Vous ne le savez peut-être pas mais le cuir, matière noble généralement associée aux marques et produits de luxe, est loin d'être écologiquement élaboré à cause des risques sanitaires induits par l’usage du chrome III dans les procédés de tannage. Et l'alternative existante du similicuir ne résout pas le problème puisque comme l'explique Rodolphe Mondin, co-fondateur de l'entreprise Mondin : « c'est un produit pétro-sourcé qui est intégré dans la composition de cette matière alors que le cuir est une peau tannée, c'est de la revalorisation, d'autant plus que les caractéristiques et propriétés de ces deux matériaux ne sont pas les mêmes . »
L'ADN végétal de Mondin
L'idée fut donc trouvée à l'occasion d'un stage effectué par Rodolphe dans un vignoble du sud de la France. Il constata que des montagnes de marc de raisin s'amoncelaient entre les caves et les vignes, destinées à être envoyées en distillerie ou tout simplement brûlées. La matière première qui remplacerait le cuir venait d'être trouvée.
Accessoirement végétarien depuis des années, produire un cuir composé à 73% de ressources végétales allait dans le même sens que ses convictions. Il en parle à son ami d'enfance Julien Houssiaux, qui suit le même parcours d'études et l'aventure commence...
La start-up a ainsi mis au point une matière souple, résistante et bio-sourcée, issue de déchets viticoles : le marc de raisin. Ce produit innovant répond à plusieurs besoins grandissants dans le secteur de la mode et du luxe, tels que la demande de matières écologiques et éthiques.
Cette matière est plus respectueuse de l'environnement qu'un cuir tanné au chrome, qu'un cuir tanné végétal, ou même qu'un similicuir pétro-sourcé. Elle est composée à 35% de marc de raisin et 65% de biopolymères, ce qui la rend bio-sourcée et durable. L'alternative au cuir que représente le marc de raisin est «un débouché à haute valeur ajoutée d'une biomasse abondante localement. »
COUP DE POUCE
Vous pouvez participer à cette synergie, plus particulièrement si vous êtes artisan ou artiste travaillant la matière. « Dans le cadre de notre activité, nous souhaiterions développer des synergies avec des artisans et créateurs du pays basque pour mettre en avant l'artisanat de la région. Nous sommes convaincus que notre matière pourrait être utilisée pour créer des produits uniques et de qualité, en valorisant le savoir-faire des artisans locaux. »
Mondin est accompagné par Christine Perguilhem de la CCI de Bayonne Pays Basque.
Revaloriser les déchets
La dimension environnementale est une volonté affirmée de Mondin afin de privilégier l'écosystème local. Ainsi, les acteurs locaux comme vignobles, laboratoires, mégissiers ou encore les artisans sont sollicités pour développer cette matière première.
Ayant déjà séduit des clients dans l'horlogerie ou encore des maroquiniers, la société Mondin envisage de développer un réseau de partenaires dans la maroquinerie. Après avoir levé l'an dernier la somme de 108 000 euros avec l'entrée au capital de Bernard Magrez, qui leur a mis le pied à l'étrier dans sa pépinière de start-up bordelaise, le domaine viticole Perrin en Côte du Rhône a ainsi rejoint l'aventure en permettant aussi la collecte de son marc de raisin.
Comme le précise Julien Houssiaux, « nous nous inscrivons dans un cercle vertueux de revalorisation de déchets avec une forte valeur ajoutée en France, afin de valoriser cette matière première noble et fortement liée à l'histoire de notre pays. Notre but est de nous développer sur le territoire basque, en proposant notre matière innovante aux artisans et marques de la région. »
Avec un chiffre d'affaire pour l'année 2022 de 50 000 euros, les deux compères visent pour 2023 visent le double, voire le triple. Mondin s'inscrit donc dans une démarche environnementale en réduisant les déchets des vignobles et en limitant l'empreinte carbone avec sa matière innovante.
AUTRE COUP DE POUCE
La société Mondin souhaiterait bénéficier d'une plus grande visibilité auprès du grand public, afin de faire connaître sa démarche et sa matière innovante et résolument écologique. Une belle histoire, menée par des passionnés qui méritent des coups de pouce de notre part.
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