Benoît Laborde est chef des travaux d’art du domaine du château de Pau depuis 1994. À 57 ans, il dirige une équipe de 12 jardiniers d’art, en charge des 23 hectares du parc.
D’où vous vient cette passion pour les fleurs et les jardins ?
Benoît Laborde (B.L) : À 8 ans déjà, je voulais devenir horticulteur. J’ai toujours aimé les plantes et les arbres. Je ne l’explique pas trop. Depuis tout jeune j’ai vu mon père et ma grand-mère paternelle prendre soin de leur jardin et de leur potager. J’ai dû choper le virus.
Comment devient-on jardinier d'art ?
B.L : Les jardiniers d’art font partie des 23 métiers d’art qui relèvent du ministère de la Culture. Les jardiniers d’art travaillent dans les jardins historiques des 12 domaines nationaux, comme Fontainebleau, Chambord ou Versailles.
Pour ma part, j’y suis arrivé un peu par hasard. J’ai travaillé en tant que saisonnier au château de Saint-Cloud après mon diplôme des métiers de l’horticulture passé à Tarbes. J’avais alors 17 ans et aucune expérience dans le fait de travailler dans des lieux d’exception. Ça m’a énormément plu et j’ai entendu parler du métier de jardinier d’art. Au fil du temps, j’ai passé tous les concours et suis devenu chef des travaux d’art.
Qu’elles sont les particularités de votre métier, par rapport à un jardinier de base ?
B.L : Il y en a beaucoup : nous sommes les garants d’un savoir-faire qui remonte au temps de Louis XIV et ses fameux « jardins à la française ». La transmission est une part très importante de notre travail. Et c’est passionnant. Quand on commence comme jardinier d’art, on doit oublier ce que notre diplôme nous a appris et ouvrir grand les yeux et les oreilles.
Il y a également une différence dans notre travail au quotidien. Le fait de tailler des buis à la cisaille et au cordeau par exemple ou de cultiver de manière traditionnelle nos plantes et notre terreau… Nous cultivons d’ailleurs une quinzaine de variétés de plantes anciennes, datant du 19e siècle.
Enfin, en travaillant dans des lieux d’exceptions, comme le parc des Tuileries, on ressent le devoir de perpétuer la tradition et de privilégier la qualité plutôt que la quantité. On se doit d’être à la hauteur de notre métier.
À travers votre métier, vous êtes aux premières loges du changement climatique…
B.L : C’est exact. Avec les sècheresses, les plantes et les arbres souffrent beaucoup. On trouve de petites astuces pour économiser l’eau, comme le paillage des massifs, mais on le subit plus qu’autre chose. On constate également la multiplication de prédateurs et champignons. C’est vraiment préoccupant, car plusieurs espèces sont directement concernées et n’existeront plus à la fin du siècle.
Avez-vous une fleur préférée ?
B.L : C’est difficile à dire, il y en a tellement. Ça peut paraître étrange, mais j’adore les chrysanthèmes. Ce sont de très belles fleurs qui poussent en hors saison. J’aime aussi beaucoup la sauge, qui peut avoir des tailles et des couleurs très différentes. En fait, j’aime tout dans la nature, les arbres, les plantes, les fleurs…
Voir le site internet du Château de Pau
Propos recueillis par Noémie Besnard
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