Dans le paysage souvent austère et rigoureux des établissements de soin, la nécessité d'un temps d'évasion est vitale.
Depuis sa fondation à Pau en 2011, l'association Les Petits Mouchoirs s'est engagée dans une mission profondément humaine et artistique au cœur du Béarn : apporter de la joie, de l'émotion et du réconfort aux personnes les plus vulnérables.
Son champ d'action principal est le développement du clown d'accompagnement en milieux de soins et à domicile, une démarche qui utilise la force et la poésie de l'art clownesque comme véritable outil de soin et de lien social.
Ancrée en Béarn, elle incarne cette bouffée d'air frais, transformant les corridors des hôpitaux et les salles communes des EHPAD en scènes d'improvisation poétique.
Gaëlle Lecuyer détaille son engagement auprès des plus vulnérables et les projets de son association.
Présentez-nous l’association Les Petits Mouchoirs ?
Gaëlle Lecuyer - Cette compagnie est née du désir profond d'apporter le clown auprès des personnes les plus vulnérables. J’ai toujours aimé la comédie et si je n’en avais pas fait mon métier, j’aurais voulu devenir infirmière. Cette association réunit donc ces deux univers. Nous sommes affiliés à la Fédération française des associations de clown hospitalier (LA FFACH). Nous sommes six clowns professionnels, des intermittents du spectacle, et nous intervenons toujours en duo.
En quoi consistent vos actions ?
G.L.- Les établissements de soins sont des univers très impressionnants. Nous allons à la rencontre des résidents, dans les chambres ou les pièces de vie et nouons avec chaque personne des rencontres singulières, adaptées à leur pathologie ou à leur état et toujours au moment présent. Notre but est d’apporter de la légèreté, des énergies positives, de la vie, du rire et de la joie à travers des situations burlesques que l’on improvise. L’objectif principal de l’association est d’offrir des moments de réconfort là où la vulnérabilité est maximale. Le clown s’inscrit dans l’art du présent, on dit souvent que l’on admire un acrobate, mais qu’un clown, on l’aime, car il représente les failles humaines. C’est aussi la figure de l’échec, qui est totalement inadapté à son environnement.
Vous venez de lancer une campagne de don. Pouvez-vous nous détailler cette initiative ?
G.L.- Il n’existe aucun dispositif de ce genre dans les Pyrénées-Atlantiques. L’équipe de soignant en pédiatrie générale du Centre hospitalier de Pau s’est rapprochée de nous pour mener à bien cette initiative en juillet 2024. Selon une étude récente, un enfant sur deux sera hospitalisé avant ses 15 ans. C’est souvent un lieu d'angoisse et de stress pour les enfants et leurs familles. Ils se retrouvent démunis et confrontés à quelque chose qu'ils ne peuvent pas contrôler, à savoir la maladie, la douleur, la souffrance et la peur. En milieu pédiatrique, l'intervention du clown vise à atténuer l'anxiété liée aux procédures médicales et à maintenir une connexion ludique avec l'enfance malgré l'hospitalisation. Nous voulons débuter ce nouveau projet dès janvier 2026. Pour cela, il nous manque encore 10.000 euros (sur un budget total de 35.000 euros). Chaque don compte !
Quels sont les autres publics concernés par vos interventions ?
G.L.- Nous avons des conventions annuelles avec six structures hospitalières et médico-sociales en Béarn, dans lesquelles nous intervenons une à deux fois par mois. L’association intervient également auprès de personnes en situation de handicap. Comme c’est le cas à l’ADAPEI de Rontignon. Depuis 2022, nous portons un projet expérimental en partenariat avec le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) de Pau pour les seniors et les personnes isolées à leur domicile, avec un cycle de rencontres de six semaines. À chaque cycle, quatre patients qui bénéficient de six visites durant six semaines consécutives à jour et heure fixe. C'est le rendez-vous des clowns, ces personnes savent donc quand, et à quelle heure le duo de clowns viendra chez eux. Enfin, nos clowns professionnels travaillent avec le service de soins palliatifs de l’hôpital d’Orthez depuis 2024. L’objectif est d’apporter de la douceur et de la joie dans un contexte difficile pour les malades, mais aussi pour leurs familles.
La comédie peut être un exercice d'équilibriste dans ces établissements. Comment préparez-vous vos visites ?
G.L.- Évidemment, nous nous adaptons au public que nous rencontrons. L'intégration dans l'univers hospitalier nécessite plus que du talent : elle exige une formation continue spécialisée. Notre équipe est formée tout au long de l'année afin de constamment adapter sa pratique aux spécificités du milieu de soin. Ce cycle de formation garantit que les artistes maîtrisent non seulement leur art, mais aussi l'éthique, les pathologies, la sécurité, et les dynamiques psychologiques inhérentes aux environnements médicalisés. Par ailleurs, les artistes clowns en milieu de soin de l’association suivent un protocole très précis : nous avons un code de déontologie, nous sommes soumis au secret médical, nous suivons une supervision par mois en équipe avec un psychologue, nous réalisons des transmissions avant et après chaque intervention avec le personnel soignant… Chaque programme se construit en étroite collaboration avec les professionnels de l’institution. La régularité et la fréquence permettent au résident et/ou au malade ainsi que leurs proches d’installer un rendez-vous attendu, de vivre une histoire et de tisser une relation.
Au-delà de cette campagne de dons, avez-vous besoin d’autres coups de pouce ?
G.L.- Notre association compte une quarantaine d’adhérents, dont huit bénévoles qui nous aident dans l’organisation et l’animation d’événements. Nous avons toujours besoin d’un coup de main. Toutes les bonnes volontés sont bienvenues, que ce soit pour la partie administrative, le maquillage, la comptabilité, tenir une buvette ou un stand d’information… Nous recherchons également des mécènes et partenaires pour soutenir nos actions et développer de nouveaux projets qui ont du sens. En adhérant ou en faisant un don, le public a la possibilité d'offrir des moments de rire et de réconfort.
Propos recueillis par Noémie Besnard



Cie Les Petits Mouchoirs

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