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Gers : l’interview choc de Bernard Malabirade

Déclin de l’agriculture, covid, pénurie d’eau, PAC, surtransposition... le président de la Chambre d’Agriculture répond sans concession, dresse un tableau lucide et donne des solutions...
Bernard Malabirade, président de la Chambre d'Agriculture du Gers en train de parlerD.R.
Le Journal du Gers a rencontré Bernard Malabirade à la foire Gascogn’Agri le week-end dernier. Il fait partager ses colères et ses espoirs.

Voici un résumé de ses points sur 9 importants. La vidéo de l’interview est en ligne, en bas de cet article.

1. Covid et climat : 2020 sera une année noire

L’annulation des festivals comme « Jazz in Marciac » et bien d’autres ont fait chuter la fréquentation touristique et la consommation des produits gersois. Le climat a été désastreux : l’hiver a été trop doux et trop humide et le printemps difficile. Il a manqué de pluie entre juin et août.

2. Les rendements les plus bas du siècle

Le blé tout comme les cultures de printemps ont énormément souffert.

3. Dégrèvement total de l’impôt foncier

Le président Malabirade demande un dégrèvement total de l’impôt foncier pour les agriculteurs. Leur déficit de trésorerie est important. Il faut des prêts à taux zéro pour amortir les achats sur 4 à 5 ans avec une garantie de l’État.

4. Nous perdons la bataille face à l’Allemagne et face à l’Espagne

Nous sommes en train d’être dépassés au niveau agricole et agro-alimentaire. Ils sont mieux accompagnés que nous. Le Covid nous a fait prendre conscience du risque de dépendance et de pénurie alimentaire. L’autosuffisante est primordiale et une agriculture forte nécessaire. Nous avons aussi beaucoup de retard sur l’anticipation du réchauffement climatique. Ainsi seulement 1,7% de l’eau de pluie est stockée en France contre 17% en Espagne par exemple.

5. Avec l’expansion toulousaine, nous allons manquer d’eau

Le Canal de la Neste qui fournit la Gascogne alimente également le bassin Toulousain. Demain, il risque d’y avoir des choix à faire entre le Gers ou les Toulousains. Il faut anticiper ce problème et se poser les bonnes questions à temps.

6. Des normes idéologiques insupportables

On est un pays qui met des bâtons dans les roues. On veut être les héros de l’agriculture alternative, sans que personne ne soit comptable de la perte que cela engendre. Il faut voir que derrière chaque effort demandé on enregistre une perte d’autosuffisance alimentaire. On ne veut pas être des héros morts, qui économiquement n’existent plus. Certaines exigences sont uniquement idéologiques et n’apportent pas de plus-value. Il faut avoir un regard objectif et lucide sur les bénéfices-risques.

7. L'agriculture, c’est un secteur complexe

Il faut maîtriser aujourd’hui beaucoup d’expertises et de connaissance pour comprendre les enjeux du monde agricole. Il faut faire confiance aux agriculteurs. Quand vous avez 40 ou 50 hectares à cultiver malgré le climat et avec les aléas des marchés, cela mobilise des ressources et une expertise très importante. C’est à cela que sont formés nos agriculteurs.

8. La PAC est devenue une boulimie administrative

Les agriculteurs sont européens mais la PAC est devenue une boulimie administrative, qui n’est plus en lien avec la réalité de la nature et avec les exploitations. Il faut retrouver du bon sens paysan. Mais, la PAC est nécessaire pour conserver une harmonie sur le territoire européen.

9. L'Europe doit interdire la surtransposition en particulier de la France

Aujourd’hui il est dramatique de voir une telle concurrence entre pays européens. L’Europe ne doit pas tolérer qu’il y ait des règles différentes entre pays. Elle doit faire respecter à tous la réglementation européenne mais surtout refuser la surtransposition. C’est à dire que des Etats aillent plus loin avec des normes encore plus rigides, comme le fait la France.

Article réalisé avec le Journal du Gers et Alain Gravil

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