On prend les mêmes et on recommence… en mieux. L’instrument SuperCam, version élaborée de la ChemCam de la mission Curiosity (toujours en fonctionnement), permettra des analyses géologiques et chimiques à distance et à l’échelle de l’atome dans le cadre de la prochaine mission Mars 2020, qui se propose de repartir « à la recherche de biosignatures martiennes ».
Concrètement, ce petit bijou à 20 M€ « réalisera des tirs lasers focalisés sur un point de roche, qui auront pour effet de le chauffer jusqu’à une température de 8.000°C. La lumière émise par le plasma créé sera analysée et fournira la composition chimique des roches, explique le Cnes. SuperCam comporte également un spectromètre Raman et un spectromètre infrarouge. Leur utilisation, en association, donnera la composition minérale des roches et détectera la présence éventuelle de molécules organiques ».
En d’autres termes, l’outil nous renseignera d’un côté sur la formation de la planète rouge, et de l’autre sur de potentielles traces d’anciennes formes de vie. Et non, ce n’est pas de la science-fiction…
8 centres de recherches et 150 experts mobilisés…
Pour être plus précis, cette « SuperCam » se composera de 3 parties : une unité optique positionnée sur le mât du rover Mars 2020 (la partie essentiellement toulousaine), l’unité de spectrométrie positionnée dans le corps du véhicule (partie américaine), et enfin les cibles de calibration, fournies par l’Université de Valladolid et 3 fois plus nombreuses que sur la ChemCam.
La SuperCam sera l’un des 7 instruments scientifiques embarqués de la mission, qui contrairement à Curiosity permettra la collecte et le stockage d’échantillons, lesquels pourront ainsi « être récupérés et envoyés sur Terre lors de missions ultérieures ».
Comme la ChemCam, qui aurait déjà permis l’analyse de quelque 2.400 cailloux sur la planète rouge à travers 600.000 tirs laser (et devrait prolonger son travail jusqu’en 2022), la « mast unit » de la SuperCam aura fait travailler un grand nombre de parties prenantes, et même davantage puisque le Lesia (Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique, fournisseur du spectromètre infrarouge, qui permettra d’effectuer l’un des 3 types d’analyses) et le Latmos (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales) se seront greffés au consortium piloté par le Cnes et L’IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie), qui comprend aussi le laboratoire d’astrophysique de Bordeaux et l’observatoire Midi-Pyrénées.
Le module sera par ailleurs équipé d’une caméra couleur, ainsi que d’un micro conçu par l’ISAE-Supaero, pour écouter le rover, le laser et l’environnement de Mars. Frissons garantis.
La ville rose toujours en pointe…
Évidemment, les industriels se sont eux aussi mobilisés pour ce projet, et à plus forte raison parce qu’un incident, en fin d’année dernière, a nécessité la fabrication d’un nouveau modèle de vol en seulement six mois. La Comat de Flourens, avec l’appui d’une dizaine de sous-traitants, en aura notamment livré 250 pièces en un temps record. Le laser est quant à lui fourni par Thales, tandis que des sociétés locales comme Microtec (qui opère dans l’électronique) ont également été nombreuses à participer. Le projet aurait mobilisé plus de 150 personnes dans l’Hexagone.
Côté calendrier, après l’envoi cette semaine de notre précieuse unité optique en Californie (conditionnée dans sa « boîte » de 250 kg), au Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, elle sera intégrée au rover, qui rejoindra la Floride en fin d’année en vue du lancement, prévu en juillet 2020. L’atterrissage en terre promise est annoncé pour février 2021.
À côté de cette mission, le savoir-faire toulousain, sollicité pour la mission Mars InSight de l’an dernier (via la livraison du sismomètre SEIS), sera également mis au service des missions ExoMars 2020 (mission européenne et russe) et HX-1 (mission chinoise), aussi programmées pour l’été prochain. Un peu de ville rose sur la planète rouge, encore et toujours…
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