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DÉCRYPTAGEUn chèque énergie distribué à 12 millions de ménages. Et moi, et moi et moi !

Depuis lundi dernier, le gouvernement a commencé à verser un chèque énergie « exceptionnel », d’un montant allant de 100 à 200 euros, dans le but de soutenir le budget des ménages les plus modestes, face à la hausse des prix de l’énergie.
Ce sont 12 millions de nos compatriotes, qualifiés de « modestes », qui devraient le recevoir dans les sept semaines à venir.

Par modestes, il faut comprendre que votre revenu fiscal de référence par unité de consommation ne doit en aucun cas excéder 17 400 euros. Et s’il est inférieur à 10 800 euros, c’est Byzance, vous serez crédité de 200 euros. Et désolé, s’il est compris entre 10 800 et 17 400 euros, vous ne percevrez que 100 euros. Mais ne commencez pas à râler pour autant, car cette aide dite exceptionnelle vient en fait s’ajouter au « chèque énergie traditionnel » que reçoivent 6 millions d’entre nous, et au « chèque énergie fioul » distribué début novembre. Ce qui n’est pas un luxe, compte tenu que le gaz en un an a pris +59 %, et que l’électricité est en hausse ininterrompue depuis le début de l’année : +3,62 % depuis janvier, sans doute 10 % sur 2022, soit environ 150 euros de plus sur nos factures. Pour le fioul, la hausse globale se situe à +55 % (ainsi, pour 1 000 litres, le coût était en octobre 2021 de 668 euros : il s’élève pile poil un an plus tard à 1 034 euros)…


Le gouvernement n’avait donc que deux choix possibles : soit réduire en amont le coût des matières premières, gaz, électricité, fioul, ce qu’il ne sait pas faire, ou dont il ne maîtrise pas le processus. Soit taper dans son trésor de guerre, en redistribuant avec parcimonie une infime partie de ce que nous payons à longueur de temps en impôts et taxes diverses. Soyons justes, il a également limité pour l’an prochain la hausse des tarifs d’électricité et du gaz à 15 %, en faisant remarquer que sans son intervention et celle du bouclier tarifaire, l’augmentation aurait pu s’élever à 120 %. Dont acte, d’autant que sont également annoncés un chèque fioul de 100 à 200 euros, et une aide de 50 à 200 euros pour ceux qui se chauffent au bois. Pour le prouver, amusez-vous bien, ou alors envoyez une photo de votre cheminée fumante, et on vous souhaite bien du plaisir pour convaincre les limiers de Bercy.


Ces mesures sont d’autant plus nécessaires que, selon les chiffres du baromètre annuel du Médiateur de l’énergie, 79 % des sondés déclarent que les factures d’énergie représentent « une part importante » de leur budget. Qu’1 Français sur 5 déclare avoir souffert du froid dans son propre logement en 2021, et ce pendant au minimum 24 heures. D’ailleurs, 62 % ont restreint le chauffage chez eux, afin de faire baisser la facture. Quant aux jeunes, la moitié des 18 – 34 ans ont du mal à payer leurs factures énergétiques.


Pour vous aider à vous dépatouiller dans cette flopée de mesures, l’exécutif dans sa grande mansuétude a mis à votre disposition un portail de demande en ligne (Chèque énergie exceptionnel - Opération fioul - Éligibilité (asp-public.fr), dénommé « Opération fioul », avec attestation sur l’honneur, revenu fiscal de référence, taille du foyer et tout le bataclan.


En attendant, on s’apprête à battre des records de froid. Double tricot de laine de rigueur, thermostat réglé sur 19, et gazole grimpant à 1,82 euros sur des routes farcies de radars, histoire de récupérer des sous sous. Bienvenue dans le monde de demain.


Dominique Padovani

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