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Un projet à haute valeur environnementale et sociale à Pau

À l’abandon depuis 2017, la Ville a acquis les anciens bâtiments Labat sur la zone Indusnor pour créer un nouveau programme solidaire et innovant.
François Bayrou, maire de Pau devant les plans du chantier de rénovation de l'ancien bâtiment des Entreprises Labat, à Pau.
Situé avenue Léon Blum, cet ensemble immobilier de 7.560 m2 accueillait auparavant une imprimerie industrielle et une activité commerciale de vente et de réparation de matériels électroménagers.

À l’occasion de la visite du chantier en compagnie des maîtres-d’œuvres, le maire de Pau et président de la Communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées a pu revenir sur ce projet environnemental et social.

Celui-ci se divisera en deux espaces distincts. Avec d’abord, un pôle des mobilités solidaires et d’accompagnement social, avec l’installation de l’antenne paloise des Restos du Cœur, pour plusieurs activités : la distribution alimentaire, son vestiaire solidaire, ses ateliers d’informatique et d’alphabétisation.

La Cravate Solidaire va également s’y installer. Cette association accompagne les demandeurs d’emploi et les personnes en formation, en travaillant avec eux sur les postures pour les préparer à leurs entretiens professionnels et à leurs immersions dans le milieu professionnel. Elle met aussi à leur disposition des tenues adaptées pour le travail.

La troisième structure accueillie est Vivre Ma Ville. L’assopciation déménagera Mobil’Aide dans ce nouveau pôle, une activité qui consiste à mettre à disposition des demandeurs d’emploi, des moyens de locomotion : voiture, mobylette, vélo.

Ces trois associations vont profiter de cette future proximité pour renforcer leur collaboration, notamment : la gestion commune d’un bar associatif qui sera installé dans un espace partagé ; l’organisation d’activités communes ou spécifiques à chaque association ; ou encore le développement d’une recyclerie de vêtements entre la Cravate Solidaire et les Restos du Cœur…

La deuxième partie de ce projet sera dédié aux sièges locaux et/ou départementaux des syndicats : CFDT, CGT, FO, CFTC, UNSA, CFE-CGC, FSU. « Nous le faisons sans aucune obligation légale, c’est une démarche de notre collectivité », tient à souligner François Bayrou.

Un projet inédit et expérimental

La collectivité a fait le choix d’utiliser deux procédés à haute valeur environnementale. La géothermie de minime importance (GMI), tout d’abord, qui consiste à réaliser des forages pour installer des tubes d’eau. En circulant dans la terre, l’eau va prendre la chaleur du sous-sol en hiver et sa fraîcheur en été. Le projet prévoit l’installation de 10 sondes sèches à 150 mètres de profondeur, qui permettront la récupération de la chaleur du sol en hiver et de sa fraîcheur en été.

Le fluide circule ensuite dans des pompes à chaleur (PAC) qui permettent de potentialiser la chaleur, ou la fraîcheur, récupérées. Cette source d’énergie permet ainsi de très faibles consommations énergétiques et une empreinte carbone très basse.

1 kWh électrique consommé pour faire fonctionner la pompe à chaleur permet de générer 5 kWh de chaleur, dont 4 d’origine renouvelable (chaleur extraite du sous-sol). S’agissant du poids carbone, on considère que les installations de géothermie de surface rejettent, en moyenne, moins de 45 g équivalent de CO2 par kWh de chauffage (émissions associées à la consommation électrique de la pompe à chaleur (Source : ADEME, 2016). « C’est environ quatre fois moins que les installations classiques utilisant l’électricité et six fois moins que celles consommant du gaz naturel. Pour le chauffage, cela représente une économie d’énergie de 80 % et pour le rafraîchissement, c’est près de 100% », relève François Bayrou.

Pour l’intérieur des bâtiments, la priorité sera donnée au geocooling (un plancher rafraîchissant et ventilo-convecteur). Ainsi, l’eau sera envoyée dans les émetteurs pour rafraîchir l’air ambiant, sans même passer par les pompes à chaleur. Ce système consomme seulement l’énergie d’une pompe, ce qui est mineur par rapport à une climatisation classique. Cela permet d’éviter le cercle vicieux des climatisations traditionnelles qui rafraîchissent les bâtiments en consommant beaucoup d’énergie, participant ainsi au dérèglement climatique, et en réchauffant l’air extérieur, participant ainsi à l’effet d’îlot de chaleur urbain.

Enfin, la Ville de Pau va réaliser une expérimentation inédite : un revêtement végétal sans terre (appelée chaussée végétale) pour le parking végétalisé de 83 places. L’objectif de ce procédé est de développer des îlots de fraîcheur et de réguler les eaux pluviales urbaines. La chaussée végétale permet de rendre tout à la fois durables, perméables et vivants les sols des places de stationnement, entre autres utilisations.

Le processus est peu connu localement. Le principe est pourtant simple : on mélange un complexe de champignons mycorhiziens et de bactéries qui apportent une vie au sol et une structure porteuse classique, identique à celle d’un enrobé. On plante ensuite un semis avec un mélange de 17 variétés différentes adaptées aux conditions extrêmes et aux milieux très limités. Seules six ou sept variétés, particulièrement adaptées aux conditions du site, s’installeront. 

En plus d’apporter davantage de nature en milieu urbain, ces types de revêtements spécifiques favorisent la gestion alternative des eaux pluviales. Il permet un rafraîchissement de l'air par évaporation des eaux du sol (et donc participe à la création de nouveaux îlots de fraîcheur) et répond aux nouvelles obligations réglementaires.

Débutés en juillet dernier, les travaux se termineront à l’été 2024, avec une livraison du bâtiment des syndicats fin avril. « La géothermie de surface a eu une très bonne note de la part du Commissariat au Plan. Ce procédé peut être déployé dans 96 % du territoire, en fonction de la conductibilité du sol, nous l’envisageons d’ailleurs pour le futur quartier Rives des Gaves ou pour la rénovation des ateliers municipaux », note l’édile palois. 

Noémie Besnard

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