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    Feuilleton de l’étéEnfin le Tibet, jour 11

    Au-revoir Chengdu... on ne va pas chinoiser, quel bazar !
    Le bazar de Chengdu
    La tension montait sérieusement. Tibet, J-1 ! Pour dire au-revoir à la Chine, au guide Jack, et à Chengdu en particulier, également pour faire le plein de souvenirs, on les emmena et « lâcha en liberté non surveillée » pour trois heures au grand bazar de Chengdu.

    Le bazar de Chengdu Le bazar de Chengdu

    Ils s’attendaient à une négociation musclée (voir l’épisode du Marché de la Soie de Beijing), à un bazar type marocain, désordonné, limite sale, mais point du tout. Le bazar de Chengdu, c’était un peu comme replonger dans le Voyage de Chihiro, le célèbre film de Miyazaki.

    Un décor de film donc comme toile de fond, des bassins, des nénuphars, des autels bouddhistes (!!!), des terrasses ombragées, toujours les lanternes chinoises à l’oscillation si poétique, de la musique ici, des artisans là-bas, qui écrivant sur les éventails en calligraphie chinoise, qui fabriquant des bracelets, qui s’osant aux cigares chinois !

    Le bazar de Chengdu

    Et côté restauration, des boissons fumantes (azote ?), des têtes de lapin grillées ou des tentacules géants de poulpes… Des boutiques de partout, de thé bien entendu, avec des théières sublimes, de poivre (on est à Sichuan, souvenez-vous), d’or, et de pandas en peluche… Ou alors, des minuscules pochettes de soie, où déposer des souhaits, et que l’on suspendait ensuite à un arbre.

    La couleur des pochettes dépendait du souhait : santé, fortune, bonheur, amour, et autres bêtises… Mais c’était un peu comme l’horoscope, personne n’y croit mais tout le monde le lit… Ici, on blaguait, on jouait les blasés cartésiens, mais beaucoup achetèrent leur petite pochette…

    Le bazar de Chengdu

    On rit beaucoup en goûtant le poivre de Sichuan, noir ou rouge, que l’on croquait en bouche, qui disséminait ses parfums et… vous endormait toute la bouche. On parlait donc bizarrement, l’effet anesthésiant durait un moment, et la sensation leur arrachait de grands éclats de rire. Encore des ateliers d’auriculothérapie, installés à l’air libre et foule s’y pressant, pour se faire nettoyer les oreilles en vibrant.

    A une terrasse, une jeune femme posait pour les photographes. On apprit que c’était une célébrité chinoise, chanteuse de son état. Elle sembla apprécier que sa notoriété accède à l’Occident et donna son WeChat volontiers.

    Le bazar de Chengdu

    Les membres du groupe commencèrent à s’agiter autour de deux préoccupations. La première et finalement moindre était le départ, demain, vers le Tibet rêvé. Mais pour l’instant, l’inquiétude, c’était que les mallettes ne fermaient plus, croulant sous les souvenirs et autres pandas en peluches. Beaucoup durent se résoudre à faire l’acquisition d’une deuxième mallette. Elle, toujours plus exagérée en tout, commença à lorgner méchamment vers une… troisième mallette.

    Bon sang, elle pensait n’avoir acheté que des petits marque-pages légers et autres babioles insignifiantes. Comment en était-elle arrivée là ? Bah, après l’Everest, elle ferait le vide et laisserait ses pull-overs aux Tibétains, c’était de la compassion, non ? Et un très utile prétexte à ce qu’ils appelaient désormais le « shopping compassionnel » ! On s’en expliquait comme on pouvait : « tu comprends, on fait vivre l’artisanat local, et nous, on se fait plaisir, bien entendu que non, on n’en a pas besoin, mais il faut aider ces pauvres Chinois dont il est bien connu que ce sont de piètres exportateurs, pas vrai ? »

    Le bazar de Chengdu : vendeuse

    Il fut temps d’aller dîner une dernière fois dans la Chine chinoise à proprement parler. Et écouter les consignes, à prendre au sérieux.

    N’évoquez plus le Dalaï-Lama, dites DL pour parler de lui (Nda : Voldemort, donc, « celui dont on ne doit pas parler »), ne transportez pas de livres de bouddhisme (Nda : pas folle la guêpe, elle avait photographié tous ses textes bouddhistes, gnac gnac gnac), retirez vos cordons d’enseignement (Nda : des fils de coton accrochés aux poignets ou au bras, pour témoigner de tel ou tel enseignement reçu d’un grand maître.

    Elle rit en pensant à son cousin qui lui disait toujours : « cousine, je vais t’offrir un bracelet, ces bouts de fil autour des poignets, ça fait très pauvre, tu sais, tu me fais peine » alors qu’en fait, c’était un insigne honneur de les arborer.), si on vous demande si vous êtes bouddhistes, répondez que non !

    Le bazar de Chengdu : boutique

    La liste se déroula encore un grand moment. Pas de cris, pas d’exclamations fortes dès qu’on toucherait le sol tibétain, encore moins dans l’aéroport, profil bas. Le rêve avait un prix. La politique aussi. On les incita à ne pas juger trop vite. Vrai qu’au regard de l’histoire, les Tibétains n’avaient pas toujours été méga clairs. Leurs alliances mongoles, ou indiennes, et leurs désirs de conquête étaient un fait. Mais à vrai dire, aujourd’hui, ça se payait bien cher… On n’allait pas tarder à le découvrir.

    Le bazar de Chengdu : arbre à souhaits

    Demain, demain, le vieux rêve se ferait réalité. Elle se revit, à 15 ans, plongée dans le livre « Journal d’une parisienne à Lhassa » d’Alexandra David-Néel, rêvant chaque nuit du mystérieux Tibet, croyant que la situation politique l’empêcherait à tout jamais d’y entrer. Et voilà qu’elle était à 24 heures de réaliser son plus grand et vieux rêve. Finalement, son « karma » ne devait pas être si mauvais que ça… Elle eut, en son for intérieur, une pensée émue pour son père. Et comme elle en avait pris l’habitude désormais, lui parla intérieurement : « Allez papa, cette fois, on y va, je t’embarque avec moi, dans mon cœur, ce voyage-là, on le fera ensemble… »

     

    Anecdotes et petits plus :

    Le voyage de Chihiro : C’est le plus grand succès de l’histoire du cinéma japonais, avec 23 millions de spectateurs au Japon, et 274 millions de dollars de recettes dans le monde. Il est considéré par la critique internationale comme l’un des meilleurs films des années 2000. On se souvient qu’il remporta l’Oscar du meilleur film d’animation et l’Ours d’or du meilleur film en 2002.

    Diaporama 

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