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COUP DE CŒUR« Nous, paysans » : hier, aujourd’hui… et demain ?

Trois agriculteurs-éleveurs basques ont participé à ce documentaire : Maïna Chassevent, Félix Noblia, Michel Lataillade. Diffusion ce mardi 23 février à 21h05 sur France 2...
FERME LARROUS 00

Le film « Nous, paysans » de Fabien Béziat et Agnès Poirier, écrit en collaboration avec Hugues Nancy et raconté par Guillaume Canet, laisse la part belle aux témoignages de paysans d’hier et aujourd’hui, accompagnés d’archives exceptionnelles qui plongent le spectateur au plus près de la vie rurale telle que l’on connue nos grands-parents et arrières grands-parents.

On y suit le bouleversement complet d’une population qui constituait la grande majorité du pays au début du 20e siècle, avec deux-tiers des travailleurs qui produisaient l’essentiel des richesses, pour n’être aujourd’hui qu’une infime minorité confrontée à d’immenses défis : continuer à nourrir les Français tout en les rapprochant de leurs agriculteurs, en réinventant une agriculture plus soucieuse de l’environnement.

Cent ans qui connaîtront la vie modeste qui constituait la norme à une époque rythmée par les animaux et les saisons, le métayage qu’il faut impérativement régler au propriétaire, le mépris de ceux « qui ont réussi » en partant à la ville, la colère des viticulteurs du Midi qui se transforme en mouvement populaire, les guerres qui ravagent les campagnes et aggravent la souffrance des hommes, la crise économique, l’exode, le poids de la hiérarchie familiale qui étouffe les jeunes, l’espoir d’une meilleure vie avec l’arrivée de la mécanisation des tâches, le soja américain qui bouleverse la donne, l’endettement, l’utilisation à outrance des pesticides - appelés à tort « phytosanitaires »-, le productivisme à tout prix qui poussera certains au suicide, le désenchantement, les limites d’un système devenu obsolète…

Dans ce documentaire d’une heure trente, les téléspectateurs des Pyrénées-Atlantiques découvriront le témoignage de Félix Noblia, 35 ans, éleveur céréalier et maraîcher de la ferme Larrous à Bergouey-Vieillenave, auprès de Michel Lataillade, ancien éleveur, et Maïna Chassevent, jeune éleveuse de chèvres.

Pas très difficile pour la production de contacter Félix, déjà très médiatisé pour son engagement dans l’agro-écologie. « La chaîne m’a appelé pour me présenter ce documentaire, et me demander d’intervenir à propos des perspectives et du futur. L’équipe de tournage est venue s’installer chez moi pendant quelques jours, le courant est très bien passé avec les réalisateurs. J’ai argumenté en faveur de l’agro-écologie, en expliquant qu’elle permettait de stocker du carbone dans les sols, d’améliorer la biodiversité et produire des aliments bons pour la santé et la planète. Ce système est socialement équitable, les agriculteurs peuvent en vivre… ».

Mais Félix regrette que les nécessités du montage n’aient pas gardé le développement de sa vision d’une agriculture au schéma plus vertueux, dans lequel pourtant la proportion de jeunes qui s’installent est en constante progression. Au point qu’aujourd’hui la moitié de ces exploitations concerne des circuits courts au Pays Basque.

« J’aimerais que les gens retiennent que ce métier-là est très dur, qu’il mérite d’être mieux valorisé. Qu’ils fassent plus d’efforts sur l’attention qu’ils portent à leur alimentation et la provenance de cette alimentation, même si le fait de se nourrir est malheureusement commandé par le porte-monnaie. Car nous sommes face à un énorme défi : on n’a qu’une planète, et on doit la préserver. Il s’agit d’un combat collectif. Il y a eu un passage dans l’histoire de l’agriculture que je considère comme une erreur de l’humanité, c’est aujourd’hui une question de résilience de la société. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements des découvertes sur le vivant, il reste tout à découvrir. Je pense qu’on va revenir à certaines choses qui vont remettre plus de sens dans notre lien à la nature dans les prochaines années. De toutes façons, soit ce sera ça, soit ça n’existera plus… ».

Et ce n’est pas Maïna qui dira le contraire. Face à la disparition du métier traditionnel de bergers, la crainte pour l’éleveuse de chèvres de voir les paysages se refermer peu à peu sur la fougère, les premiers arbustes, les arbres, pour n’être plus dans dix ans que forêts, résume bien la nécessité de préserver les estives pour les troupeaux.

Le documentaire Nous Paysans sera suivi d’un débat présenté par Julian Bugier, des documentaires L’Installation (Infrarouge) et La Nouvelle Clé des champs (Infrarouge).

À ne surtout pas rater sur France 2 mardi 23 février à partir de 21h05 !

Et pour en savoir plus sur Félix Noblia – cliquez ici

 

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