Deux ans plus tard, pour éviter toute spéculation interdisant aux populations locales les plus fragiles d’acquérir un toit, Etxalde décide donc d’acheter, en tant que personne morale, des biens pour leur proposer à la location sous forme de logements sociaux.
Mais dans la majorité des cas, les locations restent éphémères. L’occupant en est conscient, et ne cherche pas forcément à entretenir les lieux, ni à améliorer les relations avec ses voisins ou participer à la vie du quartier. Car le jour où le propriétaire décide de vendre, ne possédant pas - dans la majorité des cas - les moyens financiers pour se porter acquéreur, il ne lui reste plus qu’à partir.
Pour sortir de ce schéma traditionnel et du rapport de subordination « bailleur-locataire », l’association réfléchit depuis 2018 à une solution. Celle-ci pourrait bien se présenter sous la forme d’une proposition d’acquisition du statut d’usufruitiers à ses occupants.
« On s’est rendu compte que l’on voyait les choses différemment, selon qu’on était locataire ou propriétaire. L’idée de leur proposer de devenir usufruitier favorise la sédentarité choisie, et leur donne envie de s’investir d’avantage dans un logement, un quartier qu’ils ont décidé d’habiter. Ils sont reconnus comme des gens de là par les voisins, ça facilite l’entraide et la solidarité » explique Beñat Etchebest, animateur du projet.
Ce passage de locataire à usufruitier, avec acte notarié, leur garantira ainsi de rester dans leur habitation aussi longtemps qu’ils le souhaitent, moyennant le versement à Etxalde, qui devient nu-propriétaire, d’une contribution à l’acquisition et la responsabilité de l’entretien.
« Une fois que le bien aura été entièrement remboursé, cette contribution servira alors à en acheter d’autres, qui entreront à leur tour dans le circuit. Au décès de l’usufruitier, les proches pourront à leur tour profiter de l’usage du bien, c'est-à-dire son occupation, tout en continuant à verser leur contribution. Cela permet un autofinancement puisque la population qui en bénéficie génère elle-même des fonds pour acheter d’autres biens, et contribue à élargir ainsi la démarche dans un système vertueux. »
En décembre 2020, Etxalde a reçu une aide financière de la Région s’élevant 40 000 €. Elle permettra à l’association d’agir sur trois axes : se transformer en Société Coopérative d’Intérêt Collectif, former les locataires pour leur proposer de devenir usufruitiers, et travailler sur la transférabilité, en essayant de modéliser l’action vers d’autres structures de quartiers ou de villages.
« Il faut gentiment arriver à se débarrasser de ce système lourd qui dépossède les gens de leurs responsabilités d’action, et faire en sorte qu’ils redeviennent plus acteurs, moins consommateurs » conclut Beñat Etchebest.
Après la Soule, Etxalde, qui compte une soixantaine de membres et possède depuis 2007 six logements sur Mauléon, un local associatif et dix garages, souhaite acquérir un appartement sur la Côte basque, à Bayonne. Histoire de prouver que c’est tout à fait possible, surtout lorsqu’on est une personne morale, engagée dans une démarche collective.
Pour en savoir plus sur sa démarche, Etxalde organise une visioconférence participative le lundi 1er février, de 18 h 30 à 20 h. Il suffit de se connecter en cliquant ici
Informations sur le site internet, cliquez ici
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