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Jean-Roger Sourgen garde la Côte

Deux œuvres typiques du célèbre « peintre des Landes » se sont vendues à Dax, à des prix qui confirment le statut acquis ces dernières années par l’artiste…
SOURGEN 6
Avec des paysages épurés, soigneusement mis en scène et en lumière, Sourgen a peint les Landes comme personne. Et c’est peut-être bien ce qui fait aujourd’hui sa gloire : cette atmosphère simple et unique dans laquelle baignent ses tableaux.

Né à Vielle-Saint-Girons le 13 juillet 1883, fils de douanier et de ménagère, descendant d’une longue lignée de paysans de Mézos, Jean-Roger Sourgen n’était pas franchement destiné à vivre de peinture et d’eau fraîche. Son parcours chaotique en témoigne. Tour à tour chasseur, menuisier, coureur cycliste, marchand de bicyclettes, horloger, photographe et éditeur de cartes postales, il eut plusieurs vies et ne se mit à peindre sérieusement qu’à la suite d’une rencontre avec son homologue dacquois Alex Lizal. Et l’on devine d’ailleurs l’influence de ce dernier dans les choix picturaux faisant aujourd’hui le succès de l’artiste dans les salles de vente.

La petite histoire de Sourgen est bien connue, de son mariage avec la belle Catherine Soubeste (en 1908) à son installation à Hossegor (en 1925) en passant par un séjour fondateur au Maroc (en 1915) dont le souvenir s’est perpétué dans quelques-unes de ses peintures et après lequel il se consacra exclusivement à son art. À l’époque même où Rosny Jeune décrivait depuis la Bretagne un Hossegor sauvage de début de siècle, Sourgen emménageait dans la villa « Rêver, peindre, chasser », imaginée pour lui par l’architecte Henri Godbarge, auquel on doit le Sporting Casino et bon nombre d’autres demeures de la station. Des villas et édifices que notre peintre a volontiers décorés. Et qui font peut-être que des œuvres de Sourgen se retrouvent assez régulièrement sur le marché…

Un score conforme aux attentes…

Dans la carrière « post mortem » de l’artiste (décédé en 1978 à Labenne), la vente aux enchères luzienne du 7 août 2017 a indéniablement marqué un tournant, quelques années seulement après une riche exposition dacquoise et la sortie d’un fameux ouvrage de Jean-Roger Soubiran, tous deux consacrés au peintre en 2010. Lors de cette vente de Saint-Jean-de-Luz, l’intégralité des 154 lots proposés, tous issus de l’atelier Sourgen, a été dispersée pour un montant total quatre à cinq fois supérieur aux estimations. Avec en tête de gondole un Lac des Landes au crépuscule (1938) ayant atteint 61.965 € (frais compris, estimé 3.000 à 5.000 €, adjugé 51.000 €). L’été dernier, un Fond du lac d’Hossegor avait encore été adjugé 15.500 € à Dax.

La vente organisée par la SVV Landes Enchères, le 31 mars dernier à Dax, n’était donc pas sans intérêt pour prendre la mesure, quelques temps après ces succès, de l’engouement suscité par le travail de Jean-Roger Sourgen. Car y étaient proposées deux œuvres qui, outre leur sujet (les Landes éternelles !) et leur composition bien équilibrée, présentaient de belles dimensions, dans le même format vertical que le lac au crépuscule, moins fréquent chez le peintre. Deux œuvres des plus caractéristiques du style de Sourgen, et qui plus est achevées dans les années 1930, période faste d’Hossegor et de l’artiste. Si donc des œuvres de Sourgen se retrouvent assez fréquemment dans les salles de vente des Landes et du Pays basque (et parfois en galerie ou sur des sites d’enchères grand public), les deux spécimens vendus dernièrement valaient qu’on s’y attarde.

Assortis d’estimations en rapport avec le statut actuel du peintre, c’est-à-dire entre 12.000 et 18.000 €, ce Paysage lacustre et ces Pins sur la dune n’ont pas affolé les compteurs. Mais respectivement adjugés 12.500 et 14.000 €, ils se sont bel et bien montrés à la hauteur des espoirs placés en eux. On pourrait même dire que leurs acquéreurs n’ont pas fait une mauvaise affaire. Les singuliers Pins sur la dune, rougis par le soleil et dont les cimes répondent aux formes d’un gros nuage dominant l’océan lointain, font peut-être bien partie des productions les plus typiques et abouties de l’artiste.

Évidemment, tout le monde n’a pas le loisir d’accrocher une telle œuvre dans son salon… Mais on peut tout à fait aller s’en faire une idée dans les musées de la région, à commencer par l’écomusée de Marquèze et le musée de Borda de Dax ! Pour s’occuper par temps pluvieux…

Photos : Côte Basque Enchères et Drouot

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