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1500 COUPS DE POUCEOui Cheffe ! La mode passe à table avec Émilie

À Capbreton, dans les cuisines de L’Esquirou, Émilie Cristofari tranche net dans le monde encore trop neutre des vestes de cuisine.
Emilie veut que les femmes soient cheffes… et que cela se voie
Oui Cheffe DR
Avec “Oui Cheffe”, sa marque de tenues de cuisine pensées pour les femmes cheffes, elle revisite l’uniforme avec panache et conviction.
Oui Cheffe, ce sont des coupes ajustées, des vêtements pensés pour bouger
Oui Cheffe DR

Dans la grande cuisine des métiers exigeants, on connaît l’importance d’un bon tablier, d’une veste bien coupée, d’un pantalon dans lequel on peut remuer sans se sentir saucissonné. Mais encore fallait-il que ces vêtements aient du style, du sens, et qu’ils épousent la réalité de celles qui pratiquent le piano comme personne : les femmes cheffes.

C’est le pari relevé par Émilie Cristofari, cheffe cuisinière et désormais styliste culinaire à sa façon, avec sa marque “Oui Cheffe”, lancée pour habiller autrement et fièrement les femmes en cuisine. “Oui Cheffe est une marque de tenues de cuisine pour les femmes cheffes. Pensée par une cheffe, pour les cheffes.

Une vocation mijotée depuis l’enfance

Émilie, c’est d’abord une histoire de terroir et de transmission. Moitié basque, moitié corse, elle grandit entre deux régions où la table est un art sacré. Toute petite, elle scrute les mains de sa famille s’activer aux fourneaux. Il y a là une rigueur dans les gestes, mais aussi une tendresse, une générosité que seule la cuisine peut traduire. C’est là, entre huile d’olive et piments doux, qu’elle comprend que son langage sera culinaire.

Le reste coule comme un bon fond de veau : l’Institut Paul Bocuse, les cuisines d’Alain Passard et de Régis Marcon, les grandes brigades où l’on apprend autant à tailler les légumes qu’à faire sa place. Mais là, un détail la chiffonne : les vêtements. Trop larges. Trop neutres. Trop pensés pour des hommes. “Les vestes étaient presque hostiles. Pas un reflet de l’élégance ni de l’énergie féminine que je voulais incarner.

Lorsqu’elle ouvre le restaurant L’Esquirou à Capbreton, avec son compagnon Lucas Drancourt, Émilie décide qu’il est temps de changer la donne. Sa cuisine est précise, audacieuse, ancrée dans le végétal, dans l’émotion. Alors pourquoi ne pas concevoir un uniforme à cette image ?

Oui Cheffe, ce sont des coupes ajustées, des matières techniques, des couleurs franches, loin du blanc clinique habituel. Ce sont des vêtements pensés pour bouger, affronter la chaleur des fourneaux, s’adapter aux longues heures debout, tout en mettant en valeur celle qui les porte.

Du sur-mesure cousu main


Mais la forme n’efface pas le fond. La marque ne se contente pas d’être jolie : elle est aussi responsable. Les vêtements sont assemblés à Toulouse, dans l’atelier de Marie, couturière passionnée au geste sûr. Chaque pièce est façonnée avec le soin que l’on mettrait à préparer un plat signature. Chez Oui Cheffe, on ne parle pas seulement de mode : on parle d’affirmation, de légitimité, de place conquise. Ce n’est pas une ligne de vêtements, c’est une ligne de conduite.

Émilie ne cherche pas à créer une énième marque pour niche féminine. Elle veut participer à un mouvement plus vaste : rendre visible celles qui, pendant longtemps, ont été invisibilisées dans les grandes cuisines. Elle veut que les femmes soient cheffes… et que cela se voie. « Oui Cheffe » est une déclaration. Une manière de dire : je suis là, je dirige, j’innove, je crée. Et je le fais à ma manière, avec élégance et force.

De la brigade à la vitrine

Oui Cheffe rend visible les femmes
Oui Cheffe DR

Un uniforme n’est jamais neutre. Il dit quelque chose du statut, de la posture, de l’histoire qu’on raconte. En redonnant une voix vestimentaire aux femmes cheffes, Émilie s’attaque à un pan symbolique, souvent ignoré, de l’inégalité dans les cuisines.

Au fil des modèles, on retrouve ce mélange de précision et d’audace qui fait la marque de fabrique de la cheffe : des matières respirantes, des coupes cintrées mais pratiques, des détails pensés pour la vie en brigade. La veste croisée, le col revisité, les couleurs qui claquent comme un trait de sauce sur une assiette immaculée. “Nous avons imaginé des vêtements comme les cheffes : élégants, parce que leur talent mérite d’être vu. Audacieux, parce qu’elles cassent les codes. Confortables, parce qu’elles vivent leur art pendant 18 heures par jour.

Oui Cheffe a déjà conquis plusieurs professionnelles de la restauration, sensibles à cette alliance de style, de confort et d’éthique. Loin de la fast fashion, chaque pièce est durable, locale, consciente de son impact.

Des vêtements qui annoncent la couleur
Oui Cheffe DR

C’est aussi une manière de reconnecter la cuisine à d’autres savoir-faire : celui de la couture artisanale, de l’assemblage français, de l’attention portée à la qualité plutôt qu’à la quantité. Chaque vêtement est une œuvre. Un hommage au savoir-faire et à l’excellence.

Oui Cheffe, c’est finalement une main tendue à toutes les femmes qui tiennent leur place en cuisine, souvent dans l’ombre, parfois dans le doute, toujours avec passion. C’est une manière de leur dire qu’elles sont vues, célébrées, soutenues. “À toutes les femmes cheffes, nous disons : Oui Cheffe ! Oui à votre vision. Oui à votre audace. Oui à votre talent.


Dans un monde encore très masculin, Oui Cheffe dresse la table pour une nouvelle génération de cuisinières. Et cette fois, c’est elles qui tiennent la louche… et le dernier mot.

COUP DE POUCE

Avis aux brigades, aux cheffes de rang, aux maîtresses des fourneaux : il est temps de se mettre au goût du jour… vestimentairement parlant. Si vous en avez assez des vestes taillées à la serpe, des pantalons informes et des tenues qui ne racontent rien de votre art, alors laissez entrer Oui Cheffe dans votre garde-robe de service. Cette marque, mijotée par Émilie Cristofari dit que vous êtes là, dans votre brigade, à manier les casseroles et les responsabilités, à créer, à innover, à oser.

Les vêtements sont conçus pour tenir la cadence du service, pour affronter les vapeurs et les tensions, pour valoriser le geste sans entraver le mouvement. Dans chaque coupe, on lit l’exigence d’Émilie, formée chez Bocuse, passée par Passard et Marcon, et aujourd’hui cheffe à Capbreton.

Alors Émilie mérite vraiment un coup de pouce de notre part. Comment ? N'hésitez pas à partager cet article à vos proches, sur vos réseaux sociaux pour donner au talent de tous ceux qui porte sa ligne de vêtement l’écrin qu’ils méritent. Et pour celles qui hésitent encore à franchir le pas, rappelez-vous ceci : un bon plat commence par une bonne mise en place. Et parfois, la mise en place, c’est aussi soi-même.


Sébastien Soumagnas

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