere ou Arantzazu, tandis que le Cycle Orgue, la Quincena des enfants, la Quincena des amateurs éclairés, et les concerts offerts dans des lieux patrimoniaux continueront d’offrir une expérience totale. Plus de 60 propositions accessibles, souvent gratuites, parfois surprenantes, toujours généreuses.

Avec des places dès 11,60 € au Kursaal, des billets à 3 € pour les moins de 30 ans une heure avant les concerts, et de nombreuses séances en accès libre, la Quincena Musicale soigne autant la virtuosité que la démocratisation. Et si l’on en croit les chiffres des éditions précédentes, la salle n’a rien d’un tombeau silencieux : les concerts affichent souvent complet, portés par un public fidèle, local et curieux.

Les billets sont disponibles sur www.quincenamusical.eus et dans les guichets du Kursaal ou du Théâtre Victoria Eugenia.

Sébastien Soumagnas

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